Une analyse des dynamiques d’évolution des systèmes fourragers et de la place accordée à l’herbe
Si la prairie présente des intérêts agronomiques, économiques et environnementaux, les surfaces herbagères ont considérablement diminué depuis les années 1960, au profit du maïs. Dans certaines régions, tel le pays rennais (Ille-et-Vilaine), la tendance semble toutefois s’inverser depuis 2000. Pour analyser ces dynamiques, une équipe de chercheurs s’est penchée sur les évolutions des systèmes fourragers des exploitations laitières de cette région au cours des quinze dernières années. Pour cela, les auteurs ont reconstitué, par enquêtes, les trajectoires d’évolution, sur cette période, de 15 exploitations laitières représentatives, en se focalisant sur la place de l’herbe dans le système fourrager. Leurs travaux sont publiés dans la revue Agricultural Systems.
Six trajectoires d’évolution
L’analyse des données collectées met en évidence six trajectoires d’évolution. Celles associées à une forte progression des surfaces en prairies vont de pair avec une complexification de la gestion de la ressource herbagère : implantation de prairies multi-espèces, pâturage tournant rationné, extension des durées d’implantation des prairies, etc. Les éleveurs s’orientant dans ces directions privilégient l’autonomie du système de production et sont bien intégrés aux groupes de développement agricole alternatifs, tels les Civam.
À rebours, les éleveurs qui réduisent l’herbe la gèrent de façon très simplifiée. Celle-ci est souvent cantonnée à quelques prairies permanentes pâturées en continu par les animaux non productifs. Focalisés sur les niveaux de production par animal, ces éleveurs privilégient le maïs pour l’alimentation des vaches laitières. Ils sont intégrés aux réseaux de développement agricole classiques ou ont recours à un conseil individualisé.
Pour terminer, les auteurs mettent également en évidence des trajectoires qualifiées « d’hybrides », où des éleveurs conservent des systèmes fourragers reposant largement sur le maïs, mais augmentent légèrement les surfaces en herbe au cours de la période étudiée, dans le but de réduire les coûts alimentaires et de sécuriser leurs marges. Ces agriculteurs se situent souvent à l’interface de plusieurs groupes de développement agricole, classiques et alternatifs. Ce dernier point montre que les logiques herbagères et reposant sur le maïs ne sont pas exclusives et que des combinaisons sont possibles.
Source : Veille CEP.
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