Consommations de viandes rouges et de charcuterie et risque de cancer du sein post-ménopausique

Contexte : Les données concernant l’association entre la consommation de viandes rouges et produits dérivés et le risque de cancer sont hétérogènes. Une analyse précédente d’une partie des données de l’étude de la cohorte américaine NIH-AARP n’avait pas retrouvé d’association (120 755 femmes). Objectif : Evaluer l’association entre la consommation de viande et le risque de cancer du sein en incluant les données de l’ensemble de la cohorte américaine NIH-AARP. Méthodologie : Les auteurs ont suivi 193 742 femmes post-ménopausées de la cohorte NIH-AARP et ont identifié 9 305 cas de cancer durant le suivi de 9.4 ans (1 795 in situ, 5071 invasifs dont 3 651 localisés et 1 446 distants). Les données concernant leurs consommations de viande, nitrites et fer héminique ont été estimées à l’aide d’un questionnaire de fréquences de consommations des 12 mois passés, et ajustées selon leur apport énergétique. Les risques de cancer du sein ont été estimés selon les quintiles d’exposition alimentaire, le stade (in-situ, localisé, distant) et le statut hormonal des récepteurs (ER/PR) Résultats : les consommations moyennes étaient de 102.7 g/jour de viandes totales, 47.1 g/j de viandes rouges et 13.2 g/jour de produits dérivés de la viande rouge. Les consommations élevées de viandes rouges et de viandes rouges transformées (charcuteries) étaient le plus souvent retrouvées chez les sujets avec un IMC élevé, des apports énergétiques élevés (calories, graisses, graisses saturées), peu de consommations de fruits et légumes, un faible niveau d’études, du tabagisme, un faible niveau d’activité physique, un nombre élevé d’enfants, une ménopause précoce et peu de mammographies. Les consommations de viande totale, produits dérivés totaux (incluant ceux issus de viandes blanches), viande rouge totale, viande rouge fraiche et viandes blanches n’étaient pas associées au risque global de cancer du sein. En revanche, des apports élevés en produits dérivés (14.5g/j) étaient associés à une petite augmentation du risque global de cancer du sein (HR=1.09, p=0.05). Lorsque le risque était évalué selon le stade du cancer, une consommation élevée de viandes rouges totales (57.4g/j) était associée à un risque augmenté de 25 % de cancer distant (p=0.02). Une association similaire était observée avec la viande rouge fraiche dont les consommations élevées (43.4g/j vs 5.5g/j) étaient associées à une augmentation de 16% du risque de cancer distant (p=0.02). Concernant les produits dérivés de la viande rouge, une consommation élevée (14.5g/j) était associée à une augmentation de 27 % du risque de cancer du sein localisé (<0.001) et de 19 % du risque de cancer du sein distant (p=0.10). Par ailleurs, des consommations élevées de nitrites (>0.05 mg/1000kcal) provenant des viandes transformées (charcuteries) était positivement associées au cancer localisé (HR Q5 vs Q1 =1.23 IC 95% : 1.09-1.39, p<0.001). La consommation de fer héminique (>93.4mg/1000 kcal) était positivement associée au risque de cancer du sein quels que soient les stades (p=0.02-0.05). Aucune hétérogénéité n’était notée concernant le statut hormonal des récepteurs (ER/PR). Conclusion : Les auteurs concluent qu’une consommation élevée de viandes rouges transformées (charcuteries) est associée à un risque plus élevé de cancer du sein. La viande rouge était positivement associée au risque de cancer distant et ses produits dérivés à celui localisé et de façon plus marginale avec le cancer distant. Ces associations seraient en partie liées aux associations positives observées entre les risques de cancer du sein et les apports en nitrites (dans les charcuteries) et en fer (dans les viandes fraiches). Source :Red and processed meat, nitrite, and heme iron intakes and postmenopausal breast cancer risk in the NIH-AARP Diet and Health Study. Inoue-Choi M, Sinha R, Gierach GL, Ward MH. Int J Cancer. 2015 Oct 27. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26505173

Article 46/59 du dossier "Viande, alimentation et cancer"

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