Une méta-analyse montre l’efficacité des co-inhibiteurs pour réduire le méthane entérique (TRADUCTION)
Responsables d’une part notable des émissions agricoles de gaz à effet de serre, les émissions de méthane issues du rumen sont au cœur des stratégies d’atténuation dans les systèmes d’élevage. Une méta-analyse fondée sur plus de 900 jeux de données montre que les inhibiteurs de méthane, en particulier les co-inhibiteurs, permettent une réduction significative des émissions en agissant sur la composition du microbiote ruminal. L’étude identifie également les groupes microbiens les plus liés aux émissions et souligne l’importance des interactions entre hôte, micro-organismes et additifs pour optimiser les leviers de réduction des émissions entériques.
Les émissions de méthane dans le rumen (EMR) contribuent de manière significative aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, ce qui souligne la nécessité d’identifier des inhibiteurs efficaces pour les atténuer. Bien que divers inhibiteurs aient montré un potentiel de réduction des EMR en modulant les microorganismes du rumen, leurs effets présentent des variations et des incohérences considérables. Des chercheurs ont ainsi souhaité évaluer quantitativement les impacts de divers inhibiteurs de méthane sur les EMR, l’abondance microbienne du rumen et la fermentation chez les ruminants. En outre, les relations entre l’abondance microbienne et les EMR ont été examinées par le biais de méta-régressions.
Des résultats basés sur plus de 270 expérimentations
Une méta-analyse et une méta-régression ont été réalisées pour évaluer l’impact des inhibiteurs de méthane, parmi lesquels le 3-nitrooxypropanol, les ionophores, les nitrates, les triglycérides, les produits phytochimiques et les co-inhibiteurs, sur les EMR et le microbiote du rumen chez des bovins de boucherie, des bovins laitiers et des ovins.
L’analyse de 922 ensembles de données provenant de 274 expériences a révélé que, à l’exception des ionophores (P=0,43), les inhibiteurs réduisaient de manière significative les EMR ; les co-inhibiteurs affichant la plus grande efficacité (différence moyenne standardisée -2,1 ; P<0,01). Les effets des inhibiteurs étaient davantage prononcés chez les ovins que chez les bovins. Les inhibiteurs ont réduit l’abondance des ciliés et des méthanogènes, avec des corrélations positives observées entre les EMR d’une part et les Dasytrichidae (P=0,05), les Entodinomorphes (P≤0,001), les Methanobacteriales (P=0,001) et les champignons (P<0,01) d’autre part.
Identification des principaux microorganismes émetteurs de méthane
Parmi les inhibiteurs, les triglycérides ont présenté une réduction simultanée de l’abondance des méthanogènes, des ciliés et des champignons. Le 3-nitrooxypropanol et les triglycérides ont augmenté l’hydrogène (H2) dans le rumen tout en réduisant le rapport acétate-propionate, en particulier chez le bœuf. Les émissions de H2 étaient négativement corrélées (P<0,01) et le rapport acétate-propionate était positivement corrélé (P<0,001) aux EMR.
Ces résultats montrent, d’une part, que les microorganismes, tels que les Dasytrichidae, les Entodinomorphes, les Methanobacteriales et les champignons, contribuent de manière significative aux EMR et, d’autre part, que les co-inhibiteurs sont les composés les plus efficaces pour limiter les EMR et réduire l’abondance des microorganismes. Cette étude souligne également le rôle de l’hôte et du microbiote dans la modulation de l’efficacité des inhibiteurs envers les EMR. Améliorer les additifs pour le rumen constitue donc un moyen efficace d’atténuer les émissions de méthane associées à la production de viande et de lait.
Référence : Ma G, Jin W, Zhang Y, Gai Y, Tang W, Guo L, Azzaz HH, Ghaffari MH, Gu Z, Mao S, Chen Y. A Meta-Analysis of Dietary Inhibitors for Reducing Methane Emissions via Modulating Rumen Microbiota in Ruminants. J Nutr. 2025 Feb; 155(2):402-412.
Source : The Journal of Nutrition
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