Stocker du carbone dans les sols

Cet article publié dans la revue « Etude et gestion des sols » est la synthèse d’un séminaire sur les mécanismes de séquestration du carbone (C) dans les sols, organisé au sein du collectif CarboSMS en 2016. Ce collectif s’est constitué suite au lancement de l’initiative internationale « 4 pour 1 000 » qui a pour ambition de soutenir les États et acteurs non gouvernementaux dans leurs efforts vers une meilleure gestion des stocks de C des sols. Ces stocks dépendant des entrées et sorties de C dans les sols, il apparaissait nécessaire de fédérer les recherches sur ces mécanismes et leur action sur les stocks de C dans un contexte de changement local ou global (usage des sols, pratiques agricoles, conditions climatiques ou édaphiques, etc.).
Comment ça marche?
La première partie de cette synthèse présente les avancées récentes sur la compréhension des mécanismes de stabilisation du C, qui mettent en œuvre des mécanismes biotiques et abiotiques. Les premiers correspondent aux effets des plantes, des micro-organismes (champignons et bactéries) et des ingénieurs de l’écosystème (vers de terre, termites, fourmis) sur les stocks de C organique du sol. Les seconds sont liés à la structure physique du sol, sa porosité et sa fraction minérale : inclusion de la matière organique dans les agrégats, association aux minéraux, etc. Ces mécanismes biotiques et abiotiques se déroulent de façon concomitante et en interaction.
Les effets des pratiques agricoles
La deuxième partie discute des effets des pratiques agricoles sur les stocks de C des sols. Le choix des espèces végétales et de leur densité de plantation, l’intensité du prélèvement des végétaux, l’amendement, la fertilisation et le travail du sol, etc. conditionnent non seulement les apports de matière organique dans le temps et l’espace, mais aussi la sensibilité de ces matières à la minéralisation. La complexité des interactions entre les mécanismes et leurs effets dans le temps sur les stocks de C sont mis en évidence par les méta-analyses et les études de terrain de longue durée. La troisième partie de cet article discute de propositions concrètes pour aborder les questions du changement d’échelle (jusqu’à la parcelle et au niveau global) et de la validation de l’action d’un mécanisme dans différents contextes pédoclimatiques. Ensuite, l’analyse est intégrée dans des modèles à large échelle pour améliorer les prévisions d’évolution des stocks de C des sols. Dans une optique de meilleure préservation des stocks de C, voire d’augmentation, cette revue bibliographique fait des propositions pour les futurs axes de recherches sur les mécanismes, les effets des pratiques agricoles et les modèles de prédiction des stocks de C. Pour plus d’informations, cliquez ici.
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