Lutter contre le gaspillage alimentaire pour améliorer la nutrition (Article de synthèse)
Lutter contre les pertes et gaspillages alimentaires devrait être une priorité pour améliorer la nutrition dans le monde : tel est le message que le Global Panel on agriculture and food systems for nutrition souhaite faire passer aux politiques et qu’il étaye dans une note d’orientation publiée en novembre 2018.
Chaque année, environ 1,3 milliard de tonnes de denrées alimentaires – soit un tiers de la quantité totale produite – ne sont pas consommées alors que 3 milliards de personnes ne mangent pas à leur faim, ou mal. Un double constat qui pousse le Global Panel on agriculture and food systems for nutrition1 à sensibiliser les politiques sur la nécessité de lutter contre les pertes et gaspillages alimentaires pour améliorer la nutrition dans le monde. Le panel d’experts internationaux engagés sur les problématiques de sécurité alimentaire a ainsi publié en novembre dernier une note d’orientation sur le sujet, dans laquelle il montre qu’une réduction des pertes et gaspillages alimentaires, en particulier pour les aliments riches en nutriments, pourrait générer des avantages nutritionnels substantiels, et même contribuer d’une manière plus globale au développement durable. Le rythme de production alimentaire n’aurait en effet pas besoin d’augmenter au taux actuellement requis pour nourrir un milliard de personnes supplémentaires d’ici 2030 avec, de fait, des économies d’eau, d’énergie, d’utilisation des sols, etc.
Un véritable défi
Les experts concèdent que la lutte contre les pertes et gaspillages pour les aliments riches en nutriments constitue un véritable défi. Les aliments tels que les fruits et légumes, les graines et noix, les produits laitiers, la viande, le poisson et les produits de la mer, sont en effet périssables et souvent sujets aux parasites et maladies, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux pertes et gaspillages. En outre, ces pertes et gaspillages se produisent à toutes les étapes du champ à l’assiette : au niveau de la production agricole, de la transformation, du conditionnement, du stockage, du transport, de la vente au détail, et même au niveau de la cuisine du consommateur.
20 % de la viande produite n’est pas consommée
Concernant la viande, les experts rapportent le chiffre de la FAO sur les pertes et gaspillages : à savoir 20 % des 263 millions de tonnes de viande produites chaque année. Cela équivaut à la perte d’environ 75 millions de vaches au moment de l’abattage. À noter que les pertes globales sont relativement similaires dans les différentes parties du monde, bien qu’un peu plus élevées en Afrique subsaharienne. Dans les régions à faible revenu, ces pertes globales sont généralement réparties de manière uniforme entre les différentes étapes de la chaîne alimentaire, sauf en Afrique subsaharienne où la moitié se concentre au niveau de la production agricole. Selon la FAO, le taux élevé de mortalité animale lié aux maladies (pneumonie, maladies digestive et parasites…) en serait la cause. Dans les régions à revenu élevé, les pertes et gaspillages se situent davantage au niveau des étapes de distribution et de consommation. En Europe et Amérique du Nord, l’étape consommation représente près de la moitié des pertes et gaspillages.
Six actions prioritaires
Après une analyse approfondie du sujet (pertes et gaspillages par régions du monde, types d’aliments et étapes dans la chaîne d’approvisionnement ; analyse des déficits d’approvisionnement en éléments nutritifs si des mesures ne sont pas prises ; etc.), les experts identifient six actions prioritaires :
- sensibiliser l’ensemble des parties prenantes à la priorité à donner à la réduction des pertes et gaspillages alimentaires ;
- prendre des mesures pratiques pour réduire les pertes et gaspillages et protéger la richesse nutritionnelle des aliments ;
- améliorer les infrastructures publiques et privées pour des systèmes alimentaires performants et efficaces ;
- encourager les solutions innovantes pour protéger les nutriments ;
- améliorer la collecte et l’analyse des données sur les pertes et gaspillages alimentaires ;
- et enfin, améliorer les connaissances sur le sujet.
« Le coût économique de la malnutrition est bien trop élevé pour que nous puissions ignorer les pertes nutritionnelles dues aux pertes et gaspillages alimentaires« , insiste Akinwumi Adesina, membre du Global Panel et président de la Banque africaine pour le Développement.
1- Panel d’experts internationaux engagés sur les problématiques de sécurité alimentaire.
Source : Global Panel on Agriculture and Food Systems for Nutrition.
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