Agroalimentaire et éthique : valoriser des pratiques équitables

Le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) explore les enjeux éthiques qui traversent les secteurs agricole et agroalimentaire dans un rapport daté de février 2024 et publié en juin 2025. Face aux attentes grandissantes de la société en matière de développement durable, de bien-être animal, de transparence et de responsabilités environnementales et sociales, ce travail met en lumière les avancées déjà réalisées, mais aussi les obstacles persistants : manque de cohérence politique, coût des transitions, incertitudes techniques et perceptions divergentes entre acteurs. Pour répondre à ces défis, le rapport formule six recommandations concrètes portant notamment sur la formation, le financement, la responsabilité sociétale, la communication et l’information du consommateur.
La prise en compte de l’éthique n’est pas nouvelle dans les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation mais sa nécessité s’est progressivement renforcée au fil du temps, en particulier depuis les dernières décennies du XXe siècle. Pour toutes les parties prenantes, des chercheurs jusqu’aux citoyens, en passant par les producteurs, les acteurs des industries agroalimentaires, les grossistes, les distributeurs, les consommateurs, mais aussi les représentants des administrations et les élus, elle relève d’abord d’une conscience de leur responsabilité vis-à-vis du développement durable. Cela s’apparente à une recherche de sens pour consommer mieux et assurer un bien-être accru pour tous. La transparence et la sincérité des informations données sont désormais essentielles. Chaque citoyen se sent concerné, mais aussi chaque entreprise. Les entreprises, dans leur ensemble, le manifestent à travers la responsabilité sociétale des entreprises et des organisations, qui se développe et devient un outil de management et d’évolution. Les autorités publiques nationales et européennes donnent l’impulsion ou accompagnent des évolutions au travers des multiples stratégies et politiques mises en œuvre. La mission a ainsi pu constater que les exigences environnementales et sociales, ainsi que les attentes éthiques de la société, sont prises en considération, même si des progrès significatifs restent encore à réaliser. Dans les domaines agricole et alimentaire, l’éthique apparait comme un ferment des transitions, malgré les difficultés et les controverses auxquelles elle donne lieu entre les parties. Celles-ci concernent notamment le rythme auquel les évolutions sont à conduire et l’articulation entre des mesures de temps long et de temps court appliquées aux politiques agricoles et aux stratégies des opérateurs de la chaîne alimentaire.
La nécessité de changer les systèmes et les pratiques agricoles, ainsi que les systèmes alimentaires n’est globalement pas contestée par les milieux agricoles et alimentaires. Cependant, elle fait face à plusieurs obstacles : manque de cohérence et de stabilité des politiques et stratégies, difficultés à faire prendre conscience de la complexité des écosystèmes, rentabilité des entreprises et retour sur investissements non assurés, coût des transitions difficile à chiffrer, freins psychologiques nourris par un contexte général d’incertitudes et de risques qui décourage, controverses avec la société civile qui doute et manque d’informations fiables sur les réalités des mutations entreprises et sur le pas de temps réellement nécessaire.
Des perspectives claires sont attendues pour établir un juste équilibre entre les attentes de la société civile et une économie agricole et alimentaire performante assurant la souveraineté alimentaire. Dans ce contexte, six recommandations sont formulées ayant trait au rôle du ministère chargé de l’agriculture pour promouvoir l’éthique auprès des secteurs agricole et agroalimentaire, au développement de la responsabilité sociétale et des lieux de recherche action, à la formation continue, au financement de transitions éthiques, à la communication (information et étiquetage).
Pour en savoir plus : Comment concilier éthique, agriculture et agroalimentaire ?
Source : Ministère de l’agriculture
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