Une étude canadienne rapporte une association entre le vieillissement en bonne santé et le régime de type occidental (Article de synthèse)

Des chercheurs ont étudié les habitudes alimentaires de canadiens de plus de 85 ans en bonne santé. Contre toute attente, ces seniors présentent une alimentation tout à fait classique de type occidental.
Les sujets qui vivent au-delà de 85 ans sans souffrir de pathologies chroniques intriguent les chercheurs, qui cherchent une explication à ce phénomène du côté des habitudes alimentaires. La restriction en calories, en graisses ou encore les régimes alimentaires traditionnels de type Okinawa ou méditerranéen comptent parmi les réponses à la longévité exceptionnelle observée dans certaines études. Des scientifiques canadiens ont cherché à savoir si la longévité de leurs « super-séniors » était, elle aussi, liée à une alimentation plus équilibrée.
L’ALIMENTATION DES SENIORS EN BONNE SANTÉ COMPARÉE A CELLE DE LEURS CADETS
L’alimentation de 122 sujets de plus de 85 ans sans aucune pathologie chronique (Healthy Aging Study) a été comparée à celle de 12 626 sujets âgés de 65 à 86 ans de profil similaire (Etude longitudinale canadienne sur le vieillissement). Un même questionnaire alimentaire a permis d’identifier deux profils alimentaires au sein de ces deux cohortes :
- une alimentation « de type occidental » principalement composée de viandes rouges, viandes transformées, sauces, pommes de terre, frites, pâtisseries, produits laitiers, beurre, margarine et snacks salés ;
- une alimentation à forte densité nutritionnelle caractérisée par des fruits et légumes, des céréales complètes, des légumineuses, des fruits oléagineux, des produits laitiers allégés et du poisson.
LES BÉNÉFICES PARADOXAUX DU RÉGIME OCCIDENTAL
Contrairement à leur hypothèse de départ, les chercheurs constatent que les supers seniors n’ont pas une alimentation plus équilibrée que les autres, bien au contraire. L’étude rapporte en effet que l’alimentation de type occidental est associée à une plus grande probabilité d’être un « super senior » (Quartile 4 : OR=2,06 ; p<0.003). Une association renforcée après ajustement sur le sexe, l’origine ethnique, le revenu, le niveau d’éducation, l’IMC et les consommations d’alcool et de tabac (Quartile 4 : OR=3,21 ; p<0.001).
Plus étonnant encore, l’alimentation à forte densité nutritionnelle dans l’étude ne semble pas associée au fait d’être un « super senior », bien qu’une tendance non significative semble se dessiner chez les participants appartenant au plus haut quartile de ce groupe (Quartile 4 : OR=1,57 ; p=0.09).
Les chercheurs estiment donc que, plus que leurs habitudes alimentaires, ce sont les habitudes de vie des supers seniors qui seraient meilleures que celles de leurs cadets : ils ne fument pas et sont rarement en surpoids ou obèses contrairement à leurs cadets. Ils ajoutent que les habitudes alimentaires de ces « supers seniors » pourraient plus simplement être liés à leur génération qui mangerait plus gras que les générations suivantes. Restent cependant quelques limites à cette étude : les quantités consommées n’étaient pas renseignées et le questionnaire sur les consommations, qui ne porte que sur les 12 derniers mois, ne reflète peut-être pas l’alimentation des années passées.
Référence : Gu Q, Sable CM, Brooks-Wilson A, Murphy RA. Dietary patterns in the healthy oldest old in the healthy aging study and the Canadian longitudinal study of aging: a cohort study. BMC Geriatr. 2020 Mar 16;20(1):106.
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