Efficacité énergétique des exploitations agricoles

L’Ademe a publié une étude sur l’efficacité énergétique dans l’agriculture. L’Agence a recensé une multitude de solutions, pour les différents types de production, qui permettent aux agriculteurs de réduire significativement leur facture énergétique. Ces solutions technologiques et de changement des pratiques agricoles, une fois combinées, pourraient permettre de réduire jusqu’à 43 % la consommation énergétique des exploitations agricoles à l’horizon 2050.

Si la consommation d’énergie finale de l’agriculture ne représente qu’une faible part de la consommation totale d’énergie de la France (3 %), les 13 000 euros de dépenses énergétiques annuelles moyennes par exploitation (valeur hors taxes en 2015) constituent une charge économique non négligeable dans les exploitations agricoles. En lien avec le machinisme agricole, cette énergie est principalement d’origine fossile donc très émettrice de gaz à effet de serre.

Un fort potentiel de réduction de la consommation énergétique

Le secteur agricole a fait de nombreux progrès ces dernières années pour réduire sa consommation énergétique. Un exemple : la récupération de chaleur sur les appareils de refroidissement ou le stockage d’eau chaude dans les serres. De multiples améliorations ont déjà été réalisées et des marges d’économie d’énergie existent encore pour les différentes filières de production (cultures, serres, bâtiments d’élevage).

L’étude quantifie les gains envisageables pour 43 solutions : pompes à chaleur, valorisation d’énergie fatale, ventilateurs économes, goutte à goutte, réduction du travail du sol…

Dans le cadre d’un scénario de large mise en œuvre de ces solutions techniques, une réduction de 26 % de la consommation énergétique dans l’agriculture est envisagée à l’horizon 2050. Dans le cadre d’un scénario plus ambitieux d’évolution des systèmes et des pratiques agricoles comme le recours aux techniques simplifiées de travail du sol (labour moindre, travail des sols moins en profondeur…), la réduction atteint même 43 % au même horizon en agissant plus fortement sur le principal poste de dépense énergétique : le carburant.

« En tant qu’éleveur, je travaille également à baisser drastiquement ma consommation d’énergie fossile sur mon exploitation. J’ai commencé depuis 4 ans à délaisser la charrue pour aller vers les semis directs (temps divisé par 4 et -40 % de gazole), à intégrer un maximum de légumineuses* dans mes rotations et faire des essais, prometteurs, de semis sur des couverts permanents », témoigne Pascal Chaussec, éleveur et président de l’association APEPHA (Agriculteurs Producteurs d’Électricité Photovoltaïque Associés) dans le Finistère.

Équipements plus performants et évolution des pratiques

Pour accompagner la diffusion de ces solutions, il est nécessaire d’agir à la fois sur l’aide à l’investissement et sur les changements de comportements et pratiques agricoles. Certaines solutions sont déjà appliquées dans les exploitations, en particulier dans les bâtiments d’élevage et les serres. L’acquisition d’équipements plus performants peut s’effectuer dans le cadre d’un accompagnement financier proposé par le dispositif des CEE (Certificats d’Économie d’Énergie).

Le cas du centre de production horticole de la ville de Paris

Le centre de production horticole de la ville de Paris (Val de Marne) s’étend sur 840 m² et a remplacé une serre conventionnelle par une serre bioclimatique (abri avec un dispositif de stockage qui permet de récupérer l’énergie solaire de la journée pour la restituer la nuit) et a ainsi réalisé des économies d’énergie de 45 % en moyenne pour un investissement de 50 €/m².

Sur le machinisme agricole (tracteurs et engins auto-moteurs notamment), des premières solutions, sans investissement notable, permettent d’atteindre une baisse de la consommation de 10 à 15 % (conduite économe, diagnostic des tracteurs au banc d’essai mobile). En complément, la mise en œuvre de pratiques du sol simplifiées (labour moindre, travail des sols moins en profondeur) et de nouvelles associations de cultures, la réorganisation du parcellaire des exploitations, permettent de réduire drastiquement de 40 à 50 % la consommation en carburants des tracteurs.

Des démarches collectives

Des exploitations agricoles de blé et de maïs ont mis en place des pratiques culturales en réduisant le travail du sol qui conduisent à la réduction de la consommation de carburant. Les Techniques Culturales Simplifiées (TCF) ou du semis direct (SD) ont permis de réaliser des économies de carburants, de l’ordre de 28 à 41 litres par hectare, en fonction des modes de production.

Au-delà des dispositifs d’aide à l’investissement qui restent indispensables, la multiplication et l’animation de démarches collectives territoriales constituent un levier fort. Elles facilitent l’implication des agriculteurs, leur passage à l’acte et le partage de connaissances. A ce titre, les groupes existants ou à créer tels que les GIEE (Groupement d’Intérêt Economique et Environnemental), les CUMA (Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole), les CETA (Centre d’Etudes Techniques Agricoles), les groupements de producteurs et notamment les coopératives agricoles qui s’impliquent dans des démarches de progrès sur l’énergie auront un rôle essentiel à jouer.

* Les légumineuses permettent de remplacer les apports d’engrais azotés très consommateurs d’énergie pour leur fabrication (fait à partir de gaz naturel). De plus, certaines légumineuses sont des plantes pérennes (ex : luzernes, trèfles…), ce qui permet de réduire le travail du sol, donc la consommation d’énergie.

Source : Ademe.

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