Rapport annuel 2021 du Haut Conseil pour le Climat : synthèse des recommandations pour l’agriculture (Article de synthèse)

Dans son dernier rapport, le Haut conseil pour le climat (HCC) alerte sur l’insuffisance des trajectoires de réduction adoptées par les différents secteurs d’activité en France pour répondre aux objectifs de la SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone) et à la nouvelle loi Climat européenne (-55 % d’ici 2030). Les secteurs des transports et de l’agriculture sont particulièrement visés. Soulignant les effets déjà très visibles du changement climatique sur les territoires, le rapport insiste sur l’intégration systématique des politiques d’atténuation et d’adaptation et sur le nécessaire développement d’une « culture du risque climatique ».
La tendance à la baisse des émissions françaises de gaz à effet de serre s’est légèrement accentuée en 2019, avec une diminution de 1,9 % sur un an, soit – 8,6 Mt éqCO2, pour 436 Mt éqCO2 émis par la France sur son territoire. Des progrès ont été réalisés, dont certains d’ordre structurel, dans les secteurs des bâtiments, de l’industrie et de la transformation d’énergie, suivis de l’agriculture, alors que les transports voient leurs émissions stagner. Pourtant dans l’ensemble, ces résultats sont encore très éloignés des objectifs de neutralité carbone à 2050 que se sont fixés l’Union européenne et la France. C’est ce que souligne le Haut conseil pour le climat (HCC) dans son rapport annuel de 2021, publié en juin dernier.
« Renforcer l’atténuation, engager l’adaptation »
Organisme indépendant chargé de donner des avis et d’émettre des recommandations sur la mise en œuvre des politiques et mesures publiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France, le HCC invite dans ce rapport à tirer bénéfice de l’avance dans le secteur de la production d’énergie pour prendre une position de leader sur les secteurs des transports et de l’agriculture.
Pour le secteur agricole, les recommandations sont de :
- Conserver et accroître les stocks de carbone dans les sols agricoles et forestiers, et dans la biomasse par l’adoption de pratiques agro-écologiques stockant du carbone dans les exploitations de grandes cultures et par le ralentissement du retournement des prairies.
- Augmenter le potentiel du puits de carbone forestier en accompagnant les propriétaires tout en relançant les filières bois.
- Développer les cultures de protéines végétales sur le sol national se substituant au soja importé destiné principalement à l’alimentation animale et permettant d’éviter de la déforestation importée.
- Accélérer la baisse des émissions de méthane (CH4) de l’élevage, par des pratiques de gestion des troupeaux comme par la récupération des déjections animales
- Réduire les émissions de N2O en incitant à la modération des apports d’engrais azotés 5 dans les cultures.
- Inciter les acteurs de la transformation et de la distribution à prendre en compte les émissions domestiques et importées dans leurs choix d’approvisionnement en développant des outils d’information du consommateur, tels que l’affichage environnemental.
- Intégrer les enjeux climatiques dans les instruments des politiques alimentaires (Programme national de l’alimentation et de la nutrition, approvisionnements en restauration collective)
Vers une « culture du risque climatique et de l’adaptation »
Le rapport invite à développer sans tarder une « culture du risque climatique et de l’adaptation » en améliorant la connaissance des impacts, y compris irréversibles, ainsi que la mesure des coûts du changement climatique, en mettant par exemple en place des systèmes de gestion de crise ou en encore en intégrant les impacts sanitaires du changement climatique dans les réformes des régimes d’indemnisation et de la sécurité sociale.
L’adaptation devra être au cœur de toutes les politiques, nationales comme régionales, y compris celles en place pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans cette perspective, le plan de relance français est bien positionné à l’échelle mondiale, avec un tiers de ses financements dédiés à l’atténuation.
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Source : Haut Conseil pour le Climat
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