Consommation de viande rouge et inflammation : une analyse métabolomique n’identifie pas d’association
La consommation de viande rouge est-elle associée à une inflammation plus importante ou l’inflammation résulte-t-elle d’une adiposité accrue ? Selon les auteurs de cette analyse métabolomique non ciblée qui avait pour but de clarifier les relations entre alimentation et santé, le lien n’est toujours pas clair. Ils ont pourtant montré que la viande rouge, qu’elle soit sous forme transformée ou non, ne serait associée à aucun marqueur d’inflammation.
Dans cette analyse transversale menée sur une population senior (Multi-Ethnic Study of Atherosclerosis ; âge moyen 63±0,3 ans), les chercheurs ont tenté de déterminer si les métabolites associés à la consommation de viande rouge sont également associés à l’inflammation. L’apport alimentaire a été évalué à l’aide d’un questionnaire de fréquence alimentaire et différents biomarqueurs ont été dosés : protéine C-réactive (CRP), interleukine-2, interleukine-6, fibrinogène, homocystéine et le facteur de nécrose tumorale-α (TNF-α). Les associations entre ces variables ont été examinées à l’aide de modèles de régression linéaire, ajustés en fonction des facteurs démographiques, du mode de vie et de l’IMC.
Aucun marqueur d’inflammation associé à la consommation de viande rouge
Résultats : la viande rouge, qu’elle soit sous forme transformée ou non, n’est associée à aucun marqueur d’inflammation. En revanche, la viande rouge non transformée était inversement associée au taux de glutamine, un acide aminé qui était également inversement associé au niveau de CRP. Autrement dit une plus faible consommation de viande rouge non transformée serait associée à des niveaux plus faibles de CRP. Ces analyses n’ayant pas permis d’établir une relation entre consommation de viande rouge transformée ou non et inflammation au-delà de toute confusion liée à l’IMC, les chercheurs suggèrent une étude plus approfondie. Ils proposent notamment d’évaluer dans quelle mesure des différences d’associations alimentation-inflammation versus métabolites alimentaires-inflammation résultent (1) d’une réduction de l’erreur de mesure lors du dosage des métabolites ; (2) de la contribution de facteurs autres que la consommation de viande rouge non transformée aux niveaux de glutamine ; (3) de la capacité des métabolites plasmatiques à capturer les différences individuelles de métabolisation des apports alimentaires.
Référence : Wood AC, Graca G, Gadgil M, Senn MK, Allison MA, Tzoulaki I, Greenland P, Ebbels T, Elliott P, Goodarzi MO, Tracy R, Rotter JI, Herrington D. Untargeted Metabolomic Analysis Investigating Links Between Unprocessed Red Meat Intake and Markers of Inflammation. Am J Clin Nutr. 2023 Sep 1:S0002-9165(23)66116-7 (PDF en libre accès)
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