La consommation de viande rouge non transformée n’est pas un risque pour la santé (TRADUCTION)

A l’occasion des Journées scientifiques du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires 2021, le Conseil scientifique de l’Organisation mondiale des agriculteurs (World Farmers’ Organisation) a annoncé le lancement officiel d’un document de synthèse intitulé « La consommation de viande rouge non transformée n’est pas un risque pour la santé ». 

 Une synthèse de cinq études scientifiques importantes, récentes et de grande envergure sur les risques et les bénéfices pour la santé de la consommation de viande rouge indique qu’il n’existe pas de preuves scientifiques convaincantes pour étayer les affirmations sur les effets délétères de la consommation de viande rouge non transformée. Les données penchent même très légèrement en faveur d’une association entre la consommation de viande rouge et des effets protecteurs pour la santé. En outre, chacune des associations statistiques concernant des consommations jusqu’à 100 g de viande rouge/pers./j est si faible qu’elle doit être considérée comme neutre. Et il est à noter que moins de 1 % de la population mondiale consomme plus de 85 g de viande rouge/pers./j. Les cinq sources examinées donnent lieu aux six observations suivantes.

Un risque pour la santé remis en question par les études scientifiques

  1. L’étude épidémiologique la plus vaste et la plus représentative au monde, avec une cohorte de 134 297 individus enrôlés dans 21 pays à revenus faible, moyen et élevé, suivis pendant 9,5 ans, menée par le consortium mondial PURE (Iqbal et al., 2021), conclut que ni la mortalité ni les risques de maladies cardiovasculaires n’étaient associés à une consommation de viande rouge non transformée jusqu’à 100 g/pers/j (voir article « Pas de lien entre viande non transformée et mortalité/maladies cardiovasculaires selon une large étude prospective internationale »).
  2. Quatre revues systématiques analysant 122 études et une recommandation alimentaire élaborée par un groupe d’experts indépendants, NutriRECS (Johnston et al., 2019) concluent qu’il y a peu ou pas de risques pour la santé associés à la consommation de viande rouge, avec la certitude que tout risque potentiel pour la santé serait faible à très faible (voir article « Consommation de viande rouge et/ou transformée : des experts apportent un éclairage à contre-courant »).
  3. L’étude Global Burden of Disease Study publiée en novembre 2018 (GBD 2017) a montré que la consommation de viande rouge constitue un risque alimentaire négligeable pour la santé, si tant est que ce risque existe puisqu’elle s’avère 100 fois moins dangereuse pour la santé qu’un régime pauvre en fruits et serait à l’origine de moins de 0,1 % de tous les décès attribuables à l’alimentation, même dans des hypothèses extrêmes (voir article « Alimentation et risque pour la santé : les insuffisances en certains aliments globalement plus délétères que les excès »).
  4. L’étude Global Burden of Disease Study publiée en octobre 2020 (GBD 2019), contrastant fortement avec la précédente, a indiqué que la consommation de viande rouge apparaissait comme un risque alimentaire important pour la santé, affirmant causer l’équivalent de 896 000 décès/an dans la population mondiale, ce qui représenterait une multiplication par 36 des estimations de la GBD 2017. La différence spectaculaire entre les études GBD 2017 et 2019 a été obtenue par une transformation inexplicable des données de base dans les preuves statistiques utilisées. Sans fournir de données pertinentes, l’étude suppose un niveau d’exposition au risque minimum théorique de la consommation de viande rouge de zéro. En d’autres termes, la première bouchée de viande rouge serait déjà « toxique ». Cette étude de 2019, prétendant démontrer l’effet néfaste sur la santé de la consommation de viande rouge, manque de transparence quant à ses méthodes et va à l’encontre des évidences scientifiques largement acceptées et établies.
  5. Les études du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’OMS, publiées en novembre 2015 et 2018, ont conclu que la consommation de viande rouge a des effets néfastes sur la santé en raison de sa cause probable de cancer colorectal. Cependant, cette classification largement citée de 2015, selon laquelle la viande rouge est un agent cancérigène de classe 2a, identifie des  » dangers  » plutôt que des  » risques « , étant donné que ces derniers auraient nécessité une évaluation robuste et une contextualisation prenant en compte l’ensemble des modèles alimentaires et des modes de vie. Plus inquiétant encore, cette conclusion n’était pas étayée par les preuves scientifiques finalement publiées en 2018. La preuve de la classification de la viande rouge comme agent cancérigène en 2015 semblait ainsi reposer sur une seule publication scientifique de 2011 rédigée par l’un des membres du comité du CIRC. Une publication donc entachée d’un conflit d’intérêts non divulgué et souffrant en outre de plusieurs lacunes méthodologiques violant les normes scientifiques en vigueur (voir articles « Viandes rouges, viandes transformées et cancer : monographie du CIRC» (2016) ; « Le CIRC publie sa monographie sur les viandes rouges et transformées » (2018) ; et « L’OMS et le CIRC rééditent leurs recommandations pour prévenir les cancers » (2020)).
  6. Chacune des neuf autres publications scientifiques de premier plan mises en avant dans cette synthèse affirme qu’une association entre la viande rouge et la mortalité ne peut être établie.
  7. Des bénéfices nutritionnels non négligeablesEn conclusion, les gouvernements nationaux et les organisations supranationales, telles que l’Union Européenne et les Nations unies, ainsi que les associations internationales professionnelles et de consommateurs, auraient tort de supposer qu’il existe un consensus scientifique justifiant des politiques visant à réduire la consommation de viande rouge non transformée dans la population générale pour des raisons de santé.La viande rouge présente de nombreux avantages nutritionnels largement reconnus, qui ne sont pas spécifiquement abordés dans ce document de synthèse mais qui sont largement exposés par ailleurs. Par exemple, un récent rapport des Nations unies sur la nutrition résume la manière dont des groupes de population particulièrement vulnérables, tels que les bébés in utero, les nourrissons, les enfants de tous âges, les femmes en âge de procréer, les malades et les personnes âgées, dépendent de manière critique des aliments dérivés de l’élevage pour leur alimentation (voir article « Produits d’élevage : un élément clé contre la sous-nutrition dans le monde »). Étant donné qu’il n’y a aucun risque pour la santé en général, la consommation de viande rouge non transformée à des niveaux de consommation raisonnables devrait donc être encouragée pour tous les groupes de population, non seulement en tant que source importante et facilement biodisponible de protéines, de micronutriments essentiels et de substances bioactives essentielles, mais aussi en tant que partie intégrante d’un régime alimentaire global équilibré combinant différents groupes d’aliments.

    Source : World Farmers’ Organisation

     

 

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