Suivi des ventes d’antibiotiques vétérinaires

Depuis 1999, l’Anses a mis en place, un suivi annuel des ventes d’antibiotiques vétérinaires. Ce suivi est basé sur les recommandations du chapitre 6.8 du code sanitaire pour les animaux terrestres de l’OIE 2016 « Suivi des quantités d’agents antimicrobiens utilisées chez les animaux servant à la production de denrées alimentaires et détermination des profils d’utilisation ».

Pourquoi suivre les ventes d’antibiotiques

Le suivi des ventes d’antibiotiques en médecine vétérinaire permet d’évaluer leur utilisation et de suivre l’évolution des pratiques en matière d’antibiothérapie chez les différentes espèces animales. Les informations recueillies sont un des éléments indispensables, avec le suivi de la résistance bactérienne, pour permettre une évaluation des risques liés à l’antibiorésistance. Ces informations permettent également de proposer des mesures de gestion de ce risque et de suivre leurs effets (voir les principaux résultats de 2017).

Comment est réalisé ce suivi ?

Ce suivi des ventes d’antibiotiques est basé sur une déclaration annuelle des ventes d’antibiotiques par les laboratoires qui les commercialisent. Ces données peuvent être croisées avec d’autre sources d’informations (déclaration des chiffres d’affaires, enquêtes de prescription,…).

Les informations recueillies auprès des laboratoires couvrent 100 % des médicaments autorisés. L’utilisation hors autorisation de mise sur le marché (AMM) de spécialités humaines ou de préparations extemporanées dans le cadre des dispositions de la cascade (article L. 5143-4 du Code de la Santé Publique) n’est pas prise en compte. Depuis 2009, les laboratoires ont déclaré la répartition pour la majorité des médicaments par espèces de destination. Pour certaines espèces, il a été possible de confirmer ces déclarations par des enquêtes sur la prescription vétérinaire et l’utilisation en élevage.

Comment doit-on interpréter ces résultats ?

Les volumes de ventes d’antibiotiques ne traduisent pas précisément leur utilisation. En effet, les antibiotiques récents sont plus actifs et nécessitent l’administration d’une quantité d’antibiotique plus faible. Pour évaluer l’exposition des animaux aux antibiotiques, il est nécessaire de prendre en compte, en particulier, la posologie et la durée d’administration, mais aussi l’évolution de la population animale au cours du temps. L’ALEA (Animal Level of Exposure to Antimicrobials) estime le niveau d’exposition des animaux aux antibiotiques. Ainsi une diminution du volume des ventes ne traduit pas forcément une diminution de l’utilisation.

Le premier plan EcoAntibio 2012-2016 visait une réduction de 25 % de l’usage des antibiotiques en 5 ans, en portant une attention particulière à l’utilisation des antibiotiques d’importance critique en médecine vétérinaire et humaine. L’objectif global du premier plan a été atteint avec une diminution de l’exposition animale aux antibiotiques de 37 % en 5 ans.

La loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt (LAAAF2, loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014) a ajouté des objectifs particuliers pour les antibiotiques d’importance critique en médecine humaine. Elle a ainsi fixé un objectif de réduction de 25 % en 3 ans de l’utilisation des antibiotiques appartenant aux familles des Fluoroquinolones et des Céphalosporines de 3e et 4e générations, l’année 2013 étant l’année de référence. Cet objectif a été atteint et largement dépassé en 2016.

Le nouveau plan EcoAntibio 2017-2021 vise à inscrire dans la durée la baisse de l’exposition des animaux aux antibiotiques. Il prévoit des actions de communication et de formation, l’accès à des alternatives aux antibiotiques et l’amélioration de la prévention des maladies animales. Un objectif spécifique à la colistine vise une réduction de 50 % de l’exposition à cet antibiotique en 5 ans en filière bovine, porcine et avicole.

Quels sont les principales évolutions observées ?

Volumes de ventes
En 2017, le volume total des ventes s’élève à 499 tonnes d’antibiotiques et s’inscrit en baisse de 5,9 % par rapport à l’année 2016 (530 tonnes). Il s’agit du tonnage le plus faible enregistré depuis le début du suivi en 1999 (1311 tonnes). Une diminution de 45,2 % est observée par rapport à 2011, année de référence pour le premier plan EcoAntibio. Cette évolution est en grande partie imputable à une diminution des ventes d’antibiotiques administrés par voie orale.

Exposition des animaux aux antibiotiques
En 2017, l’indicateur d’exposition des animaux aux antibiotiques (ALEA : Animal Level of Exposure to Antimicrobials) s’inscrit en baisse de 3,6 % par rapport à 2016, toutes espèces animales confondues. Sur les 6 dernières années, l’exposition globale a diminué de 38,9 %. Par rapport à 2011, l’exposition aux antibiotiques a baissé de 23,3 % pour les bovins, de 43,5 % pour les porcs, de 48,7 % pour les volailles, de 44,3 % pour les lapins et de 14,0 % pour les chats et chiens.

Y a-t-il des évolutions justifiant la mise en œuvre de mesures particulières ?

Les Céphalosporines de 3e et 4e générations et les Fluoroquinolones sont considérées comme des antibiotiques particulièrement importants en médecine humaine car elles constituent l’alternative ou une des seules alternatives pour le traitement de certaines maladies infectieuses chez l’homme. Selon les recommandations européennes, ces antibiotiques doivent ainsi être réservés au traitement curatif en deuxième intention.

L’exposition aux Céphalosporines de dernières générations a diminué de 94,2 % en 2017 par rapport à 2013, toutes espèces confondues. Sur les 4 dernières années, l’ALEA pour cette famille d’antibiotiques a diminué pour les bovins (-94,9 %), les porcs (-93,7 %), les carnivores domestiques (-65,5 %) et les chevaux (-95,0 %).

Une diminution de l’exposition aux Fluoroquinolones de 87,8 % a été observée en 2017 par rapport à 2013. Sur les 4 dernières années, l’ALEA pour cette famille d’antibiotiques a diminué pour les bovins (-93,1 %), les porcs (-93,9 %), les volailles (-50,3%), les carnivores domestiques (-73,0 %) et les chevaux (-93,9 %).

L’objectif de réduction de 25 % de l’utilisation des Fluoroquinolones et des Céphalosporines de 3e et 4e générations en 3 ans a été atteint en 2016, et cette diminution de l’exposition s’est poursuivie en 2017. Ces bons résultats font suite à la publication d’un décret et d’un arrêté interministériel en mars 2016 visant à encadrer la prescription et la délivrance des médicaments utilisés en médecine vétérinaire contenant une ou plusieurs substances antibiotiques d’importance critique.

D’autre part, la publication en novembre 2015 décrivant le premier mécanisme de résistance à la colistine transférable par plasmide a conduit à la mise en place d’une surveillance renforcée pour cet antibiotique.

En France, dans son rapport sur la colistine publié en octobre 2016, l’Anses a recommandé une diminution de l’usage de la colistine de 50%. Suite à cet avis, le plan EcoAntibio2 (Action 12) a fixé l’objectif d’une réduction de 50 % en 5 ans de l’exposition à la colistine en filières bovine, porcine et avicole, en prenant comme référence l’ALEA moyen 2014-2015.

En 2017, l’exposition à la colistine a diminué de 48,0 % par rapport à l’exposition moyenne calculée pour les années 2014 et 2015. L’exposition en 2017 a diminué pour les bovins (-38,7 %), les porcs (-60,3 %), et les volailles (-36,9 %) par rapport à l’exposition moyenne sur les années 2014-2015. L’exposition cumulée pour ces 3 espèces a diminué de 47,6 % sur cette même période. Une diminution de l’exposition à la colistine de 61,1 % a été observée par rapport à l’année 2011 (toutes espèces et voies d’administration confondues).

Quelle est la situation de la France par rapport aux autres pays européens ?

Une coordination au niveau européen du suivi des ventes d’antibiotiques en santé animale a été mise en place en 2010 à l’EMA (Agence européenne des médicaments).

En 2016, la France était au 12ème rang des pays les plus consommateurs sur 30 pays participants (source ESVAC), avec une consommation très inférieure à la moyenne de celle des pays européens (71,9 mg/kg vs 124,6 mg/kg).

Source : Anses.

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