Maladies cardiovasculaires : la prévention passe par l’équilibre alimentaire (Article de synthèse)

Selon les études épidémiologiques, la santé cardiovasculaire est, entre autres facteurs, associée à la qualité de l’alimentation dont notamment sa part végétale. Mais plus que la proportion de végétal dans l’alimentation, des études récentes montrent que c’est la qualité des aliments d’origine végétale qui compte pour réduire le risque cardiovasculaire. Une revue de la littérature fait le point.
Tandis qu’une alimentation déséquilibrée représente un des principaux facteurs de risque modifiables de maladies cardiovasculaires (MCV), les régimes à base de végétaux (plant-based diets en anglais) auraient un effet protecteur sur le risque cardiovasculaire ; c’est pourquoi ils sont préconisés en prévention. Toutefois, ces régimes ne relèvent pas d’une définition précise et leur composition s’avère donc extrêmement variable avec, pour certains, des teneurs élevées en glucides raffinés de faible intérêt nutritionnel (pain blanc, pâtes…) et en sucres ajoutés, non favorables à un équilibre alimentaire global, d’où un effet potentiellement inverse sur les risques en matière de santé. Dans cette revue de la littérature, deux chercheurs de l’université d’Harvard aux Etats-Unis se penchent sur la définition de ces régimes à base de végétaux et leurs associations avec la santé cardiovasculaire, en distinguant les régimes considérés comme équilibrés et non équilibrés.
De la diversité des régimes à base de végétaux
Malgré des définitions très différentes, la plupart des études suggèrent que les régimes à base de végétaux sont bénéfiques à la santé cardiovasculaire. Parmi ces études, nombreuses sont celles qui définissent les régimes à base de végétaux comme ceux excluant complètement la viande ou les produits d’origine animale. Pourtant deux études européennes récentes (Martinez-Gonzales et al., 2014 ; Lassale et al., 2015) indiquent que des régimes alimentaires faiblement végétariens, qui intègrent donc des aliments d’origine animale, sont également associés à des risques réduits de mortalité cardiovasculaire.
Les facteurs alimentaires à considérer
Plusieurs composantes alimentaires influencent le risque cardiovasculaire, d’où l’intérêt de combiner leurs effets pour tenir compte de l’ensemble du régime. Parmi ces composantes, les auteurs citent la qualité des macronutriments et notamment l’origine des graisses. Plusieurs études ont remplacé les aliments riches en acides gras saturés d’origine animale par des aliments vecteurs d’acides gras insaturés d’origine végétale et observé une réduction du risque de maladies coronariennes. Cependant, les auteurs insistent sur un autre élément à prendre en compte : le type d’aliments d’origine végétale qui, selon eux, est autant à prendre en considération que celui des aliments d’origine animale.
Tous les aliments végétaux ne se valent pas
Des études rapportent en effet que les régimes contenant des quantités plus élevées d’aliments végétaux valorisés d’un point de vue nutritionnel, comme les céréales complètes, les fruits, les légumes, les noix, les légumineuses et certaines huiles, sont associés à un risque moindre de maladies cardiovasculaires. En revanche, cette réduction du risque n’est pas observée avec des régimes comprenant la même proportion d’aliments d’origine végétale, mais avec des quantités plus élevées de végétaux moins sains, comme les céréales raffinées, les pommes de terre/frites, les sucreries et desserts et les boissons sucrées (jus de fruits, soda).
En cause ? La richesse en antioxydants (bêta-carotène, vitamines C et E) et en fibres des végétaux identifiés comme « nutritionnellement sains » avec un effet protecteur vis-à-vis des MCV. Les auteurs citent ainsi quelques régimes favorables en matière de prévention cardiovasculaire, parmi lesquels le DASH (Dietary Approach to Stop Hypertension, approche diététique pour stopper l’hypertension), le régime dit méditerranéen (à condition qu’il soit équilibré) ou le hPDI (Healthy Plant-Based Diet Index, régime mettant justement l’accent sur la qualité des aliments végétaux).
Régime à base de végétaux ne signifie pas régime végétarien ou végétalien
« Un large éventail de régimes à base de végétaux peuvent être adéquats sur le plan nutritionnel et procurer des bénéfices cardiovasculaires, à condition qu’ils respectent certaines règles et intègrent des aliments de haute qualité », concluent les auteurs. Et d’insister : « Contrairement à la croyance populaire, ces régimes à base de végétaux ne sont pas nécessairement végétariens ou végétaliens. Pour la plupart des gens, l’élimination complète de la viande ou des produits d’origine animale n’est ni réaliste ni nécessaire pour la prévention des maladies cardiovasculaires », au contraire !
L’important n’est pas de limiter au maximum les aliments d’origine animale mais de choisir ceux de bonne qualité nutritionnelle, quelle que soit leur origine, et notamment des produits de haute densité nutritionnelle, dont fait partie la viande de par sa richesse en certains micronutriments, tels que la vitamine B12 (absente des produits végétaux), le fer et le zinc. Une méta-analyse récente, incluant 36 essais contrôlés randomisés ayant évalué l’effet d’une réduction de la consommation de viande sur le risque de MCV, rejoint d’ailleurs les conclusions de cette revue : si, selon les études épidémiologiques ou de modélisation des régimes alimentaires, le fait de remplacer la viande rouge par des aliments à base de protéines végétales de haute qualité peut être associée à une diminution du risque cardiovasculaire, le remplacement de cet aliment à haute valeur nutritionnelle peut avoir des effets inverses selon les aliments de substitution choisis.
Référence : Hemler EC, Hu FB. Plant-Based Diets for Cardiovascular Disease Prevention: All Plant Foods Are Not Created Equal. Curr Atheroscler Rep. 2019 Mar 20;21(5):18. doi: 10.1007/s11883-019-0779-5.
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