Stratégie protéine de l’Union européenne, les protéines animales ne seront pas en reste (Article de synthèse)

Dans l’attente de la parution de la stratégie définitive de l’UE en matière de protéines, un rapport d’initiative a été adopté par la commission agriculture du parlement européen et communiqué au cours de l’été 2023. Si la priorité y est évidemment donnée à la production de protéines d’origine végétale, les protéines animales y ont été réintégrées et sont placées au même niveau que les protéines végétales, ces dernières étant même considérées complémentaires.

L’Union européenne (UE) cherche depuis longtemps à réduire sa dépendance à l’égard des importations de protéines. Une quête exacerbée depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui a mis en exergue la nécessité pour l’UE de protéger son agriculture contre la volatilité des prix et les perturbations commerciales. Dans ce contexte, le service de recherche du Parlement européen (EPRS) a publié en juillet 2023 une note de synthèse sur la stratégie de l’Union en matière de protéines. Ce document a été rédigé dans l’attente de l’approbation du projet de rapport rédigé par la commission de l’agriculture et du développement rural (AGRI). Un rapport qui devrait paraître au premier trimestre 2024 et dans lequel la Commission européenne détaillera la stratégie globale de l’UE en matière de protéines.

Réduire la dépendance de l’UE aux importations de protéines

Cette note de synthèse souligne l’importance pour l’Europe de réduire sa dépendance aux importations de protéines, tout en rappelant qu’il ne s’agit pas d’une préoccupation récente. Elle présente ensuite des pistes pour réduire le déficit en protéines et rappelle que l’idée d’augmenter la production de l’UE est largement acceptée par les parties prenantes. Un bémol toutefois : les propositions politiques sont variées et souvent contradictoires. Enfin, la dernière partie reprend les recommandations présentées par la commission AGRI, notamment la nécessité de proposer de façon urgente une stratégie européenne globale en matière de protéines.

Intégrer les protéines animales

Cette stratégie mettra la priorité sur les protéines végétales, sans négliger les protéines animales. Le document révèle en effet que la consommation de protéines animales produites localement et de manière durable contribue à la sécurité alimentaire de l’UE et renforce la vitalité des zones rurales européennes. L’élevage extensif, en particulier dans les zones reculées et montagneuses, est reconnu comme étant une activité hautement durable qui contribue à garantir que ces régions restent peuplées. Enfin, le rapport attire l’attention sur l’augmentation constante de la demande mondiale en protéines, y compris en ce qui concerne les protéines d’origine animale, qui constituent souvent un élément clé de l’équilibre nutritionnel des régimes alimentaires.

Des protéines animales respectant les normes de durabilité

L’accent est bien sûr mis sur les critères de durabilité et de qualité. Le rapport rappelle ainsi que les protéines animales produites dans l’Union européenne le sont dans le respect des normes en vigueur dans le domaine. Des normes qui comptent parmi les plus élevées au monde, en termes de bien-être animal, de climat et d’environnement au sens large. Les producteurs extra-communautaires étant globalement soumis à des règlementations et des normes de durabilité et d’éthique moins strictes que les producteurs européens, le recours à la délocalisation de la production en dehors de l’UE ou à l’importation de viande bovine n’est pas sans conséquences sur l’environnement (déforestation, érosion des sols, contamination des eaux souterraines…). Des impacts environnementaux négatifs que l’on retrouve également en cas d’importation de protéagineux, tels que le soja.

A ce sujet, le rapport note que l’élevage au sein de l’UE est fortement tributaire des importations de cultures à forte teneur en protéines, qui doivent être cultivées sur des terres arables en dehors de l’UE. Les experts encouragent donc à développer la production de soja dans l’UE et à investir dans la recherche et le développement afin d’améliorer la qualité et le rendement des cultures. En outre, le document souligne l’importance d’appliquer des normes de durabilité aux produits importés, en protégeant la compétitivité des producteurs européens et en garantissant une transparence pour les consommateurs.

Améliorer la coordination et la collaboration

Le texte valorise également les agriculteurs et leur rôle dans la transition vers des systèmes alimentaires durables et circulaires.  Et de pointer la nécessité d’améliorer la coordination et la collaboration entre les acteurs de la chaîne d’approvisionnement, tout au long de la chaîne de valeur, pour combler les lacunes actuelles entre les agriculteurs, les transformateurs et les détaillants. A cet égard, le rapport invite les États membres et les parties prenantes à utiliser toutes les dispositions prévues dans le règlement OCM (Organisations communes des marchés) au profit de chaînes efficaces et innovantes, et notamment à développer la contractualisation afin de planifier la production à long terme.

Une place pour les protéines animales issues de culture in vitro ?

Concernant les protéines animales issues de culture in vitro, la commission Agriculture estime que ces produits posent des défis sociaux, économiques, éthiques et environnementaux. Le rapport estime ainsi que la réglementation sur les nouveaux aliments (Novel food) n’est pas adaptée et appelle le Parlement à présenter un cadre législatif approprié pour évaluer les demandes d’autorisations de ce type de produits en prenant en compte leurs dimensions éthiques, sociales, sanitaires, environnementales et économiques. Le texte souligne également que les intérêts et les attentes des consommateurs doivent être mieux pris en compte. De manière assez contradictoire, la commission Agriculture demande en revanche une nouvelle législation sur les denrées alimentaires en vue de simplifier et d’accélérer les procédures d’autorisation.

Source : Parlement européen

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