L’IFPRI souligne le rôle clé des systèmes alimentaires face aux défis climatiques (Article de synthèse)

Centre de recherche international sur les politiques alimentaires, l’IFPRI a publié en mai 2022 son rapport annuel sur les politiques alimentaires mondiales, consacré au changement climatique. Les auteurs y rapportent les politiques et innovations qui ont fait leurs preuves pour assurer la transition des systèmes alimentaires face aux défis climatiques. « A mettre en œuvre rapidement ! », insiste l’IFPRI.
Dans un rapport de 189 pages (en anglais), l’IFPRI rapporte les actions publiques et innovations qui ont fait leurs preuves, soit pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) des systèmes alimentaires, soit pour accroître l’adaptation et la résilience de ces derniers face aux impacts du changement climatique, soit les deux. Les auteurs s’appuient pour cela sur plusieurs études, réalisées par l’IFPRI lui-même ou par d’autres centres de recherche du CGIAR (partenariat mondial de recherche agricole qui regroupe 15 centres de recherche dans le monde entier). Le rapport s’articule autour de 12 chapitres thématiques (réorienter les soutiens agricoles, réformes, R&D, finance « verte », protection sociale, nutrition et changement climatique, énergie « propre », gouvernance, bio-innovations, utilisation des data…), avec une dernière partie consacrée aux développements régionaux.
Pour un système de « finance climatique »
Le rapport souligne notamment le manque d’investissements publics en R&D, alors même que des pistes d’innovations technologiques efficaces existent (technologies d’irrigation, génétique, amélioration de la chaîne du froid, innovations digitales…). « Les investissements publics pour des innovations augmentant la productivité et réduisant les émissions de GES devraient être le double des niveaux actuels », préconisent les auteurs.
Ces derniers invitent également à réorienter une partie des flux financiers dans une optique de « finance climatique », soulignant que les flux financiers actuels (soutiens agricoles, fonds de développement, investissements privés) sont « au mieux insuffisants, au pire contre-productifs pour un développement résilient face au changement climatique ».
Pour une gestion intégrée des paysages
Les auteurs soulignent la nécessité d’une gouvernance adaptée face à des enjeux interconnectés. Ils recommandent en ce sens les approches basées sur une gestion intégrée des paysages, associant à la fois une utilisation durable des différentes ressources et une vision de plus long terme sur la séquestration du CO2. « Les politiques alimentaires, agricoles et liées au changement climatique devraient explicitement prendre en compte la dimension du paysage et inciter à une gestion intégrée de ce dernier », insistent-ils.
Les auteurs rappellent également l’importance de soutenir des régimes alimentaires sains et durables, relayant que l’empreinte écologique des régimes « sains » (« sans consommation excessive de produits transformés et de viande rouge », précisent-ils) est bien moindre que celle des régimes actuels, notamment dans les pays les plus développés. L’IFPRI met donc l’accent sur les problèmes engendrés par des consommations excessives, sans pour autant chercher à restreindre drastiquement la consommation de viande rouge.
Enfin, l’analyse de plusieurs régions met en évidence des enjeux clés spécifiques : utilisation de l’eau pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, politiques d’aides à l’agriculture pour l’Asie du Sud, etc.
Un écho aux récents rapports du GIEC
Ce rapport fait écho aux alarmes des récents rapports du GIEC (voir articles « Le GIEC lance un avertissement très sérieux sur les conséquences de l’inaction » et « Rapport du GIEC : des solutions existent »). « Nous entrons dans un « code rouge pour l’humanité », alerte Johan Swinnen, directeur général de l’IFPRI, dans l’édito du rapport. Les systèmes alimentaires sont indissociablement liés à cette crise sans précédent, qui menace la sécurité alimentaire, la nutrition et la santé de milliards de personnes. (…) La transformation des systèmes alimentaires est une pièce maîtresse face aux défis climatiques, mais elle est largement sous-financée, seule une petite partie du financement climatique étant consacrée à cet objectif. »
Lire le rapport intégral (189 pages, en anglais)
En savoir plus : Ifpri, 2022 Global Food Policy Report: Climate Change and Food Systems, 2022, 189 pages
Source : IFPRI
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