Organisation du débat public sur l’alimentation (Article de synthèse)

Conceptualisé par le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), le débat public sur l’alimentation annoncé dans le cadre de la loi d’avenir sur l’agriculture sera prochainement mis en œuvre par le Conseil national de l’Alimentation (CNA). En voici les fondements.
Être résolument conçu pour le grand public dans ses différentes composantes sociales, tout en étant permanent et continu. Telles sont les deux conditions fondamentales auxquelles se doit de répondre le débat public sur l’alimentation, qui sera prochainement mis en œuvre par le Conseil national de l’alimentation (CNA).
Ce débat avait été annoncé dans la loi d’avenir pour l’agriculture, l’agroalimentaire et la forêt du 13 octobre 2014 et le ministre de l’Agriculture a confié au Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) d’en élaborer les bases conceptuelles en 2017. Objectifs : identifier les différentes modalités d’organisation et proposer une méthodologie de mise en œuvre à l’usage du CNA.
Pourquoi un débat public sur l’alimentation ?
Pour justifier l’intérêt d’un tel débat, le CGAAER explique dans son rapport daté de juin 2018 que, « depuis de nombreuses années, le sujet de l’alimentation est l’objet de remises en cause et de controverses. Il est éclaté entre divers acteurs et institutions, entre différents intérêts et points de vue, parmi lesquels les consommateurs sont perdus ». Autre argument avancé : le poids des déséquilibres alimentaires dans les dépenses collectives de santé ; un coût estimé entre 20 et 50 milliards d’euros (EGA 2017). Ces déséquilibres constituent en effet les premiers facteurs de risque pour la santé et affectent notamment les catégories sociales les plus modestes et les moins informées.
« L‘enjeu du débat public sur l’alimentation est de contribuer à refonder une culture de l’alimentation partagée, diverse et évolutive, pour redonner confiance aux consommateurs, améliorer le bien-être de tous et réduire les déséquilibres alimentaires », précise ainsi le CGAAER. Ce débat devrait donc venir renforcer l’impact du Programme national pour l’alimentation (PNA), du Programme National Nutrition Santé (PNNS), du plan national santé-environnement (PNSE) et en compléter les actions.
Quatre scénarios pour un débat
Le bilan de l’existant a permis d’identifier les deux caractéristiques fondamentales à donner au débat public sur l’alimentation : sa dimension « grand public » (diversité de catégories sociales, d’âges et de déterminants psychosociaux) et sa permanence dans le temps. Il en résulte un projet de « dispositif d’utilité publique », inédit dans son concept.
Dans son rapport, le CGAAER décrit quatre scénarios élaborés afin d’illustrer les différentes pistes de mise en œuvre explorées – « Expert », « Synergie de réseaux », « Territoires » et « Nouvelles technologies » – et de préciser que « des hybridations inter-scénarios sont envisageables ». Ce débat pourra ainsi s’animer d’un forum d’échanges entre mangeurs et avec les autres parties prenantes, dans le cadre d’un carrefour de controverses et/ou grâce à un outil d’aide à la décision à l’usage des pouvoirs publics, des citoyens et autres acteurs.
En outre, le CGAAER préconise la création d’un centre de ressources de référence – une bibliothèque virtuelle – permettant de mettre des informations à disposition de tous les participants au débat.
Le fait que le grand public et l’ensemble des parties prenantes s’approprient ces outils conditionnera l’efficacité de ce débat public sur l’alimentation. Afin d’y parvenir, le CGAAER propose un ensemble de principes méthodologiques, parmi lesquels la création d’un processus continu, l’élaboration d’un cahier des charges, ou encore le recours à une gouvernance appropriée.
Source : Alim’agri.
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