Vidéosurveillance en abattoir : les résultats de l’expérimentation (Article de synthèse)

Le comité de suivi et d’évaluation de l’expérimentation de la vidéo aux postes de saignée et de mise à mort confirme l’intérêt d’un dispositif de vidéosurveillance en abattoir. Un accompagnement technique et financier favoriserait son acceptation et sa généralisation.

« Si la mise en place de caméras vidéo se banalisait et se généralisait, elle rentrerait sans doute dans la normalité en en faisant un des outils pertinents, à la disposition des professionnels, qui peut permettre de surveiller efficacement les animaux vivants jusqu’à leur mise à mort et particulièrement pour contrôler l’absence de signes de conscience. » Telle est la conclusion du comité de suivi et d’évaluation de l’expérimentation de la vidéosurveillance au poste de mise à mort en abattoir, dans un rapport publié en juin 2021. Ce dispositif faisait partie des mesures prises par la loi 2018-938 dans le sillage des Etats Généraux de l’Alimentation, et en réponse aux préoccupations sociétales croissantes pour le bien-être animal.

 Enquête auprès de cinq abattoirs volontaires

Le comité de suivi et d’évaluation s’est appuyé sur une enquête menée auprès d’abattoirs volontaires pour participer à l’expérimentation. Des entretiens sur site ou par téléphone ont ainsi permis de recueillir les retours d’expérience des responsables (direction, responsable qualité et protection animale) et des opérateurs de ces structures.

Cette enquête n’a concerné qu’un échantillon restreint d’abattoirs : sur 870 établissements, seuls cinq se sont portés volontaires (trois de volailles et deux de boucherie). Parmi la cinquantaine d’abattoirs déjà équipés de vidéosurveillance en France, seuls quatre ont participé. En cause ? Des contraintes financières et réglementaires pour un dispositif pilote sans contrepartie avantageuse.

 Bientraitance, exemplarité, amélioration des process

Dans de telles conditions, comment expliquer que cinq établissements aient néanmoins daigné participer ? Les responsables interrogés ont évoqué une démarche de bientraitance, d’innovation et d’exemplarité. La vidéosurveillance en abattoir permet selon eux de remplir différents objectifs : réponse aux exigences de la société et des clients (entreprises agroalimentaires et chaines de restauration rapide) ; détection des dysfonctionnements et amélioration des locaux et des process ; gain de temps sur les contrôles internes ; caractérisation et valorisation des bons gestes dans les formations internes ; sanction des comportements inadaptés.

Par ailleurs, la vidéosurveillance bénéficie d’une perception très positive chez les responsables des abattoirs enquêtés. Pour les cadres (direction, responsable de la qualité et de la protection animale), elle s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue. Un avis partagé par les services vétérinaires d’inspection, pour qui le recours à la vidéo facilite la résolution des litiges avec les opérateurs. Ces derniers sont plus réservés. Ils expriment notamment des inquiétudes quant à l’opacité du système et l’usage des images par la direction.

 Un dispositif utile et pratique

Sur le plan financier, une prise en charge dans le cadre du plan de relance permettrait de lever les réticences liées au coût d’un tel dispositif. Un accompagnement technique, basé sur l’expérience des établissements déjà équipés, faciliterait son déploiement et son acceptation par les opérateurs.

Ainsi, la vidéosurveillance est installée en priorité dans les locaux de déchargement et d’hébergement des animaux. Les plans larges permettent d’observer les mouvements des bêtes et les manipulations effectuées par le personnel extérieur à l’établissement. Le dispositif est ensuite installé sur le reste de la chaîne. Sur les postes d’abattage, les plans sont resserrés et centrés sur l’animal pour vérifier le comportement (mouvements, tremblements) et la perte de conscience. Il est ainsi possible de détecter d’éventuelles atteintes au bien-être animal sans focaliser sur le visage de l’opérateur.

La réglementation impose déjà aux professionnels des contrôles internes de leurs opérations de manipulation, d’amenée, d’assommage et de saignée des animaux. Pour le comité de suivi, la vidéosurveillance représente un outil complémentaire, plébiscité par ses usagers : « Même si le nombre d’abattoirs enquêtés est faible, il ressort de l’expérimentation que si les exploitants reconnaissent qu’ils ont pu être prudents, voire à un moment donné réticents pour installer un dispositif de contrôle par vidéo, ils sont unanimement satisfaits du dispositif qu’ils trouvent utile et pratique. Personne ne souhaite le supprimer. » 

 Pour en savoir plus :  Comité de suivi et d’évaluation de l’expérimentation du dispositif de contrôle par vidéo dans les abattoirs tel que prévu par l’article 71 de la loi du 30 octobre 2018

Source : CGAAER

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