Nécessité de recourir à de nouvelles approches pour étudier l’association entre les consommations de viandes transformées et le risque de maladies chroniques

Bien que la plupart des données épidémiologiques pointent une association entre une consommation élevée de viandes transformées, une augmentation de la mortalité toutes causes et une augmentation de certaines maladies, la force de cette association reste encore à déterminer car elle varie selon les populations étudiées (plus forte aux USA qu’en Europe). Des études d’un nouveau type sont nécessaires. Synthèse de l’article : La viande est un aliment riche en protéines, minéraux comme le fer, le zinc, et une variété de vitamines en particulier les vitamines B. Néanmoins, son contenu en cholestérol et en graisses saturées est plus élevé que certains autres aliments. Les viandes transformées subissent des transformations pour permettre une meilleure conservation et qui aboutissent souvent à des produits gras. Une consommation élevée de ces produits peut conduire à une augmentation de la consommation de graisses saturées, cholestérol, sel, nitrites, fer héminique, hydrocarbures aromatiques polycycliques. Plusieurs études de cohorte rapportent une élévation des risques de mortalité associés à des causes spécifiques avec la consommation élevée de ces aliments. Une méta-analyse de neuf études de cohorte a observé un taux de mortalité plus élevé chez les grands consommateurs de viande rouge transformée (Risque relatif= 1,23; IC 95% :1,17–1,28), mais pas chez les grands consommateurs de viandes non transformées (RR=1,10; IC95% :0,98–1,22). Des associations similaires ont été signalées dans une deuxième méta-analyse. Toutes les études suggèrent des mécanismes reliant la consommation de la viande transformée au risque de maladies chroniques comme celles cardiovasculaires, le diabète ou certains types de cancers. Cependant, les résultats des méta-analyses font apparaître certain degré d’hétérogénéité entre les études, et il faut tenir compte du mode de vie plus sain qu’ont, en général, les petits consommateurs de viandes rouges et de viandes transformées (apports en fibres, polyphénols, pas de tabagisme…). Sans compter l’existence d’habitudes alimentaires différentes entre populations (Asie, USA,..). Par conséquent, des éléments confondants résiduels ne peuvent être exclus. Les données d’autres types d’études chez l’homme sont nécessaires pour prouver le rôle causal de la viande transformée dans l’étiologie des maladies chroniques, comme par exemple des études utilisant l’approche de randomisation mendélienne (avec analyse de gènes impliqués dans des fonctions connues). Conclusion : Les viandes transformées (principalement issues des viandes rouges, mais pas uniquement), sont associées à une augmentation de la mortalité toutes causes et à une augmentation de certaines pathologies comme celles cardiovasculaires, le diabète de type 2 et certains cancers (colorectal, estomac). Bien que la plupart des données épidémiologiques pointent cette association, la force de cette association reste encore à déterminer car elle varie selon les populations étudiées (plus forte aux USA qu’en Europe). Des études d’un nouveau type incluant l’analyse de marqueurs sanguins sont nécessaires ainsi que des études mécanistiques. Source : Processed meat: the real villain? Rohrmann S, Linseisen J. Proc Nutr Soc. 2015 Dec 1:1-9

Article 21/59 du dossier "Viande, alimentation et cancer"

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