Des feuilles et des cosses de légumineuses tropicales pour réduire les émissions de méthane chez la vache

L’incorporation de feuilles et de cosses de légumineuses tropicales dans les rations des ruminants constitue une alternative pour atténuer les émissions entériques de méthane. L’objectif de cette recherche était d’évaluer l’effet de l’ajout de niveaux croissants de gousses moulues d’Enterolobium cyclocarpum (Jacq.) Griseb.[1] mélangé à du feuillage de Gliricidia sepium (Jacq.) Steud.[2] sur les émissions de méthane (CH4), les proportions d’acides gras volatils, le pH et la population microbienne du rumen des bovins.
Quatre génisses, quatre taux d’incorporation
Quatre génisses de 12 mois (218 ± 18 kg de poids initial) ont été nourries (13 jours) avec 0, 15, 30 et 45 % d’un mélange de gousses d’E. Cyclocarpum et de feuillage de G. sepium (en proportions égales), complété par une ration d’herbe de base (Brachiaria brizantha). Les données ont été analysées en carré latin 4 × 4.
Après trois jours de mesures du CH4 dans des chambres de respiration en circuit ouvert, du liquide ruminal a été recueilli pour déterminer les proportions molaires des acides gras volatils (AGV) et quantifier la population microbienne. Des échantillons d’ingrédients de ration, de refus et de matières fécales ont été recueillis pour évaluer leur composition nutritionnelle. Le feuillage et les cosses de légumineuses contenaient des protéines brutes, des tanins condensés et des saponines, tandis que l’herbe était caractérisée par des concentrations plus élevées de fibres insolubles dans les détergents neutres (NDF).
Plus de protéines digestibles brutes
La consommation de matière sèche était de 5,35 kg/j en moyenne (p = 0,272). Lorsqu’un mélange de E. cyclocarpum et G. sepium était incorporé à la ration, la digestibilité apparente des fibres était réduite (81 g/kg) et la consommation de protéines brutes digestible augmentée (13 g/kg ; p<0,05).
Un effet linéaire sur les acides gras volatils
L’incorporation du feuillage et des cosses de légumineuses a eu un effet linéaire sur les proportions molaires d’acide butyrique et le rapport acide acétique / acide propionique (p<0,05).
Moins de méthane produit
La production de méthane, exprimée sur la base de l’absorption de matière sèche digestible (Digestible Dry Matter Intake, DDMI), variait entre 43,22 et 49,94 g/kg de DDMI (p=0,131). Des différences apparaissaient respectivement entre les rations contenant le mélange d’E. cyclocarpum et G. sepium et le mélange témoin lorsque le CH4 était associé aux protéines brutes digestible (347 vs 413 g de CH4/kg de protéines brutes digestibles) ou au gain de poids annuel (0,30 contre 0,38 kg de CH4/kg, P<0,001).
Sans incidence sur la population microbienne du rumen
Les concentrations croissantes de tanins condensés et de saponines dans les rations n’influencent pas la population bactérienne ruminale totale, les archées méthanogènes et les protozoaires totaux (P> 0,05).
L’introduction (par substitution) dans la ration, à des proportions de 15 et 30 %, de gousses d’E. cyclocarpum mélangées à du feuillage de G. sepium diminue donc les émissions annuelles de méthane par unité de produit, sans affecter la consommation de matière sèche ou la population microbienne du rumen, tandis que la consommation de protéines brutes digestible et la productivité animale ont augmenté en raison de l’apport en protéines brutes, en tannins condensés et en saponines.
Référence : Molina-Botero IC, Montoya-Flores MD, Zavala-Escalante LM, Barahona-Rosales R, Arango J, Ku-Vera JC. Effects of long-term diet supplementation with Gliricidia sepium foliage mixed with Enterolobium cyclocarpum pods on enteric methane, apparent digestibility, and rumen microbial population in crossbred heifers. J Anim Sci. 2019 Apr 3;97(4):1619-1633. doi: 10.1093/jas/skz067.
[1] Arbre national du Costa Rica également appelé oreille cafre ou d’éléphant en raison de la forme de ses fruits.
[2] Arbre introduit dans de nombreuses zones tropicales du monde pour faire des haies, produire du fourrage ou de l’ombre aux cultures.
À voir aussi
-
Environnement11 avril 2025
Le Conseil d’État valide la version révisée de la certification Haute Valeur Environnementale
Le 18 février 2025, le Conseil d'État a rejeté la requête de sept associations visant à annuler les textes instaurant la version révisée du référentiel de la certification Haute Valeur Environnementale (HVE). Cette décision valide les avancées significatives de la version 4 du référentiel, mise en œuvre depuis le 1er janvier 2023, qui renforce les… -
Environnement11 avril 2025
IDEA4 : un outil rénové pour évaluer la durabilité des exploitations agricoles
La méthode IDEA (Indicateurs de Durabilité des Exploitations Agricoles) évolue avec sa version 4, offrant aux agriculteurs et aux professionnels une approche renouvelée pour mesurer la durabilité des exploitations. Cette mise à jour intègre 53 indicateurs répartis en 13 composantes thématiques, reflétant une vision de « durabilité forte ». Elle propose également une double grille… -
Environnement11 avril 2025
Biomécanique et élevage durable : vers des pratiques plus efficientes et respectueuses de l’environnement (TRADUCTION)
En intégrant la biomécanique animale aux techniques d'élevage écologique, cette étude met en évidence le potentiel de pratiques d'élevage plus efficaces et plus durables, qui soutiennent à la fois la croissance économique et la préservation de l'environnement. Une approche qui permet de faire progresser les objectifs de développement durable à long terme dans le domaine…