Une souveraineté alimentaire à reconquérir selon un rapport de l’Institut Montaigne (Article de synthèse)

Perte de compétitivité, dépendance à l’import sur certains produits, manque d’attractivité de l’agriculture : c’est un constat bien maussade qu’établit l’Institut Montaigne dans son rapport « En campagne pour l’agriculture de demain. Propositions pour une souveraineté alimentaire durable« . Le Think-Tank priorise six chantiers à mener de front pour reconquérir la puissance alimentaire de la France et en faire « le premier pays agricole durable ».

Mené par l’ancien ministre de l’Agriculture, Hervé Gaymard, le groupe de travail en charge du rapport a dégagé six chantiers jugés essentiels et urgents pour assurer la souveraineté alimentaire de la France :  la cohérence des politiques publiques, et notamment entre la PAC et la politique commerciale ; la compétitivité des filières agricoles ; le revenu agricole, et l’attractivité des métiers ; l’accès et la durabilité des facteurs de production (foncier, eau, innovation…) ; l’accompagnement aux modes de production durable et la transition alimentaire. La Présidence Française à l’Union Européenne, le premier semestre 2022, doit être l’occasion d’incarner ces priorités.

Un secteur vital en manque de bras

Difficultés de dialogue avec la société, tensions dans les filières et absence de répartition de valeur vers l’agriculture : le renouvellement des générations est en difficulté. un problème important. Un agriculteur français sur deux partirait en retraite dans les dix ans et d’ores et déjà un agriculteur sur quatre quitte sans remplaçant. C’est d’ailleurs ce que montre le dernier recensement agricole récemment publié. Si la tendance se poursuit, qui produira l’alimentation française de demain ?

Le revenu des agriculteurs constitue le nerf de la guerre. Sa revalorisation nécessite une réforme des relations commerciales dans les filières, s’appuyant notamment sur la contractualisation. Le rapport cite également la diversification comme levier à actionner, incluant la production d’énergie renouvelable (méthanisation, biocarburants) ou encore la vente de services environnementaux et de carbone.

Régulation et soutien dans les transitions

Si produire plus durablement est l’objectif commun, il est nécessaire selon l’Institut Montaigne de mettre en œuvre un ensemble de moyens importants :

  • la préservation des facteurs de production (protection du foncier contre l’artificialisation des sols, gestion durable de l’eau),
  • l’innovation (génétique, recherche d’alternatives aux intrants pour éviter les impasses techniques),
  • le soutien aux modes de production les plus durables (HVE, bio, signes de qualité),
  • des outils de gestion des risques efficaces (assurances…),
  • la rémunération des pratiques vertueuses (stockage de carbone…),
  • sans oublier la sécurisation du revenu agricole.

Une éducation et un étiquetage renforcés devraient permettre aux consommateurs de cibler les produits plus sains, mieux produits et d’origine française.

Un appel à des politiques cohérentes avec des mesures miroirs

La stratégie « Farm to fork », qui guidera la prochaine PAC, se veut ambitieuse pour réduire l’impact environnemental et en particulier l’impact carbone de l’agriculture. Mais cette ambition aura un prix : une perte de production de 10 à 15 % dans tous les secteurs  et une augmentation des importations et donc du carbone importé. De fait, il s’avère indispensable de mettre en place des mesures miroirs pour que les importations de produits alimentaires respectent les mêmes standards que notre production domestique. Le rapport s’alarme au passage du contraste entre la baisse continue du soutien à l’agriculture dans l’Union Européenne et le réinvestissement massif de nombreux Etats dans leur agriculture.

 

Source : Institut Montaigne

 

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