Un risque d’anémie plus élevé chez les faibles consommateurs de viande rouge

Une étude britannique menée sur plus de 450 000 participants montre que les personnes dont la consommation de viande rouge est faible ou inexistante présentent généralement des concentrations d’hémoglobine plus faibles et sont légèrement plus susceptibles d’être anémiées, malgré une consommation accrue de compléments alimentaires (dont du fer). Leur taux de globules blancs est également plus bas.

Une étude britannique a étudié les relations entre le niveau de consommation de viande rouge et plusieurs paramètres hématologiques chez plus de 450 000 britanniques.

MATÉRIELS ET MÉTHODES

Une numération globulaire complète a été effectuée chez tous les participants de la Biobanque du Royaume-Uni au moment du recrutement (2006-2010). Les chercheurs ont examiné les taux d’hémoglobine, de globules rouges et de globules blancs, la numération plaquettaire et le volume chez les consommateurs réguliers de viande (>3 fois/semaine de consommation de viande rouge/transformée, n = 212 831), les petits consommateurs de viande (<3 fois/semaine, n = 213 092), les consommateurs de volaille (n = 4 815), les consommateurs de poisson (n = 10 042), les végétariens (n = 6 548) et les végétaliens (n = 398) de type caucasien et les consommateurs de viande (n = 3 875) et les végétariens (n = 1 362) d’origine indo-britannique.

RÉSULTATS

En général, ceux qui limitaient leur consommation de viande étaient plus souvent des femmes et des personnes jeunes, qui fumaient peu ou pas et n’avaient pas de longue maladie. Ils consommaient davantage de compléments alimentaires dont du fer. Ils consommaient davantage de fer total issu des aliments (végétariens : 14,9mg/j et vegans : 16,9mg/j versus 13,7mg/j chez les consommateurs réguliers de viande) mais peu de vitamine B12 alimentaire (végétariens et vegans surtout). Dans les populations indo-britanniques et chez les sujets de type caucasien, par comparaison avec les consommateurs réguliers de viande, les autres groupes de sujets présentaient des concentrations d’hémoglobine (ajustées selon l’âge) jusqu’à 3,7 % plus faibles (différence non significative chez les femmes caucasiennes véganes) et étaient généralement plus susceptibles d’être anémiés (8,7 % des consommateurs réguliers de viande comparativement à 12,8 % des végétariennes caucasiennes en préménopause, p<0,05). Dans la population caucasienne, par rapport aux consommateurs réguliers de viande, tous les autres groupes présentaient un nombre total plus faible de globules blancs, de neutrophiles, de lymphocytes, de monocytes et d’éosinophiles (hétérogénéité P < 0,001 pour tous, ajusté selon l’âge et le sexe). Mais les numérations des basophiles étaient semblables dans tous les groupes. Chez les Indo-britanniques, aucune différence significative n’était notée entre les groupes concernant les numérations des globules blancs. Comparativement aux consommateurs réguliers de viande de type caucasien, les personnes qui mangeaient peu de viande, les consommateurs de volaille, de poisson et les vegans avaient une numération plaquettaire et un volume de plaquettes significativement plus faibles, tandis que les végétariens avaient une numération plaquettaire plus élevée et un volume plaquettaire plus faible. Comparativement aux mangeurs de viande de type indo-britanniques, les végétariens avaient une numération plaquettaire plus élevée et un volume plus faible.

CONCLUSION

Au Royaume-Uni, les personnes dont la consommation de viande rouge était faible ou inexistante présentaient généralement des concentrations d’hémoglobine plus faibles, étaient légèrement plus susceptibles d’être anémiés et leur taux de globules blancs étaient plus bas. Pour autant, ils étaient nombreux à consommer des compléments alimentaires, ce qui a peut-être modéré les résultats. Les vegans avaient la numération plaquettaire moyenne la plus faible, clairement liée aux faibles apports en vitamine B12 et le volume plaquettaire moyen le plus élevé alors que c’était l’inverse chez les végétariens (les auteurs ne peuvent expliquer cette différence alors que les végétariens ont aussi de faibles apports en vit B12). Cette étude est la plus importante en termes d’échantillon de population (>450 000 participants) sur le sujet.

Référence : Tong TYN, Key TJ, Gaitskell K, Green TJ, Guo W, Sanders TA, Bradbury KE. Hematological parameters and prevalence of anemia in white and British Indian vegetarians and nonvegetarians in the UK BiobankAm J Clin Nutr. 2019 Jun 13. pii: nqz072. doi: 10.1093/ajcn/nqz072.

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