Agroécologie : comprendre les chemins de la transition agricole (TRADUCTION)

Cet article scientifique explore les trajectoires de transition agroécologique dans différents contextes agricoles, en mettant en lumière les freins, leviers et dynamiques collectives nécessaires pour accompagner durablement les changements de pratiques. Il souligne l’importance des politiques publiques, des dispositifs d’accompagnement et des initiatives locales pour concilier durabilité environnementale, viabilité économique et justice sociale.

Le Pacte vert pour l’Europe (Green Deal) et les réformes de la Politique agricole commune (PAC) visent à atteindre des objectifs environnementaux et climatiques ambitieux, nécessitant des évolutions dans les pratiques agricoles. Parmi les mesures envisagées, la limitation de la densité d’élevage pourrait contribuer à réduire les impacts négatifs liés aux productions intensives, notamment la pollution azotée et les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Des élevages trop denses ?

Cette recherche analyse les effets de l’instauration de plafonds de densité d’élevage (unités de gros bétail – UGB – par hectare de surface agricole utile) dans l’Union européenne. Elle évalue les impacts économiques et environnementaux de ces restrictions, avec un accent particulier sur la production, les excédents d’azote, les émissions d’ammoniac, les fuites de nitrates et les émissions de GES.

L’étude mobilise le modèle CAPRI (Common Agricultural Policy Regional Impact Analysis), un outil détaillé d’évaluation du secteur agricole. Ce modèle permet de simuler les effets de différents seuils de densité d’élevage (2 UGB/ha et 1,4 UGB/ha) aux niveaux régional et local. L’approche intègre les impacts potentiels sur la production, les prix du marché, les dynamiques commerciales et les indicateurs environnementaux, offrant ainsi une vision complète des effets possibles de la politique.

De plus petits cheptels pour moins de pollution ?

L’application de plafonds de densité d’élevage entraîne une diminution du cheptel européen, affectant particulièrement la filière porcine, avec une baisse de la production et une hausse des prix des produits animaux. Les systèmes d’élevage tendent vers une extensification, générant des bénéfices environnementaux notables : réduction des émissions d’ammoniac, des excédents azotés et des fuites de nitrates. Cependant, une partie des réductions d’émissions de GES obtenues dans l’UE pourrait être annulée par des transferts d’émissions vers les régions hors UE, limitant les bénéfices environnementaux globaux.

Un équilibre à trouver

Ces résultats apportent des éléments de réflexion aux décideurs européens et aux acteurs du secteur agricole sur les enjeux complexes liés à la mise en œuvre de plafonds de densité d’élevage. Ils soulignent la nécessité de trouver un équilibre entre production agricole et durabilité environnementale, et rappellent l’importance de stratégies intégrées prenant en compte à la fois les impacts locaux et globaux. Des mesures complémentaires apparaissent essentielles pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par le Pacte vert européen.

Référence : Maria Bielza, Franz Weiss, Jordan Hristov, Thomas Fellmann. Impacts of reduced livestock density on European agriculture and the environment, Agricultural Systems, Volume 226, 2025, 104299, ISSN 0308-521X.

Source : Agricultural Systems

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