Avis du CNA : comment assurer à tous une alimentation favorable à la santé ? (Article de synthèse)

Après un an de concertations impliquant les acteurs de la chaîne alimentaire, le Conseil National de l’Alimentation (CNA) rend son avis sur l’alimentation favorable à la santé. Celui-ci intègre des dimensions à la fois nutritionnelles, sanitaires, environnementales et sociales. Pour y parvenir, le CNA propose une série de recommandations allant de la refonte des politiques publiques jusqu’à l’information des consommateurs, sans oublier l’amélioration de la production, de la transformation et de la distribution des produits.

Qu’est-ce qu’une alimentation favorable à la santé et comment l’assurer pour tous ? Telles sont les questions ambitieuses auxquelles le Conseil National de l’Alimentation (CNA) s’est attaché à répondre dans un avis publié à la mi-septembre 2018. Cet avis fait suite à un an de concertations avec plusieurs parties prenantes de l’alimentation, des représentants des industries et coopératives alimentaires aux consommateurs, en passant par les pouvoirs publics, les distributeurs, les instances scientifiques et de santé.

Qu’entend-on par « alimentation favorable à la santé » ?

Selon la définition adoptée par le groupe, « une alimentation favorable à la santé contribue de manière durable au bien-être physique, mental et social de chacun. Elle doit assurer la sécurité alimentaire et ainsi préserver la santé de la population dans son environnement et son contexte culturel. Accessible à tous, elle exige un engagement responsable de tous les acteurs de la chaîne alimentaire et un dialogue permanent au sein de la société ». Et pour que cette définition ne reste pas qu’un objectif abstrait et devienne une réalité concrète, pas moins de 21 recommandations jugées essentielles ont été retenues par le groupe de concertation. Une soixantaine de recommandations complémentaires (jugées secondaires ou n’ayant pas fait l’objet d’un consensus au sein du groupe), sont proposées en appui des premières.

Remettre de l’ordre dans les politiques publiques

Améliorer l’efficacité des politiques publiques ; lutter contre la précarité alimentaire ; mieux produire, mieux transformer, mieux distribuer ; et enfin améliorer l’éducation à l’alimentation et l’information des consommateurs…  Les ambitions sont de taille !

Côté politiques publiques, on retiendra la recommandation de meilleure coordination des politiques alimentaires, dans un contexte de multiplication des plans nationaux (PNNS, PNA, PNSE) manquant parfois de cohérence entre eux, comme cela a été relevé lors des Etats généraux de l’alimentation. Une meilleure définition des rôles  des « acteurs éclairant la décision publique » (recherche, surveillance, évaluation des risques, etc.) est également préconisée.

En ce qui concerne la précarité alimentaire, veiller au maintien du Fonds européen d’aide aux plus démunis et créer un plan d’action dédié font partie des recommandations phares du CNA.

Défendre une Politique Agricole et Alimentaire Commune (PAAC) ambitieuse

Quant à mieux produire, mieux transformer, mieux distribuer, quelles propositions phares propose le CNA ? D’abord défendre un budget ambitieux pour la Politique Agricole Commune, en intégrant à celle-ci l’alimentation, pour en faire donc une Politique Agricole et Alimentaire Commune (PAAC). Son objectif ? « Assurer la transition de l’agriculture vers une alimentation plus qualitative et plus durable ». Sobriété phytosanitaire, production de légumineuses (à destination de l’alimentation humaine et animale) pour réduire au maximum la dépendance aux protéines d’importation, développement de l’agriculture biologique et de l’agro-écologie, sont autant de pistes évoquées pour y parvenir.

En outre, ces recommandations dessinent une vraie logique de protection des territoires et des producteurs. Ainsi, en vue de défendre l’emploi paysan et les revenus des agriculteurs, une recommandation préconise par exemple de faciliter l’identification des produits français via l’étiquetage de l’origine des ingrédients lait et viande dans les produits transformés.

Améliorer l’offre alimentaire et l’information du consommateur

Plus en aval de la chaîne alimentaire, c’est aussi au niveau de l’amélioration de l’offre alimentaire que le CNA suggère d’agir, et ce, sur toutes les dimensions de la « qualité » attendue d’un produit : nutritionnelle, sanitaire et environnementale. Par exemple, cela pourrait passer par une définition de cibles à atteindre pour des reformulations nutritionnelles (notamment pour le sucre, le sel et le gras).

Dernier maillon de la chaîne alimentaire, le consommateur se voit aussi proposer des actions pour l’aider à adopter une alimentation favorable à sa santé. Des actions éducatives, allant bien au-delà de la seule éducation nutritionnelle dans le cadre scolaire, pourraient être développées, comme des parcours pédagogiques en supermarché.

Un meilleur encadrement de la publicité et du marketing alimentaire est aussi préconisé. Enfin, le CNA recommande de veiller à ne pas démultiplier les logos et labels de qualité, déjà nombreux, et de privilégier ceux reconnus par les pouvoirs publics.

Source : Conseil National de l’Alimentation.

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