Comment améliorer l’empreinte carbone de la viande ? Exemple dans la filière allemande

La production et la consommation de viande contribuent de manière significative aux impacts environnementaux tels que les émissions de gaz à effet de serre (GES). Ces émissions peuvent être réduites via diverses stratégies, allant de l’amélioration de l’efficacité de la production à l’optimisation des processus, en passant par la réduction du gaspillage alimentaire ou le changement de la structure des échanges commerciaux et du régime alimentaire. Sur la base d’une approche d’analyse des flux de matières, les auteurs de cette étude ont cartographié la masse de matière sèche et le bilan énergétique de la chaîne d’approvisionnement de la viande (bœuf, porc et volaille) en Allemagne et ont examiné le potentiel de réduction des émissions de différentes stratégies d’atténuation dans un cadre cohérent, de manière intégrée et selon un équilibre des masses.
Plusieurs axes d’amélioration
Leurs résultats réaffirment les fortes émissions de GES lors de la production de viande en raison de sa faible efficacité énergétique (de nombreuses calories sont nécessaires, du champ à l’assiette, à la production d’une calorie de viande). Alors que le changement de structure du régime (réduction de la consommation de viande ou substitution de viande par des abats comestibles) représente le meilleur potentiel de réduction des émissions de GES, l’élimination des gaspillages de viande lors de la vente au détail et de la consommation, ainsi que la production de sous-produits lors de l’abattage et de la transformation, montrent également un effet puissant sur la réduction de ces émissions. La transformation des sous-produits de viande et le traitement des déchets ont été modélisés en détail, ce qui représente un gain environnemental net d’environ 5 % sur les émissions de GES totales de la chaîne d’approvisionnement.
Jusqu’à 43 % de réduction des émissions de GES
La modélisation souligne que les plus profonds changements en termes d’émissions se produisent via trois stratégies d’atténuation primordiales au niveau du process :
- son optimisation en réduisant de 50 % les abats jetés au moment de l’abattage ;
- la réduction de moitié du gaspillage lors de la vente au détail et de la consommation ;
- l’arrêt de l’importation de produits provenant des trois principaux pays émetteurs de GES et de l’export de viande allemande en dehors de la zone UE.
Au total, les effets combinés, sur la base de profonds changements au niveau d’importantes stratégies d’atténuation, classés par ordre d’importance en fonction du niveau de difficulté de mise en œuvre, ont montré que les émissions totales pourraient être réduites de 43 % par rapport au niveau actuel, ce qui représente une formidable opportunité d’alimentation durable de la planète d’ici 2050.
Référence : Xue L, Prass N, Gollnow S, Davis J, Scherhaufer S, Östergren K, Cheng S, Liu G. Efficiency and Carbon Footprint of the German Meat Supply Chain. Environ Sci Technol. 2019 May 7;53(9):5133-5142.
À voir aussi
-
Environnement2 octobre 2025
Le continuum sol-plante-animal-homme : une alimentation plus saine grâce aux prairies (TRADUCTION)
Face aux préoccupations croissantes sur l’impact environnemental et sanitaire de la viande bovine, une équipe de chercheurs a comparé les systèmes de finition à l’herbe et aux grains dans le sud des États-Unis. Résultat : les pâturages présentent des sols plus riches en matière organique et minéraux, des plantes chargées en antioxydants, et une viande… -
Environnement2 octobre 2025
Pâturage régénératif : un levier pour restaurer la santé des sols et renforcer la durabilité des écosystèmes (TRADUCTION)
La santé des sols conditionne la productivité agricole et la résilience des écosystèmes, en particulier face aux défis d’une population mondiale croissante. Cette étude analyse l’effet des écorégions, de la saisonnalité et des modes de gestion du pâturage sur la qualité et la productivité des sols. Les résultats montrent que le pâturage régénératif favorise une… -
Environnement2 octobre 2025
Systèmes intégrés cultures–bétail–forêt : un levier pour améliorer la stabilité des sols et le stockage du carbone au Brésil (TRADUCTION)
En comparant sur le long terme différents modes d’usage des terres au Brésil, cette étude met en évidence le rôle clé des systèmes d’intégration cultures–bétail–forêt (SICBF) dans la séquestration du carbone organique du sol (COS) et la formation de macro-agrégats stables. Les résultats montrent que les SICBF, en rotation pâturée ou cultivée, offrent un potentiel…