Fer héminique et risque de cancer colorectal

Le fer héminique contenu dans la viande rouge pourrait-il expliquer le risque accru de cancer colorectal observé en cas de consommation élevée de cet aliment ? C’est la question qu’une revue de la littérature explore à travers une analyse des données mécanistiques et in vivo.
Le cancer colorectal est l’une des tumeurs les plus fréquentes dans le monde, avec une incidence croissante chez les plus jeunes. La formation du cancer colorectal est liée à divers facteurs de risque génétiques, alimentaires et de mode de vie. Parmi les facteurs alimentaires de cancer colorectal, la viande rouge est considérée comme un facteur de risque probable.
Le fer héminique, impliqué dans les altérations de l’ADN
La présente revue se focalise sur le fer héminique, bien que d’autres composés de la viande rouge sont aussi impliqués (Neu5Gc, composés mutagènes, BMMF). Elle décrit d’abord l’absorption et le devenir cellulaire du fer héminique et non-héminique dans les cellules épithéliales de l’intestin. Ensuite, elle donne un aperçu des altérations de l’ADN par le fer héminique (adduits d’ADN) et de la formation de composés génotoxiques (ROS, peroxydation lipidique, composés N-nitrosés). Les mécanismes enclenchés par le fer héminique conduisant à l’hyperprolifération colique sont aussi présentés.
Une influence sur le microbiote et le système immunitaire
L’influence du fer héminique sur le microbiote intestinal est ensuite abordée (dysbiose, prolifération favorisée des bactéries pathogènes…). Une attention particulière est accordée à l’impact du fer héminique sur les cellules immunitaires innées et adaptatives (stimulation et inhibition de certaines cellules sanguines, inhibition de la phagocytose, effet proinflammatoire …), ce qui pourrait être un facteur pertinent dans le contexte du cancer colorectal.
Différentes voies d’action liées entre elles
Enfin, les auteurs présentent les données des études in vivo (14 études chez le rongeur) sur le potentiel rôle promoteur du fer héminique alimentaire. Ils reconnaissent que pour l’instant, aucun effet initiateur de cancer par la viande rouge n’a été prouvé. Certains impacts du fer sur l’organisme pourraient être liés (son action sur le microbiote qui pourrait favoriser des souches d’E.Coli ou de Campylobacter jejuni produisant des composés génotoxiques, son action négative sur le système immunitaire et son rôle dans l’hyperprolifération de l’épithélium intestinal). En conclusion, le fer héminique semble affecter plusieurs voies impliquées dans la pathogenèse du cancer colorectal.
Référence : Nina Seiwert, Daniel Heylmann, Solveig Hasselwander, Jörg Fahrer. Mechanism of colorectal carcinogenesis triggered by heme iron from red meat. Biochimica et Biophysica Acta (BBA) – Reviews on Cancer, Volume 1873, Issue 1, 2020, 188334.
À voir aussi
-
Nutrition11 avril 2025
L’affichage de l’origine dans les restaurants désormais obligatoire pour toutes les viandes
Depuis le 1er mars 2022, les restaurants doivent afficher l’origine des viandes bovines, porcines, ovines et de volaille servies à leurs clients. Depuis 2002, seules les viandes bovines étaient concernées par cette obligation d’affichage de l’origine. Cette mesure prise par décret vise à renforcer la transparence et à permettre aux consommateurs de faire des choix… -
Santé, pathologies et prévention11 avril 2025
Diabète de type 2 : un régime équilibré serait plus efficace qu’un régime végétal pour réduire les risques (TRADUCTION)
Dans cette étude, les chercheurs ont mené une analyse transversale de l'étude Environnement Inflammation Métabolisme Maladies (Environment Inflammation Metabolic Diseases Study, EIMDS) et une analyse prospective de la UK Biobank. Dans les deux cas, les résultats montrent un risque de diabète de type 2 plus faible chez les participants ayant une alimentation équilibrée que chez… -
Santé, pathologies et prévention11 avril 2025
Une étude révèle les avantages des protéines animales pour la prévention du diabète de type 2 (TRADUCTION)
Une étude prospective menée sur la cohorte Framingham révèle que la consommation de protéines, en particulier animales, est associée à un risque réduit de diabète de type 2 et d'altération de la glycémie à jeun. Les résultats soulignent l'importance d'une alimentation équilibrée, riche en protéines, pour la prévention du diabète sur l’ensemble de la population,…