La viande de bœuf, un atout santé chez les plus de 50 ans (Article de synthèse)

Selon une revue systématique de la littérature de 9 essais randomisés contrôlés (ECR), la consommation de viande de bœuf ou de certains de ses nutriments aurait un effet globalement bénéfique sur la santé des plus de 50 ans. Et ce notamment via une amélioration de la fonction physique.

 Entre les articles à charge et ceux à décharge, difficile de se faire une opinion scientifiquement justifiée de l’impact de la consommation de viande rouge sur la santé et le bien-être. Pour éclairer le débat, une équipe de chercheurs s’est attachée à faire le point des conclusions des études de bonne qualité (uniquement des essais contrôlés randomisés, ECR) évaluant l’effet spécifique de la viande de bœuf et de ses nutriments (protéines, acides aminés, vitamines et minéraux) chez des adultes en bonne santé âgés de 50 ans et plus. Une tranche d’âge justifiée car elle correspond à l’arrivée des premières conséquences du vieillissement (maladies cardiaques, diabète…) et que, l’espérance de vie augmentant, mieux vaut vieillir en bonne santé.

 

Une recherche large, mais seulement neuf ECR

En pratique, les auteurs ont effectué des recherches dans les bases de données PubMed, CINAHL et Web of Science, ainsi que dans la liste des références des articles sélectionnés ou des revues connexes pour des essais menés jusqu’au 31 août 2021, via une large palette de mots clés : adultes âgés, bœuf, protéines alimentaires, acides aminés essentiels (AAE), acides aminés à chaîne ramifiée (AACR), tryptophane, arginine, cystéine, glycine, glutamate, vitamine B6, vitamine B12, choline, zinc et fer, avec en sus différents termes rattachés au concept de qualité de vie et de bien-être, tels que dépression, fonction cognitive, humeur, sommeil, fonction physique, fragilité, force. Seules neuf ECR, publiées entre 2005 et 2018, répondaient aux critères d’inclusion, soit un total de 864 participants. Les nutriments inclus dans ces études étaient consommés sous forme de liquide (deux études), de pilule (six études) ou d’aliments entiers contenant du bœuf (une seule étude).

 Un effet bénéfique

Globalement, les résultats de cette revue montrent un effet bénéfique du bœuf et des acides aminés apportés par ses protéines, mais pas des vitamines et minéraux, chez les adultes âgés en bonne santé. Les effets positifs les plus importants ont été trouvés dans l’article de Scognamiglio et al. (2005) : des cocktails d’acides aminés administrés par voie orale (versus placebo) pendant 3 mois ont amélioré de manière significative la capacité de déambulation, la force musculaire isométrique maximale et la capacité myocardique de sujets âgés sans affecter les paramètres métaboliques testés.

De manière plus spécifique, la fonction physique a également été positivement influencée par le bœuf et ses nutriments, conduisant à une amélioration globale de cette fonction. En revanche, la revue ne trouve pas d’effet significatif du bœuf et de ses nutriments sur d’autres composantes santé, comme le tour de taille ou la fonction cognitive.

En résumé, les résultats de cette revue systématique suggèrent que, lorsqu’ils sont comparés à un groupe témoin, les protéines et les acides aminés trouvés dans le bœuf peuvent influencer positivement la santé des adultes bien portants de plus de 50 ans, et ce via l’amélioration de leur fonction physique.

 Un besoin de recherche

Cependant, huit des études retenues portaient sur des nutriments spécifiques trouvés dans la viande de bœuf, et non sur la viande de bœuf elle-même, et ce chez des adultes âgés souffrant d’une ou plusieurs maladies chroniques. De manière surprenante, seul un ECR a évalué l’effet du bœuf en tant qu’aliment complet et deux ECR seulement ont examiné la masse maigre, la fonction physique et de multiples domaines du bien-être au sein du même essai. Cette étude pointe donc un besoin de recherches supplémentaires concernant l’effet du bœuf et de ses nutriments sur le bien-vieillir.

Selon les auteurs, « les futures recherches devraient porter sur un échantillon représentatif de la population d’adultes âgés en bonne santé, sans maladies chroniques, et examiner l’effet du bœuf maigre sur les composantes du bien-être. Par exemple, les ECR devraient mettre en œuvre une supplémentation en viande de bœuf maigre dans le cadre d’une approche multidimensionnelle avec des résultats fonctionnels comparables et définis de la masse corporelle, de la fonction cognitive, de la fonction physique et de la qualité de vie. » Autres points à investiguer selon eux : d’une part, les bénéfices santé des teneurs en AGMI et AGPI (acides gras mono- et poly-insaturés) de la viande de bœuf ; et d’autre part, les mécanismes moléculaires qui sous-tendent l’effet potentiel de la consommation de viande de bœuf, en dehors de l’exercice et de la perte de poids, sur le bien-être des adultes en bonne santé âgés de plus de 50 ans. Et les auteurs d’ajouter en conclusion : « A une époque où des agences encouragent l’abandon de la viande rouge (par exemple, le bœuf) et la consommation de régimes à base de plantes (Dietary Guidelines for Americans, 2020-2025, 2020 ; Europe’s Beating Cancer Plan, 2021), des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mettre l’accent sur les avantages fonctionnels du bœuf et des nutriments essentiels qu’il contient sur la santé globale et le bien-être des adultes en bonne santé, jeunes et vieux. »

 

Source : Hawley AL, Liang X, Børsheim E, Wolfe RR, Salisbury L, Hendy E, Wu H, Walker S, Tacinelli AM, Baum JI. The potential role of beef and nutrients found in beef on outcomes of wellbeing in healthy adults 50 years of age and older: A systematic review of randomized controlled trials. Meat Sci. 2022 Apr 21; 189:108830. (PDF sur abonnement)

À voir aussi