Rapport du GIEC : Des solutions existent (Article de synthèse)

Le dernier volet du 6e Rapport d’évaluation du GIEC est paru lundi 4 avril. Après deux premiers volets consacrés à l’état des lieux et aux impacts, ce troisième opus s’intéresse aux solutions. Que retenir de ses 2 913 pages ?! À moins de mesures immédiates et profondes, limiter le réchauffement à + 1,5°C est hors de portée. Néanmoins, des solutions permettant de rester sous le seuil des +2°C existent dans tous les secteurs. A une condition : agir vite… très vite…

 Le changement climatique est plus rapide que prévu et les effets sont plus graves qu’attendu : les conclusions des deux premiers volets du 6e Rapport d’évaluation du GIEC, parus en août 2021 (voir article « Le 6e rapport du GIEC sonne l’alarme : des conséquences désormais irréversibles ») et février 2022 (voir article « Le GIEC lance un avertissement très sérieux sur les conséquences de l’inaction »), sont sans appel. Dans le troisième et dernier volet, rendu public début avril, les experts du GIEC font le point sur les solutions. « Il existe, dans chaque secteur, des solutions permettant de réduire de moitié, au moins, les émissions d’ici 2030 », soulignent-ils. Fruit du travail de 278 experts issus de 65 pays, sur la base de plus de 18 000 études scientifiques, le rapport présente, par grands secteurs, les pistes les plus prometteuses.

L’agriculture, un secteur crucial

Le secteur de l’agriculture et des forêts est crucial, soulignent les experts, car il peut participer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de plusieurs manières : en réduisant ses propres émissions ; en augmentant ses capacités de stockage ; mais aussi en fournissant des matières premières alternatives pour les autres secteurs (énergie, industrie, bâtiment). Dans le chapitre dédié à ce secteur (rapport de 186 pages, en anglais), les experts recensent les solutions les plus prometteuses, qui reposent notamment sur une gestion durable des cultures et des élevages.

Le potentiel de réduction (estimé sur la base des solutions qui coûteraient maximum 100 $ par tonne de CO2 évitée, considéré comme le prix que la société est prête à payer) serait de 7,3 Gt éq CO2 par an (3,9-13,1) pour les forêts et autres écosystèmes, et de 4,1 Gt éq CO2 par an (1,7-6,7) pour l’agriculture. « Les technologies émergentes pour réduire les émissions de CH4, telles que les vaccins et les inhibiteurs, pourraient durablement accroître à l’avenir le potentiel d’atténuation du secteur agricole », indiquent les experts. Les évolutions de la demande (réduction du gaspillage, changement de régimes alimentaires…) pourraient contribuer quant à elles à hauteur de 2,2 Gt éq CO2 par an (1,1-3,6).

Des solutions existent !

« Nous ne sommes pas sur la bonne voie pour limiter le réchauffement à + 1,5°C, alertent les experts. Mais il y a de plus en plus de preuves de l’action climatique. » Ces derniers rapportent notamment que « certains pays ont réussi à réduire leurs émissions à un niveau compatible avec un réchauffement limité à + 2°C » ou encore que « des objectifs zéro émission ont été adoptés par plus de 800 villes et 100 régions ». Dans certains cas, les coûts des énergies renouvelables sont tombés en dessous de ceux des combustibles fossiles (photovoltaïque, éolien offshore, voiture électrique). Les solutions existent. Cependant, les investissements sont encore « trois à six fois inférieurs aux niveaux nécessaires d’ici 2030 pour limiter le réchauffement à moins de 1,5°C ou 2°C », alors même qu’« il y a suffisamment de capitaux et de liquidités mondiales pour combler les déficits d’investissement ».

« Il existe des politiques, des réglementations et des instruments de marché qui s’avèrent efficaces. Si ceux-ci sont étendus et appliqués plus largement et équitablement, ils peuvent soutenir des réductions importantes des émissions et stimuler l’innovation », a déclaré le Président du GIEC, Hoesung Lee.

L’inaction, plus coûteuse que l’action

Autre argument de poids en faveur de l’action : ne rien faire coûterait, à terme, plus cher que d’investir dans une action immédiate. Les experts montrent en effet que les avantages des scénarios permettant de rester sous la barre des + 2 °C dépassent les coûts des mesures à entreprendre. « C’est une conclusion extrêmement robuste. La réduction de nos émissions est un investissement qui, à long terme, vaut le coup », déclare Céline Guivarch, directrice de recherche au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired), dans un entretien à France info.

Alors, maintenant, place à l’action. Comme l’a résumé Jim Skea, co-président du groupe 3 du Giec : « Nous savons quoi faire, nous savons comment le faire ; maintenant, il faut se décider à le faire. »

 

Pour en savoir plus :

Rapport du Giec d’avril 2022 : quelles solutions face au réchauffement climatique ?www.vie-publique.fr

Rapport du Giec sur l’atténuation du changement climatique : éléments pour une action climatique renforcée – IDDRI

Climat : c’est « maintenant ou jamais » qu’il faut limiter le réchauffement à 1,5 degré, selon le GIEC – ONU

 Source : Site du GIEC

 

Télécharger la présentation faite lors de la conférence de presse du 4 avril (en anglais)

Télécharger le 3e volet du rapport du GIEC (Climate change 2022 – Mitigation of climate change, en anglais)

 

 

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