Le Parlement européen adopte des mesures pour lutter contre l’antibiorésistance

Fin octobre 2018, le Parlement européen a adopté un rapport visant à limiter l’utilisation des antibiotiques dans les élevages. Objectif : éviter la transmission de bactéries résistantes dans l’alimentation humaine.
Les médicaments vétérinaires ne doivent en aucun cas servir à améliorer la performance ou à compenser le non-respect de bonnes pratiques d’élevage, affirme la nouvelle législation. Celle-ci limiterait l’utilisation prophylactique (par mesure préventive, en l’absence de signes cliniques d’infection) aux animaux individuels (et non aux groupes d’animaux) et uniquement si cela est pleinement justifié par un vétérinaire, lorsqu’un risque élevé d’infection est avéré.
L’utilisation métaphylactique (par exemple pour traiter un groupe d’animaux dont l’un présente des signes d’infection) devrait être un dernier recours et n’être possible qu’après diagnostic et prescription des antimicrobiens par un vétérinaire.
Réserver les antibiotiques aux humains
Afin d’aider à lutter contre la résistante antimicrobienne, la législation donnerait à la Commission européenne le pouvoir de sélectionner les antimicrobiens qui devront être uniquement réservés aux traitements humains.
Importations : interdiction de l’utilisation d’antibiotiques comme facteurs de croissance
Comme demandé par les eurodéputés, le texte impose également que les denrées alimentaires importées respectent les normes de l’UE et que les antibiotiques ne soient pas utilisés pour favoriser la croissance des animaux.
Innovation
Afin d’encourager la recherche sur de nouveaux antibiotiques, la législation propose des incitations, notamment l’allongement des périodes de protection pour la documentation technique relative aux nouveaux médicaments, la protection commerciale pour les substances actives novatrices et la protection des investissements substantiels dans les données produites pour améliorer un produit antimicrobien existant ou pour le maintenir sur le marché.
L’accord avec les ministres de l’UE a été adopté par 583 voix pour, 16 contre et 20 abstentions.
Aliments médicamenteux pour animaux
Lors d’un vote distinct, les députés ont également adopté, par 583 voix pour, 31 contre et 6 abstentions, de nouvelles règles sur des manières plus responsables de produire, vendre et utiliser les aliments médicamenteux pour animaux afin de lutter contre la propagation de la résistante antimicrobienne.
« Il s’agit d’une avancée majeure pour la santé publique. Au-delà des éleveurs et des propriétaires d’animaux, l’utilisation des médicaments vétérinaires nous concerne tous, car elle a des conséquences directes sur notre environnement et notre alimentation, et donc sur notre santé. Grâce à cette législation, nous pourrons réduire la consommation d’antibiotiques dans les exploitations d’élevage, une source importante de résistance qui est ensuite transmise aux humains. La résistance aux antibiotiques est une véritable épée de Damoclès qui risque faire reculer notre système de soins de santé au Moyen-Âge« , a déclaré la rapporteure, Françoise Grossetête.
L’accord doit encore être adopté de façon formelle par le Conseil avant publication au Journal officiel.
Source : Parlement européen.
À voir aussi
-
Santé animale29 septembre 2025
Évaluer l’état de santé des chevaux : température et fréquences cardiaque et respiratoire
Pour assurer la santé de chevaux adultes, il est essentiel de bien connaître leurs signes vitaux au repos. Les valeurs normales se situent entre 36 et 38,5 °C pour la température, 25 et 40 battements par minute pour la fréquence cardiaque et 10 et 14 inspirations par minute pour la fréquence respiratoire. Un dépassement de ces… -
Santé animale29 septembre 2025
Bilan 2024 du dispositif OSCAR : les causes d’avortements chez les ruminants en France
Le dispositif OSCAR (Observatoire et suivi des causes d’avortements chez les ruminants) a recueilli en 2024 les données de 30 départements français, permettant d’analyser 1 910 séries abortives chez bovins, ovins et caprins. Les résultats révèlent que les causes infectieuses les plus fréquemment retrouvées varient selon l’espèce : la néosporose chez les bovins, la toxoplasmose chez… -
Santé animale29 septembre 2025
Grippe aviaire chez les animaux autres que les oiseaux : un nouveau guide européen sur la gestion du virus IAHP à potentiel zoonotique (TRADUCTION)
La Commission européenne a publié un document d'orientation visant à renforcer la prévention et la gestion du virus influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) avec un potentiel zoonotique. Ce document propose des actions concrètes à l'échelle européenne et nationale pour se préparer et réagir face à un cas d’IAHP chez les mammifères ou dans la chaîne…