Les propositions du CGAAER pour réussir la transition de nos filières face à l’enjeu climatique (Article de synthèse)

Un rapport du CGAAER paru fin mars 2022 estime que, malgré les bouleversements climatiques prévus par le GIEC, les systèmes d’élevage disposent de solutions pour s’adapter, sans exclure toutefois des difficultés majeures pour certains bassins et des besoins en investissements nécessaires à la transformation des systèmes. Les experts soulignent en outre que cette adaptation devra tenir compte des besoins d’atténuation de l’impact de l’élevage sur le climat.

Quels sont les leviers d’adaptation de l’élevage des ruminants et des systèmes fourragers au changement climatique ? Sont-ils suffisamment diffusés et encouragés ? Afin de répondre à ces questions, le CGAAER a conduit un état des lieux de la R&D sur les leviers d’adaptation et les conséquences du changement climatique sur les territoires d’élevage. Le rapport fruit de cette analyse liste des propositions visant à construire des stratégies d’adaptation centrées autour de la sécurisation des systèmes fourragers en élevage bovin, ovin et caprin.

Des travaux engagés mais un manque de visibilité globale et de suivi de la diffusion des leviers

Des travaux de R&D existent, avec un nombre important de projets conduits par le monde de la recherche et les organismes d’accompagnement agricole, mais il est difficile d’avoir aujourd’hui une vision d’ensemble tant les acteurs engagés sont variés. Les principaux leviers recensés concernent l’autonomie fourragère et alimentaire et contribuent à renforcer la valorisation de la capacité des herbivores à utiliser des ressources non consommables par l’homme et des surfaces à faible potentiel agronomique. Le recours aux prairies multi-espèces est considéré comme étant l’une des techniques les plus efficaces. Les autres enjeux concernent la constitution de stocks, l’exploration de nouvelles ressources alimentaires (agroforesterie) et l’adaptation des espèces animales et de la conduite du troupeau (races rustiques, adaptation du calendrier d’élevage, etc.). Toutefois, une approche systémique reste indispensable et la transformation des pratiques doit être appréhendée au cas par cas. La progression de la mise en œuvre des pratiques d’adaptation est aujourd’hui difficile à suivre et à généraliser et le rapport souligne le rôle que pourrait jouer le ministère de l’Agriculture dans l’amélioration de la diffusion de la connaissance. Le CGAAER encourage également une plus forte mobilisation de l’enseignement agricole.

Un besoin d’accompagnement de l’adaptation, au bénéfice de la transition agroécologique

Le rapport souligne que le panel de solutions d’adaptation s’inscrit dans la logique d’une transition agroécologique. Toutefois, cette transformation des systèmes vers plus de résilience constitue une prise de risque, aujourd’hui non accompagnée ; de fait, les bénéfices des systèmes agroécologiques devraient être davantage encouragés financièrement (par exemple, via des paiements pour services environnementaux liés aux prairies). La mise en œuvre de leviers peut entraîner une baisse de compétitivité et un coût d’investissements importants, auxquels s’ajoutent des freins administratifs, notamment liés à la PAC. La période de transition mériterait donc un accompagnement des éleveurs incluant du conseil et un financement. Par exemple, pour assurer la pérennité des exploitations, une des mesures proposées est la réalisation d’un audit agroclimatique à destination des jeunes installés pour concevoir des systèmes plus résilients.

La question de l’impact des évolutions sur les maillons avals est également soulevée, en particulier en termes de qualité et de propriétés des produits carnés, qui pourraient nécessiter un travail pour s’assurer que des débouchés existent pour ces produits.

Une adaptation nécessaire pour conserver les atouts de l’élevage sur les territoires

Par ailleurs, eles experts du CGAAER pointent une forte vulnérabilité des exploitations face aux aléas climatiques. Une vulnérabilité qui pourrait entraîner la disparition de l’élevage dans certaines zones et aurait d’importantes conséquences en termes d’attractivité et de recul de la population. Sans oublier que l’adaptation conditionnera le maintien de paysages ouverts pâturés, garants de services écosystémiques reconnus, qui seraient menacés avec le recul de l’élevage.

Enfin, le rapport met en lumière les potentiels bénéfices liés à la mise en œuvre des leviers d’adaptation identifiés : en particulier, une plus grande utilisation de l’herbe liée à des systèmes fourragers résilients aurait un effet positif sur le paysage et la biodiversité, mais surtout sur l’économie des territoires, en permettant le développement de nouvelles filières et services liés à l’élevage (apiculture, bois énergie, nouvelles productions végétales, etc.) et un renforcement de la stabilité économique des exploitations.

Source : CGAAER 

À voir aussi