Le GIEC lance un avertissement très sérieux sur les conséquences de l’inaction (Article de synthèse)

Les impacts du changement climatique sont d’ores et déjà généralisés et les risques s’annoncent plus graves qu’attendu pour un même niveau de réchauffement. C’est le sombre constat dressé par le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), dans le 2e volet de son 6e Rapport d’évaluation, publié fin février et intitulé « Changements climatiques 2022 : impacts, adaptation et vulnérabilité« .
Après un premier volet publié à l’été 2021 (voir article « Le 6e Rapport du GIEC sonne l’alarme : des conséquences désormais irréversibles »), le GIEC a dévoilé fin février le 2e volet de son 6e Rapport d’évaluation, portant sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité face au changement climatique. Rédigé par 270 scientifiques du monde entier à partir de l’analyse de 34 000 études, il dresse un sombre constat. Le changement climatique impacte de plus en plus les écosystèmes, la sécurité de l’accès à l’eau et à l’alimentation, les infrastructures, la santé et le bien-être, ainsi que l’économie et la culture. Et malheureusement, les populations et les écosystèmes les moins aptes à y faire face sont les plus durement touchés. Autre mauvaise nouvelle : les risques liés à un niveau de réchauffement donné seraient plus graves que ce qui avait été envisagé jusqu’alors. En cause ? Un effet « boule de neige » généré par les interactions entre les risques climatiques et la dynamique en cascade des impacts.
Il est urgent d’agir
Face au changement climatique, réduire rapidement et fortement les émissions de gaz à effet de serre (GES) est impératif, mais ne suffit plus. Il faut également agir pour s’adapter au changement climatique. « Il est urgent de prendre des mesures immédiates et plus ambitieuses pour faire face aux risques climatiques. Les demi-mesures ne sont plus possibles », insiste Hoesung Lee, président du GIEC.
Le rapport montre qu’à ce jour les progrès en matière d’adaptation sont inégaux et les écarts se creusent entre l’action engagée et ce qu’il serait nécessaire de faire face aux risques croissants. Le rapport recense un grand nombre de mesures (qui a considérablement augmenté depuis le 5e Rapport), mais les effets de ces dernières sont encore mal évalués. Le GIEC souligne la nécessité de poursuivre les recherches en ce sens, pour mieux évaluer l’efficacité des mesures tout en restant vigilant sur les effets contre-productifs potentiels.
Les experts soulignent par ailleurs que l’adaptation au changement climatique peut prendre diverses formes, rapportant notamment le potentiel de la nature. « Les écosystèmes en bonne santé sont plus résilients au changement climatique et procurent des services vitaux comme la nourriture et l’eau potable », indique Hans-Otto Pörtner, co-président du Groupe de travail II du GIEC.
Défi mondial, solutions locales
Pour les experts du GIEC, le changement climatique est un défi mondial qui exige des solutions locales. En ce sens, de nombreuses informations régionales utiles pour un développement résilient sont compilées dans le rapport. Une section spéciale est consacrée aux impacts du changement climatique, aux risques et aux possibilités d’agir pour les villes et les établissements humains en bord de mer, les forêts tropicales, les montagnes, les zones critiques de biodiversité, les terres arides et les déserts, la Méditerranée et les régions polaires. Par ailleurs, un atlas présente les données et conclusions sur les impacts et les risques observés et prévus en rapport avec le changement climatique, de l’échelle mondiale à l’échelle régionale, afin d’offrir encore plus d’informations utiles aux décideurs.
Un troisième volet publié en avril
Le GIEC a publié le troisième et dernier volet de son 6e Rapport d’évaluation début avril 2022, consacré aux solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (voir article « Rapport du GIEC : des solutions existent, il est urgent d’agir »). Un rapport de synthèse est prévu pour septembre prochain, qui servira de base scientifique pour le premier bilan mondial de l’Accord de Paris en 2023.
Source :
Lire aussi :
Les impacts du changement climatique devraient être plus graves qu’attendus pour un même niveau de réchauffement, selon le dernier rapport du GIEC – ministère de la Transition écologique
Que dit le récent rapport du GIEC sur l’impératif d’adaptation au changement climatique ? – IDDRI
Climat : les experts du GIEC s’alarment des conséquences énormes d’une planète en péril – ONU
À voir aussi
-
Environnement2 octobre 2025
Le continuum sol-plante-animal-homme : une alimentation plus saine grâce aux prairies (TRADUCTION)
Face aux préoccupations croissantes sur l’impact environnemental et sanitaire de la viande bovine, une équipe de chercheurs a comparé les systèmes de finition à l’herbe et aux grains dans le sud des États-Unis. Résultat : les pâturages présentent des sols plus riches en matière organique et minéraux, des plantes chargées en antioxydants, et une viande… -
Environnement2 octobre 2025
Pâturage régénératif : un levier pour restaurer la santé des sols et renforcer la durabilité des écosystèmes (TRADUCTION)
La santé des sols conditionne la productivité agricole et la résilience des écosystèmes, en particulier face aux défis d’une population mondiale croissante. Cette étude analyse l’effet des écorégions, de la saisonnalité et des modes de gestion du pâturage sur la qualité et la productivité des sols. Les résultats montrent que le pâturage régénératif favorise une… -
Environnement2 octobre 2025
Systèmes intégrés cultures–bétail–forêt : un levier pour améliorer la stabilité des sols et le stockage du carbone au Brésil (TRADUCTION)
En comparant sur le long terme différents modes d’usage des terres au Brésil, cette étude met en évidence le rôle clé des systèmes d’intégration cultures–bétail–forêt (SICBF) dans la séquestration du carbone organique du sol (COS) et la formation de macro-agrégats stables. Les résultats montrent que les SICBF, en rotation pâturée ou cultivée, offrent un potentiel…