L’analyse du PNNS 4 par la Société française de santé publique
Le Premier ministre a récemment annoncé la mise en place d’un Programme national de l’alimentation et de la nutrition, qui intègre l’ensemble des actions prévues dans le Programme National Nutrition Santé (PNNS 4) et le Programme National pour l’Alimentation (PNA 3). Dans ce cadre, la Direction générale de la santé a sollicité la Société Française de Santé Publique (SFSP) afin de recueillir son avis et ses suggestions sur le projet de PNNS 4, dont le lancement est prévu avant la fin du second trimestre 2019.
La Direction générale de la santé a sollicité la Société Française de Santé Publique afin de recueillir son avis et ses suggestions sur le projet de PNNS. La Société Française de Santé Publique, eut égard à l’importance qu’elle accorde à la nutrition en tant que déterminant de la santé, a tenu à répondre à la demande de la Direction générale de la santé. Cependant, le délai de consultation et de réponse accordé étant très court, il n’a pas été possible de mener à bien un travail aussi approfondi qu’au cours des dernières années.
La Société Française de Santé Publique salue la poursuite du PNNS sous la forme d’une quatrième version. Cependant, à la lecture du présent projet, la Société Française de Santé Publique estime pouvoir reprendre, dans leurs grands axes, l’essentiel des termes de l’analyse qu’elle avait formulée en 2016 sur les limites que comportait le précédent projet, à savoir :
- Une prise en compte insuffisante des inégalités sociales de santé (ISS) ;
- Une prise en compte dominante des problématiques alimentaires au détriment de celles portant sur l’activité physique ;
- Un manque d’intégration à la fois entre les deux axes alimentation et activité physique, mais aussi entre les niveaux international, national et local, de même qu’entre les différents champs de compétences intéressés (agriculture, éducation nationale, jeunesse, sports et cohésion sociale, aménagement du territoire, industrie, etc.) ;
- Des mesures majoritairement incitatives au niveau global et national et peu de mesures réglementaires, pourtant de plus en plus souvent recommandées, dans l’expertise collective INSERM comme dans la déclaration adoptée récemment à Vienne par l’association européenne de santé publique. Ces mesures réglementaires visent notamment à alléger les pressions du marketing, ainsi qu’à faciliter la compréhension par les consommateurs des informations sur les produits, leur permettant ainsi de faciliter un choix ;
- Des approches essentiellement individuelles s’adressant à un « consommateur éclairé » virtuel, alors que les données probantes invitent à favoriser les approches collectives plus fortement axées sur les déterminants qui façonnent
son environnement.
En outre, la Société Française de Santé Publique souhaite mettre l’accent sur les préoccupations suivantes :
- Une gouvernance ancrée dans l’intersectorialité, qui reste cependant floue (« Comité permanent restreint » , « Comité de pilotage », « Comité de suivi ») ;
- Une absence de référence aux Objectifs de développement durable (SDGs) ;
- Une vision limitée de l’approche territoriale et de la participation des acteurs ;
- Une approche peu opérationnelle des objectifs définis par le Haut Conseil de la Santé publique dans son avis de 2018.
Source : Société Française de Santé Publique.
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