Estimation des habitudes alimentaires globales : comparaison des données FAO aux données individuelles de la Global Dietary Database

Contexte : Disposer des données précises sur les habitudes et consommations alimentaires est cruciale pour comprendre leurs impacts sur les maladies et guider les politiques de santé. A ce jour, les bilans alimentaires de la FAO fournissent les seules estimations disponibles des apports alimentaires au niveau international et global. Toutefois, il est difficile d’obtenir et comparer des données au niveau global, ce pourquoi ce type d’estimations présente des limites dont il faut être conscient. Ces données sont calculées à partir de la production nationale, des exports et imports, de l’usage non-humain des productions alimentaires, des déchets, de la distribution et des transformations mais elles ne prennent pas en compte le gaspillage à la maison, les repas hors foyer, la production personnelle, les déchets produits lors de la préparation culinaire, etc.

Objectif : Les auteurs de cette étude ont comparé les estimations de la FAO aux données de 325 enquêtes alimentaires individuelles nationales de plusieurs pays (245), rassemblées dans la Global Dietary Database (1980-2010). Ils ont ensuite développé des équations de calibration pour améliorer les estimations de la FAO.

Méthodologie : Les estimations de la FAO ont été comparées aux données de GDD de 113 pays en suivant 9 catégories d’aliments représentatifs sur 30 années de données : fruits, légumes, haricots et légumineuses, noix et graines, céréales complètes, viandes rouges et produits dérivés, poissons et produits de la mer, lait et énergie totale. Les différences absolues et de pourcentage entre les estimations de la FAO et les données de la GDD ont été évaluées. Une régression linéaire était utilisée pour évaluer si les estimations de la FAO prédisaient les apports alimentaires issus de la GDD et si cette prédiction variait selon l’âge, le sexe, le pays et le temps. Les équations de calibration étaient développées pour ajuster les estimations de la FAO sur les enquêtes nationales.

Résultats : Pour la plupart des groupes alimentaires, les estimations de la FAO surestimaient considérablement les apports alimentaires individuels. Le degré de surestimation allait de 74 % (légumes) à 270 % (céréales complètes), tandis que celui de la sous-estimation allait de -50 % (haricots et légumineuses) à -29 % (noix et graines). La surestimation était de 120 % pour la catégorie des viandes rouges et produits dérivés. Dans les régressions multivariées, ces surestimations et sous-estimations pour chaque facteur alimentaire variaient selon l’âge, le sexe, le pays et la date du recueil des données (p<0.001 pour chaque). Les modèles de calibration permettaient d’ajuster ces estimations aux données des enquêtes nationales avec une petite valeur prédiction (en général 1-5g/jour) pour l’ensemble des données mais l’intercorrélation était plus faible pour les céréales complètes et les viandes rouges et produits dérivés.

Conclusion : Selon ces travaux, les estimations de la FAO dépassent ou sous-estiment considérablement les données des enquêtes individuelles nationales pour tous les groupes alimentaires ainsi que pour l’énergie totale avec une variation significative selon l’âge, le sexe, le pays et la date du recueil des données. Les modèles de calibration développés ajustent les données de la FAO pour permettre une meilleure estimation des données individuelles selon le pays, l’âge et le sexe.

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