Colloque interministériel : « Antibiorésistance : enjeux et besoins en recherche et innovation »

Le colloque annuel interministériel (ministères en charge de l’Agriculture et de l’Alimentation, de la Santé, de la Transition écologique, et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche) s’est déroulé le 14 novembre et a abordé cette année les enjeux et besoins en recherche et innovation sur ce problème majeur de santé publique que représente l’antibiorésistance.
La résistance aux antibiotiques est un problème de santé publique mondiale qui pourrait entrainer 10 millions de décès par an dans le monde à l’horizon 2050 si rien n’est fait. Plusieurs leviers, et tout particulièrement, la recherche et l’innovation, doivent être renforcés pour limiter ce phénomène. Le développement de nouveaux produits et technologies innovantes pourraient y contribuer.
Une feuille de route ambitieuse pour la recherche
En ouverture du colloque, le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a affirmé que la recherche et l’innovation, « troisième volet de la feuille de route pour la maîtrise de l’antibiorésistance, sont majeures si on veut changer les pronostics établis quant à notre capacité à soigner les infections bactériennes à l’avenir ». Il a ensuite félicité les Alliances de recherche française pour le développement du programme stratégique de recherche, action n°20 de cette même feuille de route.
Le directeur général de l’Alimentation, Patrick Dehaumont, a poursuivi et mis en avant la nécessité de la recherche et l’innovation notamment dans le domaine de la zootechnie. Il a indiqué que l’ensemble des acteurs du secteur agricole, de l’enseignement et de la recherche sont largement mobilisés sur ces thématiques. Les mesures de biosécurité ou l’évolution de pratiques d’élevage constituent en effet des leviers déterminants dans la prévention des maladies et donc dans la réduction de l’usage des antibiotiques. Elles s’inscrivent pleinement dans la perspective de la transition agro-écologique et d’un modèle agricole durable alliant performances sanitaires, économiques et environnementales. Il a aussi rappelé les excellents résultats du premier plan Écoantibio en médecine vétérinaire qui a largement dépassé son objectif.
Quatre grands axes de recherche
Le colloque a été l’occasion de dévoiler et d’échanger sur les quatre grands axes du programme de recherche en cours de finalisation par les Alliances Aviesan, AllEnvi et Athena :
- l’émergence, la transmission et la dissémination de la résistance ;
- le développement de stratégies thérapeutiques et préventives innovantes ;
- l’innovation technologique ;
- l’amélioration des usages antibiotiques, des programmes de contrôle, de la mise en place de systèmes et la compréhension des enjeux sociaux et économiques.
Une lutte transdisciplinaire
La lutte contre l’antibiorésistance doit se faire de manière transdisciplinaire, et doit dépasser les barrières qui cloisonnent les territoires, les espèces ou encore les disciplines. Les enjeux de ce plan sont bien de structurer les réseaux de recherche et les observatoires afin de renforcer les efforts et d’assurer la coordination de la recherche entre les secteurs de la santé humaine, animale et de l’environnement sous le pilotage d’un conseil stratégique transdisciplinaire. L’ambition est également de maintenir la France comme leader mondial de l’innovation en matière de maîtrise de l’antibiorésistance. Les objectifs concrets sont, de développer d’ici 10 ans 2 ou 3 solutions innovantes issues de la recherche française, que ce soit dans le domaine thérapeutique, diagnostique ou préventif.
Pour soutenir ces efforts, la ministre en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, a annoncé le lancement d’un programme prioritaire de recherche doté de 40 millions d’euros, dédié à la lutte contre la résistance aux antibiotiques, coordonné par l’Inserm.
Les efforts consentis pour lutter contre l’antibiorésistance doivent être partagés dans une même optique « une seule planète, une seule santé ». Cette dimension est désormais illustrée par une nouvelle signature commune, dévoilée à l’occasion de cette semaine de sensibilisation à l’antibiorésistance (voir visuel en haut).
Source : Alim’Agri.
À voir aussi
-
Santé animale11 avril 2025
AMR-Env : un réseau français pour surveiller l’antibiorésistance environnementale
Le réseau émergent AMR-Env, initié dans le cadre du méta-réseau PROMISE, regroupe des unités de recherche françaises. Objectif : démontrer la faisabilité d'un système de surveillance de l'antibiorésistance dans l'environnement. Dans une interview, Thibault Stalder, microbiologiste au sein de l'UMR RESINFIT, partage les objectifs et les défis de ce réseau dédié à la lutte contre l'antibiorésistance… -
Santé animale11 avril 2025
Pénurie de vétérinaires en zones rurales : un défi pour les élevages bovins
Cet article du blog de veille du Centre d'études et de prospective (CEP) traite de l'accès des éleveurs bovins aux services vétérinaires en France. Il s'appuie sur une étude publiée en décembre 2024 dans la Review of Agricultural, Food and Environmental Studies, qui analyse les facteurs déterminant cet accès. L'étude constate que l'accès aux vétérinaires est… -
Santé animale11 avril 2025
Une approche territoriale pour des écosystèmes résilients
Les approches « Une seule santé » visent à promouvoir la santé humaine, animale et végétale au sein d'écosystèmes sains. Cependant, leur mise en œuvre reste complexe. C’est pourquoi des chercheurs du Cirad proposent une voie d’opérationnalisation, via le concept de « santé des socio-écosystèmes » prenant en compte la santé des territoires. Ce concept…