Le 6e rapport du GIEC sonne l’alarme : des conséquences désormais irréversibles (Article de synthèse)

Atteindre la neutralité carbone (zéro émissions nettes de CO2) au plus tard en 2050 est le seul moyen de stabiliser le réchauffement climatique sous les 2°C pour en limiter au maximum les effets délétères et irréversibles. Toutefois, le 1er volet du dernier rapport du GIEC brosse un panorama alarmant de l’évolution du climat mondial – décliné pour la première fois pour toutes les régions du monde – et engage à des actions rapides. L’agriculture subira en premier lieu des aléas climatiques de plus en plus fréquents et violents et doit dès aujourd’hui anticiper pour s’adapter. Le rapport souligne aussi la nécessité de limiter les émissions de méthane – notamment agricole – au niveau mondial. 

Elévation du niveau des eaux, pluies plus intenses, augmentation des épisodes de sécheresse et vagues de chaleur, diminution des saisons froides, et réduction de la disponibilité en eau sont autant de conséquences désormais inéluctables de l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre. Telles sont les conclusions du 6e rapport du GIEC paru à l’été 2021.

L’agriculture en première ligne des impacts comme des solutions

A la publication du rapport, le ministère de l’Agriculture n’a pas manqué de souligner les effets critiques de ces changements pour l’agriculture (voir infographie publiée sur Twitter) et la nécessité d’une adaptation rapide des systèmes agricoles. Le ministre de l’Agriculture et plusieurs organisations agricoles ont aussi tenu à rappeler que l’agriculture peut être une part importante de la solution au réchauffement climatique. Certaines pratiques agricoles peuvent en effet capter du carbone : par exemple, par la généralisation de la couverture des sols, la gestion des résidus, le maintien des prairies et l’allongement des prairies temporaires, la limitation du labour, la plantation d’arbres et de haies… Le GIEC souligne que la capacité de stockage de carbone dans les sols comme dans les océans risque néanmoins de se réduire sous l’effet même du changement climatique.

Limiter les émissions de méthane

Si les émissions de CO2 sont incontestablement le principal moteur du changement climatique, les gaz à « durée de vie courte mais fort pouvoir réchauffant » (Short-lived Climate Forcers) sont également cités dans le rapport. Ainsi, le méthane (CH4), dont les émissions proviennent à 60 % de l’agriculture et sont croissantes à l’échelle mondiale, persiste beaucoup moins longtemps dans l’atmosphère que le CO2 mais possède un pouvoir réchauffant 28 fois supérieur. Pour le GIEC, il faudrait réduire de 45 % les émissions de méthane d’ici à 2040, ce qui permettrait d’éviter un réchauffement de + 0,3°C supplémentaire. Parmi les principaux leviers pour y parvenir, figurent notamment la réduction du cheptel bovin et la modification de son alimentation. Certains acteurs comme l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) soulignent à ce propos la nécessité de conserver une vision globale quand il s’agit de remettre en question des équilibres agronomiques et territoriaux. En effet, une réduction du cheptel se ferait au détriment de la biodiversité, de la qualité de l’eau et de nombreux autres indicateurs environnementaux (voir article d’analyse « Réchauffement climatique, élevage et affichage environnemental : un webinaire de l’Itab éclaire le débat »).

La place de l’agriculture dans le portrait global du réchauffement, à la fois du point de vue des conséquences qu’elle subit et des effets qu’elle produit, devrait être plus largement abordée dans les deux autres volets du rapport du GIEC à paraître courant 2022 : l’un sur l’impact du changement climatique sur les activités humaines et leurs nécessaires adaptations et l’autre sur les leviers d’atténuation à activer.

Sources : UNEP ; Ministère de la Transition écologique ; Ministère de l’Europe et des affaires sociales.

 

 

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