Végétarisme ou faible consommation de viande et risque de cancers

 Selon une nouvelle étude de cohorte hollandaise, le végétarisme ou la faible consommation de viande ne seraient pas associés à une réduction du risque* de cancer du sein, de la prostate et du poumon. Contexte : Les quelques études prospectives ayant examiné le risque de cancer du sein, du poumon et de la prostate chez des végétariens ont fournis des résultats hétérogènes. Aucun n’a étudié les effets de régimes pauvres en viandes. De plus on sait peu de choses des facteurs non alimentaires associés à ces régimes. Méthodologie : La cohorte Hollandaises NLCS-MIC est une cohorte comprenant 11 082individus dont 1 133 végétariens déclarés (55-69 ans au départ). Au départ de l’étude (1986) les sujets ont rempli un questionnaire sur leurs habitudes alimentaires et d’autres facteurs de risque de cancer. Ils ont été classé en « végétariens » (n=691), « pescovégétariens » (n=389), consommateurs de viandes 1 fois par semaine (n=1388), 2 à 5 fois par semaine (n=2965) et 6 à 7 fois par semaine (n=5649). Résultats : Après 20.3 années de suivi, 279 cas de cancer du poumon, 312 cas de cancer du sein post-ménopause et 399 cas de cancer de la prostate (dont 136 avancés) ont été déclarés. Après ajustement sur les variables confondantes, les auteurs ont retrouvé des réductions non significatives de 15 % du risque relatif de cancer du poumon dans le groupe des végétariens et de 46 % chez les pescovégétariens (HR=0.85, IC95% : 0.39-1.84 et HR=0.54, IC95% : 0.17-1.70, respectivement) comparés aux consommateurs quotidiens de viande (6 à 7 fois/semaine). Des données similaires étaient retrouvées chez les non consommateurs de viande par rapport aux consommateurs réguliers mais n’étaient toujours pas significatives (en raison d’un échantillon faible de cas parmi les végétariens et pescovégétariens). Aucune association n’était observée avec le risque relatif de cancer du sein post-ménopausique, ni le cancer de la prostate. Quant au cancer avancé de la prostate, des données significatives mais inverses à ce qui étaient attendu ont été observées : après ajustement selon les éléments confondants, les individus consommant de la viande une fois par semaine présentaient un risque augmenté de 75 % de cancer avancé de la prostate comparé à ceux qui en consommaient 6 à 7 fois par semaine (IC95% : 1.03-2.97). Les auteurs n’expliquent pas ces résultats contraires à ce qui a été publié précédemment. Conclusion : Les auteurs concluent que le végétarisme et le pesco-végétarisme ainsi que la consommation de viandes une fois par semaine ne conduit pas à une réduction du risque de cancer du poumon, du sein (postménopause) ou de la prosta te comparé à la consommation quotidienne de viande. Dès lors que le tabagisme est pris en compte, les données d’association entre végétarisme et cancer ne sont plus significatives, suggérant que le tabagisme est un élément confondant important. Source : Vegetarianism, low meat consumption and the risk of lung, postmenopausal breast and prostate cancer in a population-based cohort study. Gilsing AM, Weijenberg MP, Goldbohm RA, Dagnelie PC, van den Brandt PA, Schouten LJ. Eur J Clin Nutr. 2016 Mar 2 Rappel sur les notions de risque utilisées dans les études épidémiologiques : Par « augmentation du risque », une étude épidémiologique entend qu’une association positive a été établie par calculs statistique entre les consommations élevées d’un aliment (viandes dans le cas présent) et le risque d’apparition d’une maladie (tel ou tel cancer). Il ne s’agit pas d’une relation démontrée de cause à effet mais d’une relation observée par traitements statistiques. Il s’agit d’un Risque Relatif (RR), c’est à dire un risque calculé par comparaison : souvent il s’agit de comparer le nombre de personnes qui ont eu  le cancer en question au sein du groupe de population présentant des consommations de viandes rouges ou de viandes transformées élevées par rapport à celui du groupe dont les consommations sont faibles. Pour qu’un RR soit considéré comme ou « vrai » ou significatif du point de vue statistique, c’est-à-dire que l’on n’ait que 5 % de chances de se tromper en affirmant qu’il est augmenté (RR >1) ou diminué (RR <1), l’intervalle de confiance à 95 % (IC 95 %) qui donne la fourchette de la probabilité ne doit pas contenir le chiffre 1 (1 = probabilité égale d’avoir ou de ne pas avoir de maladie). La valeur de la probabilité de se tromper (p) en général acceptée est 0.05.

Article 31/59 du dossier "Viande, alimentation et cancer"

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