L’élevage dans le monde au regard des ODD : pistes d’amélioration pour un élevage acteur de la transition vers des systèmes alimentaires plus durables

Le secteur de l’élevage dans les grandes régions du monde en lien avec les objectifs de développement durable des Nations Unies. Cet article propose une synthèse de la contribution des filières de l’élevage mondial à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) des Nations-Unies. Il s’agit d’un résumé de l’intervention d’Anne Mottet, chargée des politiques d’élevage à la FAO lors du premier séminaire de l’Association Française de Zootechnie sur le thème « Elevage et environnement », en 2021. Elle y présente des exemples chiffrés des impacts du secteur, tant négatifs que positifs, et propose des pistes d’amélioration afin que l’élevage contribue à la transition vers des systèmes alimentaires plus durables.

 Cet article est organisé autour de quatre priorités qui permettent de brosser un tableau relativement exhaustif de la durabilité de l’élevage dans toutes ses dimensions :

  • Sécurité alimentaire et nutrition,
  • Moyens de subsistance et croissance économique,
  • Santé publique et santé animale y compris bien-être animal,
  • Gestion des ressources naturelles et climat.

Sécurité alimentaire et nutrition

Les produits animaux peuvent contribuer à une alimentation saine et nutritive, y compris pendant les premiers mille jours de vie pour éviter le retard de croissance chez l’enfant. D’une façon générale, les différentes catégories de population (enfants, mères, personnes âgées par rapport à la population générale) ont des besoins nutritionnels spécifiques. Les enjeux principaux sont donc, selon les pays et les populations, de résoudre le problème de la faim dans le monde, d’éviter les carences nutritionnelles et de réduire la surconsommation, y compris en produits animaux, afin d’éviter le surpoids, l’obésité et les maladies cardiovasculaires. La réalisation de l’objectif 2 (Faim zéro) passe aussi par la réduction des pertes et du gaspillage alimentaires, y compris par une meilleure gestion des systèmes d’alimentation en élevage pour tirer le meilleur parti des ressources alimentaires non comestibles par l’homme et bien valorisée par les animaux (herbe, résidus et coproduits). Cela passe notamment par une meilleure circularité et des liens plus étroits entre systèmes d’élevage et systèmes de culture, notamment pour un recyclage de la matière organique entre les différents compartiments du vivant (sols, végétaux, animaux). Une telle circularité contribue également aux objectifs de développement durable environnementaux (gestions des terres, eau, climat…) mais aussi économiques.

Moyens de subsistance et croissance économique

Concernant le deuxième pilier, un grand nombre de personnes pauvres dans le monde dépendent de leurs animaux d’élevage. L’élevage peut contribuer à la croissance économique, à la réduction de la pauvreté et à l’emploi, si toutefois les conditions d’accès aux marchés et aux moyens de production des petits producteurs sont améliorées. La diversité des produits issus de l’élevage (viande, lait, cuir, œufs mais aussi médicaments), et la diversité des activités d’élevage et des emplois induits doivent également être considérées car elles permettent notamment une autonomie des petits producteurs et une grande résilience en cas de crise économique ou climatique. Il existe également de nombreux services rendus par l’élevage qui ne sont généralement pas pris en compte dans les calculs économiques comme la gestion des paysages et des territoires ruraux.

Santé publique et santé animale

Concernant le troisième pilier, la santé animale a un coût économique considérable à travers les maladies, notamment les maladies émergentes et les pandémies. L’utilisation abusive des antibiotiques est un point critique, avec une grande disparité entre pays, tout comme le bien-être animal et les maladies d’origine alimentaires. Ces points doivent être considéré dans le cadre d’une approche « One Health » qui vise à protéger conjointement la santé des humains, des animaux et de l’environnement.

Gestion des ressources naturelles et climat

Enfin, concernant le 4e pilier, les domaines d’action sont nombreux : il s’agit d’encourager la production et la consommation d’aliments à faible émissions de gaz à effet de serre, ce qui implique de travailler au niveau de la production mais aussi auprès des consommateurs. Du côté de la production, l’amélioration de la productivité et la réduction de l’intensité des émissions de gaz à effet de serre par une optimisation des pratiques d’élevage est possible. Les émissions peuvent aussi être compensées en partie par le stockage de carbone dans les sols grâce au pâturage, et par une meilleure intégration de l’élevage dans la bioéconomie circulaire afin de faciliter le recyclage de la matière organique. En d’autres termes, il s’agit de promouvoir l’agroécologie, d’améliorer la biodiversité et la fourniture de services écosystémiques par l’élevage.

 En savoir plus : Elevage et objectifs de développement durable : enjeux et opportunités

Source : Viandes & Produits carnés

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