L’État de la sécurité alimentaire dans le monde : les conclusions 2019 de la FAO

Le rapport 2019 de l’ONU sur l’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde a révélé que la faim ne diminue plus depuis trois ans, tandis que l’obésité est toujours à la hausse. Arrêt sur les messages clés de cette nouvelle édition du rapport.

Alors que la faim dans le monde (mesurée par la prévalence de la sous-alimentation) diminuait régulièrement depuis des décennies, depuis trois ans, elle stagne, à un taux légèrement inférieur à 11 %. Le nombre d’individus souffrant de la faim, lui, augmente donc lentement. Plus de 820 millions de personnes dans le monde étaient ainsi sous-alimentées en 2018, soulignant l’immense défi de parvenir à l’objectif « Faim Zéro » d’ici 2030.

L’Afrique, toujours et encore touchée de plein fouet

Presque toutes les régions d’Afrique connaissent une augmentation de la prévalence de la faim, qui atteint presque 20 % désormais sur le continent, ce qui en fait la zone la plus touchée. La faim progresse lentement également en Amérique latine et dans les Caraïbes, bien que le pourcentage d’individus concernés soit encore inférieur à 7 %. En Asie, l’Asie de l’Ouest connaît une augmentation continue de la faim depuis 2010, avec plus de 12 % de la population sous-alimentée aujourd’hui.

Au-delà de la sous-alimentation, l’insécurité alimentaire

Cette année, le rapport introduit un second indicateur de la faim : la prévalence de l’insécurité alimentaire modérée à sévère, mesurée à partir de l’Échelle d’expériences d’insécurité alimentaire (FIES). Tandis que l’insécurité alimentaire sévère s’approche du concept de faim, l’insécurité modérée rend compte des incertitudes et difficultés rencontrées par certaines personnes pour obtenir de la nourriture, et des concessions qu’elles doivent faire en termes de qualité et/ou de quantité d’aliments.

Si l’on considère tous ceux dans le monde qui subissent une insécurité alimentaire modérée ou souffrent de la faim, on peut estimer à plus de 2 milliards le nombre d’individus qui n’ont pas un accès régulier à une nourriture sûre, saine et suffisante, dont 8 % vivant en Amérique du Nord ou en Europe.

Retard de croissance et surpoids : le double fardeau de la malnutrition

Un nouveau-né sur sept, soit 20,5 millions de bébés, présentaient un faible poids de naissance en 2015 ; aucun progrès n’ayant été réalisé en la matière depuis 2012. Le nombre d’enfants de moins de 5 ans atteints de retard de croissance, en revanche, a diminué de 10 % au cours des six dernières années ; toutefois, avec 149 millions d’enfants encore concernés, les progrès accomplis restent trop faibles pour atteindre l’objectif cible d’une réduction de moitié d’ici 2030.

Le surpoids et l’obésité continuent de progresser dans toutes les régions du monde, en particulier chez les enfants d’âge scolaire et les adultes. En 2018, environ 40 millions d’enfants de moins de 5 ans présentaient un surpoids. En 2016, 131 millions d’enfants de 5 à 9 ans, 207 millions d’adolescents et 2 milliards d’adultes étaient concernés. Parmi les individus en surpoids, environ un tiers des adolescents et adultes et 44 % des enfants de 5 à 9 ans étaient obèses.

L’insécurité alimentaire joue un rôle déterminant dans de nombreuses formes de malnutrition. Dans les pays à revenus intermédiaires, supérieurs et élevés en particulier, le fait de vivre dans un foyer touché par l’insécurité alimentaire constitue un facteur prédictif d’obésité à la fois pour les enfants, les adolescents et les adultes.
Les crises économiques aggravent les crises alimentaires, surtout dans les pays pauvres
Dans ses précédentes éditions, ce rapport montrait comment les conflits, les variations climatiques et les évènements climatiques extrêmes exacerbaient les tendances décrites ci-dessus. Cette année, le rapport pointe du doigt les inégalités de reprise et les faibles performances économiques de nombreux pays, après la crise mondiale de 2008-2009, comme facteurs aggravants de la faim et de la malnutrition.
La faim a progressé dans de nombreux pays où l’économie a ralenti ou s’est contractée, en particulier dans les pays à revenus intermédiaires. Les crises économiques contribuent à prolonger et aggraver les crises alimentaires résultant des conflits et des chocs climatiques. Sur 65 pays dans lesquels le ralentissement de l’économie a impacté le plus fortement la sécurité alimentaire et nutritionnelle, 52 s’appuient fortement sur l’import et l’export de produits primaires (denrées et produits bruts).
Les ralentissements de l’économie affectent plus fortement la sécurité alimentaire et nutritionnelle en cas de fortes inégalités. Ainsi, les inégalités de revenus augmentent la probabilité d’insécurité alimentaire sévère, et cet effet s’avère 20 % plus élevé dans les pays à bas revenu par rapport aux pays à revenu intermédiaire. Les inégalités de richesses et de revenus sont aussi fortement associées à la sous-alimentation, alors que des schémas plus complexes sont associés à l’obésité.

Des politiques sociales indispensables pour prévenir les crises

Pour préserver la sécurité alimentaire et nutritionnelle, il est déterminant de disposer en amont de politiques économiques et sociales qui permettent de contrer les méfaits des cycles de récession économique quand ils se produisent, en évitant à tout prix les coupes dans des budgets essentiels comme ceux dédiés à la santé et à l’éducation. À plus long terme, cependant, cela ne sera possible qu’en impulsant des restructurations complètes du système social, en particulier dans les pays où le commerce repose grandement sur les produits primaires.

Pour permettre ce type de transformation, il sera nécessaire d’intégrer les préoccupations de sécurité alimentaire et nutritionnelle aux efforts de réduction de la pauvreté, tout en réduisant les inégalités de genres et l’exclusion sociale de certains groupes de population.

Source : FAO
 

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