Des maladies à prion aux maladies neurodégénératives (INRA)

Le 26 juin dernier, l’Inra a publié sur son site un point sur les maladies à prion, sur la base d’un entretien avec Human Rezaei, directeur de recherche au sein du département santé animale.

Parce que ses recherches portent essentiellement sur les maladies à prion (maladie de la vache folle chez les bovins, tremblante du mouton chez les ovins, maladie de Creutzfeldt-Jakob chez les humains), Human Rezaei, directeur de recherche au département santé animale de l’Inra, connaît bien les spécificités de cet agent pathogène. « Le prion est une protéine naturellement présente dans les cellules. Sous une configuration spatiale anormale, elle devient pathogène, s’accumule dans le cerveau et conduit à la mort des neurones. A l’instar des pathogènes conventionnels – les virus, les bactéries, etc. -, il est capable de se répliquer, de se propager, de se perpétuer, d’évoluer et de s’adapter à un nouvel hôte. Il stocke l’information qui lui confère sa pathogénicité et son mode de réplication […] et l’encode dans la structure tridimensionnelle d’une protéine appelée PrP », explique-t-il. Le prion s’attaque aux tissus cérébraux : « Lorsqu’il s’y réplique, il provoque des dégâts : accumulations de protéines (plaques amyloïdes), mort de neurones. Ses mécanismes de neurotoxicité restent cependant méconnus », reconnaît le chercheur.

Des similitudes avec les maladies neurodégénératives

Et de souligner le point commun entre les maladies neurodégénératives (et notamment Alzheimer) et les maladies à prion : « Alzheimer, Parkinson, Huntington, maladies à prion sont des protéinopathies, c’est-à-dire des maladies dues au mauvais repliement de protéines cérébrales entraînant leur agrégation. » Par exemple, pour les maladies d’Alzheimer et à prion, ce sont des protéines membranaires et extracellulaires du système nerveux central qui créent des assemblages amyloïdes ; et le mode de propagation des peptides amyloïdes ß qui en résultent est apparenté, dans une certaine mesure, à celui du prion.

Toujours pas de traitement pour ces maladies

Actuellement, il n’existe aucun traitement pour guérir ces maladies. Human Rezaei et son équipe ont récemment mis en évidence une unité élémentaire, constitutive du prion, qui serait nécessaire et suffisante pour assurer sa propagation. Peut-on y voir un espoir pour les maladies neurodégénératives ? Malheureusement non… « Nos résultats sont très spécifiques du prion : nous n’avons pas mis en évidence une telle unité élémentaire pour la maladie d’Alzheimer. Pour traiter les maladies à prion, nous cherchons à identifier des molécules qui pourraient cibler cette unité élémentaire. Notre objectif n’est pas de la détruire, mais de l’isoler ou de prévenir sa formation », explique le chercheur.

Source : Inra.

Article 10/18 du dossier "Encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST)"

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