Des solutions fondées sur la nature pour s’adapter au changement climatique (Article de synthèse)

Qu’ils soient naturels ou urbains, côtiers ou montagnards, les territoires français subissent de plein fouet les impacts du changement climatique. Le rapport de l’Onerc* s’interroge cette année sur les pratiques existantes en matière d’ingénierie, de préservation et de restauration des écosystèmes, et évoque, en alternative, les Solutions fondées sur la Nature ; un levier aujourd’hui crédible pour s’adapter au changement climatique.
« Avec 10 % de la biodiversité mondiale, la France fait partie des dix pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées, principalement en raison des pressions exercées par les activités humaines », indiquent les auteurs du rapport de l’Onerc*. Face à ces pressions, « le changement climatique agit comme un catalyseur accentuant leurs impacts ». Après des décennies d’aménagement du territoire dans une logique de maîtrise et de lutte contre les aléas naturels, les impacts du changement climatique témoignent aujourd’hui des limites des solutions d’ingénierie classique : les inondations s’accentuent, dues à l’imperméabilisation massive des sols ; les îlots de chaleur urbains s’accroissent à la suite de l’artificialisation et de la densification des villes ; etc.
À côté de ces actes d’ingénierie, les auteurs mettent en avant d’autres types de solutions plus « vertes » : les Solutions fondées sur la Nature (SfN). La Commission européenne les définit ainsi : « Les SfN sont des solutions inspirées de la Nature et qui s’appuient sur la Nature. Elles répondent à des défis sociétaux et présentent un bon rapport coût/efficacité tout en fournissant simultanément des bénéfices environnementaux, sociaux et économiques qui contribuent à la construction de la résilience. » Elles permettraient ainsi d’optimiser les synergies entre la nature, la société et l’économie.
Concepts et pratiques associés
La France possède de nombreux savoirs et savoir-faire sur lesquels s’appuyer pour renforcer l’offre de solutions d’adaptation fondées sur la nature. Leur développement repose sur l’hypothèse que « donner une valeur économique aux fonctions écologiques des écosystèmes dont les sociétés humaines tirent des services, permettrait d’améliorer la protection de la biodiversité ». Les SfN sont également associées au concept d’infrastructures vertes, promu par la Commission européenne et dont le réseau Natura 2000 constitue la pierre angulaire. Face aux précipitations intenses, les prairies humides permettent, par exemple, de réduire l’exposition au risque accru d’inondation, en agissant comme des espaces tampons. Face à l’augmentation croissante de l’érosion du littoral et au risque accru de submersion marine, les dunes et les mangroves forment des barrières naturelles qui protègent les côtes. Face aux canicules, la plantation d’arbres et la mise en place d’espaces verts en ville permettent de réduire l’effet d’îlot de chaleur urbain.
Des solutions en faveur de l’agriculture et de l’élevage
L’agriculture n’échappe pas non plus à son défi d’adaptation au changement climatique. Selon les auteurs, la transition agroécologique est une des SfN qui permettrait d’y répondre, que ce soit à travers la réduction des produits phytosanitaires, la valorisation de l’azote organique ou la promotion de la méthanisation. Les auteurs citent également la Politique agricole commune (PAC), avec ses mesures agroenvironnementales et climatiques, telles que la conversion à l’agriculture biologique ou le maintien des zones humides.
L’agroforesterie peut également constituer une Solution d’adaptation fondée sur la Nature. Il s’agit de faire cohabiter les arbres et la production agricole, soit en intra-parcellaire, soit en bord de champ par des haies. Face aux sécheresses, le recours à ces pratiques contribue à rendre les cultures plus résilientes et crée un microclimat plus favorable pour l’élevage.
Bien qu’elles ne soient pas encore toutes matures, les SfN méritent donc toute notre attention, souligne le rapport. Des progrès restent toutefois à accomplir dans leur évaluation, « afin de les valoriser dans une juste proportion parmi les stratégies d’adaptation aux effets du changement climatique ». Mais, comme le souligne Ronan Dantec, président de l’Onerc, « nous savons désormais que nous ne pouvons plus agir comme avant et qu’en détruisant nos écosystèmes, nous hypothéquons notre capacité d’adaptation au changement climatique actuelle et à venir ».
Onerc* : Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique.
Source : Vie publique.
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