Alimentation, nutrition, activité physique et prévention du cancer : une perspective mondiale (rapport du WCRF)

Le rapport publié en 2007 par le WCRF (World Cancer Research Fund) et l’AICR (American Institute for Cancer Research) analyse l’association entre les habitudes alimentaires ou de style de vie et le risque de cancers. Second rapport de cette expertise collective, suite au rapport de 1997, il résulte de revues et méta-analyses réalisées à partir de 7000 articles scientifiques publiés jusqu’en 2005, par un panel de 21 experts internationaux. Ce travail a porté sur les associations observées et le calcul statistique du niveau de preuve pour chacune de ces relations entre le risque de 17 types de cancers, la consommation de différentes catégories d’aliments (céréales, légumineuses et dérivés ; fruits et légumes ; viande, volaille, poissons et œufs ; lait et produits laitiers ; matières grasses ; sucre et sel ; boissons, etc.), l’activité physique, la corpulence ou encore l’allaitement. Ce chapitre 4.3 du rapport concerne la viande, la volaille, le poisson et les œufs. Pour la viande rouge entendue dans ce rapport au sens « large » international (bœuf, veau, agneau, porc).  Il donne les conclusions suivantes :

  • Des niveaux de preuves limités pour l’association entre les consommations de viande rouge et les cancers de l’œsophage, du poumon, du pancréas et de l’endomètre.
  • Pas de preuve d’une association  entre les consommations de viande rouge et les cancers du sein, de l’estomac, de la prostate, du foie, du rein, de la vésicule biliaire, de la vessie, de la peau et de la bouche.
  • Une relation statistique « convaincante » entre les consommations élevées de viande rouge et le cancer colorectal.

Cela révèle donc qu’une corrélation est observée entre des consommations élevées de viande rouge et le risque de cancer colorectal mais ne permet pas de conclure à un lien de causalité entre les deux. Les hypothèses mécanistiques nécessitent d’être appuyées par un plus grand nombre d’études pour être validées. Ce rapport ne recommande pas d’exclure la viande rouge, au contraire, il rappelle son intérêt nutritionnel mais il  recommande de la limiter à 500 g (cuit) par semaine (soit environ 700 à 750 g de viande crue) et d’éviter la consommation de charcuterie. Ce rapport fait aujourd’hui référence même s’il comporte plusieurs limites reconnues par les scientifiques :

  • une grande variabilité entre les études en termes de taille de population, de durée de suivi, etc.
  • des définitions hétérogènes dans les différentes études et selon les pays pour les viandes considérées comme viandes rouges, viandes blanches ou encore viandes transformées/charcuteries,
  • des différences importantes entre les fréquences et les quantités de viandes consommées considérées ainsi qu’une difficulté dans toutes les enquêtes alimentaires pour quantifier de façon précise ces consommations de viandes,
  • et, de fait, peu de résultats significatifs (p?0.05) dans les différentes études prises en compte.

Les 10 recommandations établies par le WCRF et  l’AICR :

  • Être aussi mince que possible (tout en évitant une maigreur excessive).
  • Pratiquer une activité physique (au moins trente minutes par jour).
  • Limiter la consommation d’aliments à forte densité calorique (notamment les produits très sucrés, très gras ou pauvres en fibres). Éviter les boissons sucrées.
  • Augmenter sa consommation de légumes, fruits, céréales complètes et légumes secs, et les varier.
  • Limiter la consommation de viande rouge (bœuf, porc, agneau) à 500 g par semaine (viande cuite, soit 700 à 750 g de viande crue) et éviter la charcuterie.
  • En cas de consommation d’alcool, se limiter à un verre par jour pour les femmes, deux pour les hommes.
  • Limiter la consommation d’aliments salés (sodium). Jetez les aliments moisis (noix, arachides, céréales).
  • Ne pas prendre de compléments alimentaires (vitamines, minéraux ou autres) pour se protéger du cancer.
  • L’allaitement exclusif de zéro à six mois protège la mère et l’enfant.
  • Après traitement, les patients ayant eu un cancer devraient, si possible, suivre les recommandations ci-dessus.

Pour aller plus loin vous pouvez accéder au pdf de la synthèse du rapport en français

Article 17/59 du dossier "Viande, alimentation et cancer"

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