Un rapport conjoint de l’EFSA et de l’ECDC livre les données d’antibiorésistance des principales bactéries responsables de zoonoses alimentaires
L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) ont publié en mars 2025 un rapport recensant les données d’antibiorésistance chez des bactéries pathogènes clés en 2022-2023. Les conclusions indiquent que la résistance à des antimicrobiens couramment utilisés, tels que l’ampicilline, les tétracyclines et les sulfamides, reste élevée, tant chez l’Homme que chez l’animal, pour des agents pathogènes clés tels que Salmonella et Campylobacter. La résistance d’E. coli est également fréquemment observée chez les animaux.
Ce rapport présente les principaux résultats de la surveillance harmonisée de la résistance antimicrobienne (RAM) 2022-2023 chez Salmonella spp, Campylobacter jejuni et Campylobacter coli pour l’Homme et les animaux producteurs de denrées alimentaires (poulets de chair, poules pondeuses et dindes d’engraissement, porcs d’engraissement et bovins âgés de moins d’un an) et dans les viandes dérivées. Pour les animaux et la viande, les données sur la RAM concernant les Escherichia coli commensaux indicateurs, les E. coli présumés producteurs de bêta-lactamase à spectre étendu (BLSE)/bêta-lactamase AmpC (AmpC)/carbapénémase (CP) et l’occurrence de Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) ont également été analysées.
Des différences majeures selon les pays
D’une manière générale, la résistance diffère grandement entre les pays déclarants et les antimicrobiens. Une forte proportion d’isolats de Salmonella spp. et de Campylobacter provenant d’humains et d’animaux était résistante aux antimicrobiens couramment utilisés (ampicilline, tétracycline et sulfamides) en médecine humaine et vétérinaire, bien que les isolats de Salmonella provenant de poules pondeuses présentaient une résistance plus faible. Chez l’Homme, des tendances à l’augmentation de la résistance à la ciprofloxacine, l’un des deux antimicrobiens d’importance critique (AIC) pour le traitement humain, ont été observées chez les sérovars de Salmonella associés à la volaille et chez Campylobacter, dans plusieurs pays déclarants. Une résistance combinée aux AIC a toutefois été observée dans une faible proportion d’isolats, à l’exception de certains sérovars de Salmonella et de C. coli provenant d’humains et d’animaux dans certains pays.
Des suivis à poursuivre
Bien qu’aucun isolat de Salmonella producteurs de CP n’ait été détecté chez les animaux en 2022-2023, cinq cas humains ont été signalés en 2022 et six cas en 2023 (la majorité d’entre eux hébergeant des gènes blaOXA-48 ou des gènes similaires à blaOXA-48). La détection d’isolats d’E. coli producteurs de CP (porteurs des gènes blaOXA-48, blaOXA-181, blaOXA-244, blaNDM-5 et blaVIM-1) chez des poulets de chair, des dindes d’engraissement, des porcs d’engraissement, des bovins âgés de moins d’un an et des viandes de porc par sept États membres en 2022 et 2023, nécessite un suivi approfondi.
Les analyses des tendances temporelles des principaux indicateurs de résultats (sensibilité complète et prévalence des E. coli producteurs de BLSE/AmpC) ont montré des progrès encourageants dans la réduction de la RAM chez les animaux producteurs d’aliments dans plusieurs États membres de l’UE au cours des dix dernières années.
Pour en savoir plus : Un rapport conjoint de l’EFSA et de l’ECDC sur les données d’antibiorésistance
Référence : EFSA and ECDC (European Food Safety Authority and European Centre for Disease Prevention and Control), (2025). The European Union summary report on antimicrobial resistance in zoonotic and indicator bacteria from humans, animals and food in 2022–2023. EFSA Journal, 23(3), e9237.
Sources : AMR Promise ; EFSA Journal
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