Intégrer des indicateurs de bien-être animal dans l’analyse du cycle de vie

La transition vers un élevage plus durable est l’un des principaux défis de notre époque. L’analyse du cycle de vie (ACV) est reconnue comme une méthodologie de référence pour évaluer l’impact environnemental des produits. Elle est toutefois remise en question aujourd’hui, notamment par l’Union Européenne, qui recommande de ne pas l’utiliser comme seule méthode compte tenu des limites constatées, en particulier concernant les produits issus de l’élevage. Parallèlement, le bien-être des animaux est un élément clé de la production animale et est intrinsèquement lié au bien-être humain et environnemental. Pour réaliser une évaluation globale de la durabilité d’un élevage, il serait souhaitable de prendre en compte son impact à la fois sur l’environnement et sur le bien-être des animaux. C’est pourquoi les auteurs de cette revue ont souhaité résumer et décrire les méthodologies combinant l’évaluation du bien-être des animaux et l’ACV adoptées dans la littérature scientifique.  

 

Dans cette revue de la littérature, les références, extraites de quatre bases de données bibliographiques, ont fait l’objet d’une évaluation systématique dans le cadre d’une approche en plusieurs étapes, conformément aux lignes directrices JBI et PRISMA relatives à l’examen du champ d’application. Les recherches ont permis d’identifier 1 460 études, dont 24 seulement répondaient aux critères d’inclusion. Les résultats ont mis en évidence le fait que l’ACV environnementale a été réalisée à l’aide d’une méthode beaucoup plus homogène et normalisée que l’évaluation du bien-être animal. Lorsque les études ont été regroupées en fonction du type d’évaluation du bien-être animal effectuée, 16,7 % d’entre elles ont utilisé des indicateurs de bien-être uniques, 45,8 % des indicateurs multiples, 8,3 % ont appliqué des protocoles validés existants (c’est-à-dire TGI-200 et TGI-35L), 16,7 % ont utilisé des protocoles non validés et 12,5 % ont employé d’autres méthodes. Les articles ont ensuite été classés en fonction du « modèle des 5 domaines de bien-être animal » : le domaine le plus évalué était l’ « environnement » (90,5 % des articles), suivi de la « santé » (52,4 %), de la « nutrition » (33,3 %), des « interactions comportementales » (28,6 %) et de l’ « état mental » (9,5 %). Aucune étude n’a évalué tous les domaines simultanément. En outre, 66,7 % des articles (n=16) ont regroupé les indicateurs de bien-être animal en une note finale. Parmi ceux-ci, seuls quatre articles ont proposé d’associer les scores de bien-être animal à l’unité fonctionnelle de l’ACV. Une note globale de durabilité, calculée à l’aide de plusieurs approches différentes pour résumer les informations, a été fournie par 46 % des articles. En résumé, malgré la pertinence du sujet, il n’existe à ce jour aucun consensus sur l’approche d’évaluation du bien-être animal à mettre en œuvre (sélection des indicateurs et leur agrégation) ni sur la normalisation d’une évaluation intégrée du bien-être animal et de l’environnement. Notre étude fournit une base pour l’élaboration de futures lignes directrices communes permettant de réaliser une évaluation complète, réaliste et solide de la durabilité des exploitations agricoles.

Référence : Lanzoni L, Whatford L, Atzori AS, Chincarini M, Giammarco M, Fusaro I, Vignola G. Review: The challenge to integrate animal welfare indicators into the Life Cycle Assessment. Animal. 2023 May; 17(5):100794.

Source : Groupe de veille du CNR BEA

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