Une épidémiologiste INRAE décrypte le rôle de l’intelligence artificielle en santé animale (Article de synthèse)

Les recherches à l’interface entre santé animale et intelligence artificielle (IA) sont en plein essor. Afin d’y voir plus clair , INRAE publie sur son site un entretien avec Pauline Ezanno, épidémiologiste et spécialiste de la modélisation en santé animale. Elle y délivre quelques messages importants à propos de l’IA, parmi lesquels la nécessité de travailler de manière transdisciplinaire, le besoin de temps et l’importance cruciale des données.
L’intelligence artificielle (IA) développe un grand éventail d’approches pour soutenir la réflexion humaine. « Deep learning », « machine learning », « algorithmes apprenants », l’IA regroupe un ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence humaine. Elle s’applique à de nombreux domaines scientifiques, parmi lesquelles la santé animale.
La surveillance des épidémies, mais pas que…
L’équipe de Pauline Ezanno, épidémiologiste et spécialiste de la modélisation en santé animale à INRAE, travaille par exemple sur la propagation et la maîtrise de maladies animales infectieuses. « Souvent, la modélisation mathématique est mobilisée pour contribuer à mieux comprendre une épidémie et à anticiper sa dynamique. Cependant, on l’a bien vu avec la Covid19, c’est très compliqué de suivre la propagation d’une épidémie en temps réel, quand il y a en plus des événements qui viennent se greffer comme l’apparition de nouveaux variants du virus », illustre-t-elle. Compliqué aussi de travailler dans l’urgence car, même si ces modèles se calculent rapidement grâce à l’IA, il faut du temps pour réunir les données, les analyser et mettre à jour les modèles lorsqu’il y a de nouvelles connaissances à intégrer. Un des prochains défis de l’IA serait donc de faire de la prédiction « en temps réel », en apprenant aux modèles mathématiques à se mettre à jour automatiquement (machine learning). Outre le suivi des épidémies, l’IA peut avoir de nombreuses autres applications en santé animale, comme « détecter l’émergence d’une maladie (en recherchant des alertes par fouille de texte sur le web, en analysant des données collectées en routine en élevage, etc.) ou encore diagnostiquer automatiquement des maladies (par « reconnaissance de formes », c’est-à-dire reconnaissance d’anomalies types) », poursuit Pauline Ezanno.
Développer des logiciels pour accompagner les vétérinaires
Les chercheurs INRAE participent au développement de différents logiciels dans le domaine. Le logiciel IVAN aide par exemple les vétérinaires à identifier les causes de la mort d’un animal à partir de son autopsie. « Ce logiciel autoapprenant, construit à partir d’une base de données, guide le vétérinaire dans la réalisation de l’autopsie : en fonction des données renseignées par le vétérinaire, le logiciel indique quel organe regarder et quelles sont les hypothèses de diagnostic, avec les marges d’erreur », détaille l’épidémiologiste.
Autre exemple avec une innovation très prometteuse en cours, le projet ATOM, qui permet de générer automatiquement des outils d’aide à la décision (OAD) à partir des modèles. « Nous avions déjà proposé dès 2015 aux gestionnaires de la santé animale des outils d’aide à la décision pour raisonner les interventions sanitaires en élevage pour gérer la diarrhée virale bovine (EvalBVD) et la paratuberculose (EvalParaTuB) », illustre Pauline Ezanno. ATOM devrait fournir des OAD aux vétérinaires sans délai après le développement et l’analyse des modèles sous-jacents, dès 2022.
Pour en savoir plus :
Source : INRAE.
À voir aussi
-
Maladies animales et zoonoses29 juillet 2025
Garantir la santé des animaux en élevage de ruminants – Fiche CNE
Depuis avril 2024, la Confédération nationale de l’élevage (CNE) publie une série de fiches thématiques mettant en lumière les services rendus par l’élevage de ruminants. Parmi elles, la fiche intitulée « L’élevage de ruminants et la santé des animaux » détaille les pratiques mises en œuvre par les éleveurs pour garantir un état sanitaire optimal… -
Médicament vétérinaire22 juillet 2025
Résistance aux antimicrobiens : la France intensifie son action à l’échelle internationale
À l'occasion de l'Assemblée mondiale de la Santé et de la Session générale de l'Organisation mondiale de la santé animale en mai 2025, la France réaffirme son engagement dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens, identifiée comme l'une des dix menaces majeures pour la santé mondiale. Le gouvernement dévoile une feuille de route ambitieuse… -
Médicament vétérinaire22 juillet 2025
Vaccination des bovins : l’Anses éclaire sur les stratégies vaccinales disponibles
La prévention des infections respiratoires virales chez les bovins repose sur des stratégies vaccinales adaptées. L'Anses, à travers son Comité de suivi des médicaments vétérinaires, a analysé les données disponibles concernant les vaccins existants. Cette analyse met en lumière la complexité du choix vaccinal, influencé par des facteurs tels que le type de vaccin (vivant…