Analyse des consommations alimentaires des Millennials américains
La revue Applied Economic Perspectives and Policy a publié, en mai 2018, un article sur les consommations alimentaires des Millennials américains, expression fréquemment utilisée pour désigner les personnes âgées de 18 à 35 ans. Ce groupe est devenu, selon le Bureau de recensement des États-Unis, le plus nombreux au plan démographique et, pour les industries alimentaires, une cible déterminante. De nombreuses publications lui sont consacrées, comme par exemple sur les goûts alimentaires (exemples d’un ouvrage et d’un articlescientifique).
Les auteurs estiment l’effet propre Millennial sur la part des revenus dépensée pour 17 catégories de produits alimentaires, en utilisant la méthode statistique des doubles différences et les données d’achat collectées par les enquêtes sur les dépenses de consommation (Bureau des statistiques du travail). Afin de ne pas confondre les effets « âge » et « époque », ils comparent, pour deux années (1980 et 2015), deux groupes d’âge : les 18-35 ans et les plus de 36 ans.
L’étude met en évidence des dépenses plus élevées des Millennials pour certains aliments : viande (bœuf, porc et volaille), œufs, céréales et fruits frais. Les jeunes de 2015 achètent plus de produits de ces catégories que ceux de 1980, ou que les plus de 36 ans de 2015. Selon les auteurs, ce tropisme pour la viande peut surprendre, vu la hausse du nombre de végétariens chez les jeunes. De plus, entre les deux années, on constate, pour les deux catégories, une augmentation du budget de l’alimentation hors domicile. Plus généralement, par rapport aux jeunes de 1980, ceux de 2015 consomment plus de protéines et de fruits frais, et moins de préparations industrielles et surgelées et de matières grasses, se rapprochant ainsi des recommandations nutritionnelles. Cet « effet Millennials » pourrait avoir des implications pour l’action publique à plus long terme, en particulier en matière de santé : les auteurs rappellent ici les résultats d’une autre étude, montrant que les maladies nutritionnelles chroniques affectent 50 % des Américains, avec un coût de l’obésité estimé à 150 milliards de dollars.
Enfin, parmi les limites de leur travail, les auteurs précisent que l’échantillon n’est pas parfaitement représentatif de la population des 18-35 ans, ce qui invite à d’autres recherchesnotamment sur les individus à faible revenu, en écho à un récent article sur l’insécurité alimentaire aux États-Unis.
Madeleine Lesage, Centre d’études et de prospective
À voir aussi
-
Conso et société26 avril 2024
Identification des freins à l’approvisionnement en produits locaux dans la restauration scolaire, exemple en Ile-de-France
Pour leur restauration scolaire, les collectivités territoriales cherchent de plus en plus à s’approvisionner en denrées alimentaires locales. Les résultats de cette étude basée sur des entretiens menés auprès de 6 collectivités d’Ile-de-France montre cependant que la motivation des acteurs se heurte à plusieurs freins : l’absence de définition officielle et partagée de ce qu’est un… -
Conso et société5 avril 2024
Un nouveau réseau thématique sur la commercialisation des produits carnés en circuits courts
Ces dernières années, certains éleveurs bovins, ovins ou caprins ont repris en main la commercialisation d’une partie de leurs animaux pour mieux maîtriser leurs prix de vente et renouer des liens avec les consommateurs. Le Réseau Thématique "Circuit de Promixité Produits Carnés" a pour objectif d'assurer la montée en compétences des conseillers du réseau INOSYS… -
Conso et société5 avril 2024
Un webinaire sur le travail en circuits courts à voir ou à revoir
Les exploitations commercialisant tout ou partie de leur production en circuit court contribuent à l’attractivité du métier d’agriculteur et à l’augmentation de la valeur ajoutée des exploitations. La question de l'organisation du travail reste néanmoins centrale pour garantir une activité durable socialement et économiquement. Le projet Casdar TRAC a étudié les trajectoires d'organisation du travail…