Harmoniser les actions des Nations Unies sur l’eau et la nutrition pour atteindre les objectifs fixés par l’ONU d’ici 2030 (Article de synthèse)

Cinq ans après l’adoption du Programme mondial de développement durable à l’horizon 2030, le bilan est mitigé. Dans son rapport « Water and Nutrition »1, édité en février 2020, l’Organisation des Nations Unies (ONU) passe en revue les défis à réaliser et émet plusieurs recommandations pour atteindre les objectifs d’accès à l’eau et à la nutrition pour tous en 2030.

L’eau est nécessaire à toutes les « activités, processus et résultats » liés au système alimentaire, indiquaient déjà trois chercheurs de l’université d’Oxford, dans une publication datant de 2009, Food Security and Global Environmental Change : emerging challenges. Cela comprend la production alimentaire (pêche et aquaculture, cultures et élevage), la transformation des produits et la préparation des aliments.

L’accès stable à une eau de qualité suffisante est étroitement lié à la sécurité alimentaire et à une bonne nutrition, mais les ressources en eau sont gravement menacées en raison de l’appauvrissement et de la dégradation des habitats, soulignent les experts de ce rapport.

Investir dans les infrastructures nécessaires à une agriculture durable

Alors que la population mondiale, l’urbanisation et le niveau de vie augmentent, la demande en eau croît dans l’agriculture, l’industrie et pour les usages d’ordre domestique. « Cette croissance de la demande exacerbe le stress hydrique préexistant dans de nombreuses régions, dû, en partie, à des progrès insuffisants et au sous-investissement chronique dans la gestion du transport de l’eau », indiquent les auteurs. Les systèmes d’irrigation à grande échelle et de stockage de l’eau sont vétustes, et de nombreux réseaux d’approvisionnement et de traitement des eaux usées sont mal entretenus et peu fiables.

« L’investissement public dans l’agriculture dans le monde est en baisse, estimait déjà le Conseil économique et social de l’ONU en 2019. Les petits producteurs alimentaires et les agriculteurs familiaux ont besoin d’un soutien beaucoup plus important et d’investissements accrus dans les infrastructures, et dans la technologie pour une agriculture durable. »

D’autant que les effets de l’insécurité hydrique devraient s’aggraver et s’étendre à mesure que les effets du changement climatique s’intensifient. La mise en place de systèmes de stockage d’eau et d’irrigation appropriés permettrait d’assurer la sécurité de l’eau dans les systèmes d’agriculture pluviale, de réduire le risque de mauvaises récoltes, et d’augmenter la disponibilité des aliments nutritifs pour les hommes et les animaux.

Lutter contre la malnutrition en améliorant la disponibilité des aliments d’origine animale

En 2018, 22 % des enfants de moins de cinq ans (149 millions) avaient un retard de croissance. La mauvaise alimentation est désormais le principal facteur de risque de décès et d’années de vie perdues ajustées sur l’incapacité. En 2018, le Fida*, l’Unicef*, le Pam* et l’OMS* ont noté une corrélation entre les extrêmes climatiques et l’insécurité alimentaire. Les sécheresses périodiques qui assèchent les trous d’abreuvement des animaux, affectent la disponibilité des aliments d’origine animale dans diverses parties de l’Afrique.

Pour lutter contre ce phénomène, l’ONU encourage les captures d’eau douce, notamment en Asie, Afrique et Amérique latine. Pour autant, elle préconise également une évolution des régimes alimentaires dans les pays où « la consommation d’aliments ultra-transformés, la surconsommation d’aliments d’origine animale et les aliments et les boissons riches en sucre » prévalent, rappelant que « tous ces aliments dépendent de cultures ayant des besoins en eau accrus par rapport aux régimes traditionnels ».

L’eau au cœur de toute production agricole  

L’agriculture est de loin le plus grand utilisateur de ressources en eau douce, avec environ 70 % des prélèvements utilisés pour l’irrigation. Les auteurs soulignent toutefois que « l’agriculture irriguée représente moins d’un quart de l’eau utilisée pour la production agricole à l’échelle mondiale », du fait du coût de mise en place des infrastructures d’irrigation. Les cultures restantes sont pluviales et dépendent directement de l’humidité du sol due aux précipitations. Pourtant, les rendements irrigués sont deux à trois fois supérieurs aux rendements pluviaux car, avec cette technique, il est possible de contrôler assez précisément la quantité d’eau absorbée par les racines des plantes.

L’eau et ses écosystèmes connexes sous-tendent toute la production agricole offrant une gamme de services écosystémiques, dont beaucoup soutiennent à leur tour, la nutrition et les résultats sanitaires en fournissant de l’eau pour les productions alimentaire et la pêche. Ces écosystèmes sont gravement menacés par la dégradation de la biodiversité et des habitats, compromettant finalement la sécurité alimentaire et l’état nutritionnel de la population mondiale.

Pour optimiser les résultats sur ses deux objectifs prioritaires, Faim « zéro » et Eau propre et assainissement, l’ONU recommande donc :

  • de mettre en œuvre une gestion de l’eau agricole sensible à la nutrition,
  • d’augmenter la durabilité environnementale des régimes alimentaires,
  • et de traiter les inégalités sociales dans les liens eau-nutrition, en intégrant besoins et contraintes dans la conception initiale des infrastructures.

* Fonds international de développement agricole (FIDA), United Nations International Children’s Emergency Fund (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance, en français) ou UNICEF, le Programme alimentaire mondial (PAM), et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Source : UNSCN.

 

 

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