Apports protéiques et force musculaire : des associations plus marquées avec les sources animales (Article de synthèse)

Si la force musculaire augmente avec les apports en protéines totales, animales et végétales chez les adultes de la cohorte américaine NHANES, l’association est toutefois plus marquée avec les protéines animales, en particulier chez les plus âgés. Des résultats qui soulignent l’importance de la qualité des apports protéiques lors de l’avancée en âge.

Le vieillissement est associé à une perte progressive de la masse et de la force musculaires. Or des apports protéiques suffisants pourraient aider à les préserver en stimulant la synthèse protéique. Des chercheurs ont ainsi voulu étudier les liens entre les apports en protéines et la force musculaire chez des adultes jeunes et seniors. Pour cela, ils ont analysé les données obtenues entre 2011 et 2014 chez près de 10 000 sujets inclus dans l’enquête nutritionnelle et de santé américaine NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey). La force musculaire était évaluée au niveau de la poignée de main et les chercheurs ont mis celle-ci en relation non seulement avec les apports protéiques totaux des sujets (analyses quantitatives), mais aussi avec les sous-types d’apports protéiques, d’origine animale ou végétale (analyses qualitatives).

Des relations plus marquées avec les protéines d’origine animale

Quel que soit l’âge des sujets, la force musculaire augmentait avec les apports en protéines totales, animales ou végétales. Toutefois, les relations étaient plus marquées avec les protéines animales et, chez les plus de 50 ans, la relation n’était observée qu’avec ce type de protéines, suggérant que la qualité de l’apport protéique devient plus importante avec l’âge. À noter, la force musculaire augmentait également avec les apports en leucine, un acide aminé à chaîne latérale ramifiée, connu pour son rôle dans la synthèse protéique musculaire se produisant en réponse à un repas. Les auteurs suggèrent que la résistance anabolique qui apparaît avec l’âge[1] induit des besoins en acides aminés indispensables et en protéines totales plus élevés pour stimuler la synthèse protéique, alors même que les besoins et les apports énergétiques ont tendance à diminuer. D’où l’importance d’une densité nutritionnelle protéique élevée, comme c’est le cas dans les produits animaux.

Une dose minimale de protéines par repas est nécessaire 

Sachant qu’une quantité minimale de protéines par repas est nécessaire pour stimuler la synthèse protéique musculaire post-prandiale, les chercheurs ont comparé la force musculaire entre les adultes ingérant plus de 20 g de protéines par repas et les autres. Comme attendu, ils mettent en évidence une force musculaire supérieure chez les premiers, celle-ci augmentant avec le nombre de repas quotidiens contenant plus de 20 g de protéines. Chez les sujets plus âgés, cette relation n’était observée que pour un repas de la journée, le déjeuner, qui pourrait donc, en concentrant des apports protéiques suffisants, revêtir une importance particulière pour préserver la synthèse et donc la force musculaire dans cette population.

Un socle quantitatif complété par des recommandations qualitatives

L’interprétation croisée des analyses quantitatives et qualitatives réalisées amène les auteurs à proposer un schéma pyramidal de recommandations protéiques : selon ce modèle, des apports quantitatifs suffisants forment le socle de la pyramide et le principal déterminant d’une fonction musculaire optimale. Toutefois, en situation d’apports énergétiques et/ou protéiques réduits, une plus haute qualité des apports protéiques et leur bonne distribution au cours de la journée seraient également d’une grande importance.

Référence : Pikosky MA, Cifelli CJ, Agarwal S, Fulgoni VL 3rd. Association of Dietary Protein Intake and Grip Strength Among Adults Aged 19+ Years: NHANES 2011-2014 Analysis. Front Nutr. 2022 May 13;9:873512. doi: 10.3389/fnut.2022.873512.

[1] Avec l’avancée en âge, la synthèse protéique (= anabolisme) qui se produit naturellement en réponse à la prise d’un repas diminue. On parle de « résistance anabolique ».

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