Plan Ecoantibio : où en est la France dans sa lutte contre l’antibiorésistance en médecine vétérinaire ? (Article de synthèse)

Lancé fin 2011, le Plan Ecoantibio, politique publique nationale de réduction des risques d’antibiorésistance en médecine vétérinaire, a déjà largement entamé sa deuxième saison. Quel bilan tirer d’Ecoantibio 1 ? Quelles perspectives pour Ecoantibio 2 ? On fait le point.

Faut-il encore le rappeler ? Ecoantibio, c’est LE plan français de réduction des risques d’antibiorésistance en médecine vétérinaire. Il s’inscrit dans un contexte plus large porté par le ministère chargé de l’Agriculture, à savoir le projet agro-écologique. Ce dernier doit permettre de répondre aux nombreux défis auxquels fait face l’agriculture française : compétitivité, changement climatique, sécurité sanitaire, préservation des ressources naturelles, qualité et sûreté de l’alimentation, moindre recours aux intrants chimiques.

Ecoantibio 1 : quels objectifs ?

Avec un premier plan lancé fin 2011 pour une durée de cinq ans, Ecoantibio a attaqué son deuxième volet dès 2017 avec un bilan prévu pour 2021. Objectifs de ce second volet : évaluer les impacts du premier, en valoriser les résultats et poursuivre la dynamique en consolidant les acquis et en poursuivant les actions précédemment engagées. Écoantibio 2 vise également à maintenir dans la durée la tendance à la baisse de l’exposition des animaux aux antibiotiques.

Dans les faits, le premier plan Écoantibio ambitionnait de réduire de 25 % en 5 ans l’exposition des animaux aux antibiotiques, en portant une attention particulière à l’utilisation des antibiotiques d’importance critique (fluoroquinolones, céphalosporines de dernières générations). Pour cela, Ecoantibio 1 comportait 40 mesures s’articulant autour de cinq axes stratégiques, parmi lesquels la promotion des bonnes pratiques et la sensibilisation des acteurs à la nécessité de préserver l’efficacité des antibiotiques, ou encore le développement d’alternatives permettant d’éviter le recours aux antibiotiques.

Un franc succès pour sa première étape !

Avec une baisse de l’exposition globale des animaux aux antibiotiques de 37 % sur la période 2012-2016 et des réductions de 75 à 81 % concernant les antibiotiques critiques, force est de reconnaître que le plan Ecoantibio 1 a été un franc succès (voir article Plan Écoantibio : un premier bilan remarquable). Ainsi, en 2015, la France se classait à la 12e place sur 30 au classement des pays européens en termes de vente d’antibiotiques vétérinaires, avec une exposition des animaux à ces médicaments deux fois inférieure à la moyenne européenne et une baisse de 48 % par rapport à 2010.

L’antibiorésistance : un enjeu de santé publique mondial

La lutte contre l’antibiorésistance est un défi mondial et majeur de santé publique. Le nombre annuel de décès humains lié à l’antibiorésistance est actuellement estimé à 12 500 en France (Santé Publique France), à 25 000 dans l’Union européenne (ECDC) et 700 000 dans le monde (rapport O’Neill). Si rien n’est fait, le nombre estimé de décès humains pourrait être de 10 millions par an à compter de 2050 (rapport O’Neill), ce qui ferait de l’antibiorésistance une des premières cause de mortalité, devant les cancers. L’objectif global de la lutte contre l’antibiorésistance est la réduction des mésusages d’antibiotiques et l’optimisation de leur recours. Diminuer les risques d’antibiorésistance participe au maintien d’un arsenal thérapeutique efficace pour les situations où l’antibiothérapie est indiquée et justifiée. A ce titre, l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) considère les antibiotiques comme un bien public mondial. Il appartient à chaque Etat, à chaque prescripteur et à chaque utilisateur, d’en faire un usage prudent et responsable.

Ecoantibio 2 : quelles perspectives ?

Les très bons résultats d’Ecoantibio 1 relèvent notamment de l’engagement des vétérinaires et des éleveurs, qui s’étaient déjà inscrits dans une démarche d’amélioration de leurs pratiques quelques années avant le lancement de ce plan. C’est pourquoi le Plan Ecoantibio 2 mentionne le maintien de la motivation et de l’engagement des acteurs parmi ses objectifs et inclut davantage de mesures incitatives (voir encadré et article Plan Ecoantibio 2 : Plan national de réduction des risques d’antibiorésistance en médecine vétérinaire). Objectif : maintenir cette dynamique positive !
La communication (voir article Les antibios, comme il faut, quand il faut) et la formation occupent une place importante dans ce plan, tout comme l’accès à des alternatives d’intérêt aux antibiotiques, l’amélioration des mesures de prévention des maladies infectieuses et la mise à disposition de meilleurs outils de diagnostic, de suivi de la cession des antibiotiques et de suivi de l’antibiorésistance.
S’agissant d’un défi mondial, l’affirmation et la défense à l’international des positions françaises en matière d’usage prudent et responsable des antibiotiques ont été repris du premier plan.

Ecoantibio 2 : 20 actions réparties selon quatre axes stratégiques

Axe 1 : développer les mesures de prévention des maladies infectieuses et faciliter le recours aux traitements alternatifs (4 actions)
Axe 2 : communiquer et former sur les enjeux de lutte contre l’antibiorésistance, sur la prescription raisonnée des antibiotiques, et sur les autres moyens de maîtrise des maladies infectieuses (4 actions)
Axe 3 : mettre à disposition des outils partagés d’évaluation et de suivi du recours aux antibiotiques, ainsi que des outils pour leur prescription et administration responsables (9 actions)
Axe 4 : s’assurer de la bonne application des règles de bon usage au niveau national et favoriser leur adoption aux niveaux européen et international (3 actions)
Source : Alim’Agri.

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