iPES-Food identifie 7 leviers pour la transition agroécologique (Article de synthèse)
Sous le titre « Se détacher de l’alimentation et des systèmes agricoles industriels : 7 cas d’étude de transition agroécologique », un panel d’experts internationaux d’iPes Food vient de rendre son rapport. Et d’identifier sept leviers d’action, sur la base de ces exemples concrets issus de plusieurs continents.
Le constat de départ du groupe d’experts à l’origine du rapport iPES Food publié en octobre dernier n’est ni plus ni moins celui dressé dans son premier rapport de 2016 : l’agriculture industrielle et les « systèmes alimentaires industriels » qui en découlent entraînent une dégradation de l’environnement, des difficultés économiques pour les petits exploitants, et sont en outre délétères pour la santé et la sécurité alimentaire… Aussi, ces experts considèrent que « un nouveau paradigme agroécologique s’impose ».
Sept études de cas
Suite à ce constat, ce second rapport présente 7 études de cas qui sont autant d’exemples concrets permettant de définir les défis opérationnels que posent de telles transitions :
- 1. Santa Cruz, Californie, États-Unis : transformer les monocultures de fraises en cultures et systèmes agroalimentaires durables grâce à un partenariat paysan-chercheur de 30 ans.
- 2. San Ramón, Nicaragua et Veracruz, Mexique : rompre avec la production industrielle de café dans les communautés caféicoles d’Amérique centrale.
- 3. Chololo, Tanzanie : repenser l’alimentation, l’agriculture, la foresterie et la gestion des ressources afin de construire un «écovillage».
- 4. Communauté rurale de Puhan, Shanxi, Chine : rétablir les liens de la communauté comme une étape vers des systèmes alimentaires coopératifs.
- 5. Vallée de la Drôme, France : construire la première région bio européenne.
- 6. Vega, Andalousie, Espagne : transition durable sous un vent politique changeant.
- 7. Cuba : transformer l’isolement économique en une opportunité de transition agroécologique.
Sept illustrations du champ des possibles
Les conclusions tirées de ces 7 exemples ? « Dans l’ensemble, les études de cas montrent qu’il est possible aux communautés, aux régions et à des pays entiers de repenser fondamentalement leurs systèmes alimentaires et agricoles. » Le processus de changement peut être lancé à partir d’une variété de points d’entrée (partenariat chercheurs-agriculteurs, remise en question, renforcement communautaire…) et ne commence pas toujours à la ferme avec la substitution d’intrants. Cependant, le changement doit s’étendre à quatre dimensions clés afin de maintenir les transitions : les pratiques de production, la génération de connaissances et leur diffusion, les relations sociales et économiques et, enfin, les cadres institutionnels. Alors seulement, les multiples « verrous » des systèmes industriels peuvent être levés.
Les leviers identifiés
Au final, les experts ont identifié différents leviers à travers les cas étudiés :
- 1. Construire de nouvelles structures de gouvernance et des systèmes économiques dirigés par des communautés, entre l’État et le marché, plutôt que de compter sur le changement dans les cadres institutionnels formels.
- 2. Développer des rôles hybrides pour les acteurs clés : les organisations agricoles, coopératives paysannes… peuvent avoir une grande influence, surtout si elles associent des fonctions de marketing coopératif, de partage de connaissances, de construction communautaire et de représentation politique.
- 3. Forger de nouvelles alliances entre des domaines déconnectés (agriculteurs, consommateurs et associations de défense de l’environnement), éviter d’enfermer le bio ou l’agroécologie dans des marchés de niche.
- 4. Ancrer les transitions dans les contre-récits et les théories du changement pour permettre aux gens de se différencier du modèle dominant.
- 5. Relocaliser les systèmes alimentaires et agricoles pour les reconnecter aux marchés locaux (marchés fermiers, vente directe…).
- 6. Promouvoir le partage des connaissances entre agriculteurs : écoles paysannes, fermes de démonstration.
- 7. Donner aux femmes et aux jeunes les moyens de conduire la transition.
Pour autant, les auteurs regrettent que les principales incitations politiques continuent majoritairement de soutenir « l’agriculture industrielle» et d’exclure les alternatives. Et ce sans doute, d’après eux, parce que ces décideurs en négligent les impacts durables et futurs : utilisation plus efficace des ressources, amélioration des moyens de subsistance des communautés et de l’alimentation, résilience accrue, amélioration de la biodiversité…
Et les auteurs de conclure que « pour aller de l’avant, la transition agroécologique doit de plus en plus s’articuler dans le cadre d’une transformation plus large de la société, s’étendant à d’autres aspects des relations environnementales et sociales au-delà des aliments, en reconnaissant les limites de la croissance et en demandant ce que signifie réellement vivre de manière durable ».
Source : ipes Food.
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