Comment une alimentation contenant moins de viande et de produits laitiers affecterait-t-elle les apports nutritionnels des enfants néerlandais ?

Une alimentation sans viande ni produits laitiers réduirait les apports en calcium, en zinc, en fer biodisponible, en vitamine B12 et en vitamine B1 des enfants néerlandais. Contexte : L’alimentation a un impact considérable sur l’environnement. Les alimentations contenant moins de viande et de produits laitiers, réduisent l’impact carbone mais peuvent poser des problèmes nutritionnels pour les enfants. Cette étude modélise l’impact des régimes avec peu ou pas de viande et de produits laitiers sur les apports nutritionnels des enfants. Méthodologie : Les apports énergétiques et nutritionnels des enfants ont été évalués pour des modes de consommation observés et pris pour référence et pour deux scénarios de remplacement à partir des données de la Dutch National Food Consumption Survey – Young Children (2005-2006). Dans les scénarios de remplacement, 30 % ou 100 % des produits laitiers et des viandes consommés (en grammes) ont été remplacés par des aliments végétaux avec un usage similaire. Les données de 1279 enfants de 2 à 6 ans ont été utilisées. Résultats : Les enfants consommaient en moyenne quotidiennement 35g de filet de poulet, 39 g de bœuf, 62 g de hamburger et 12 g de charcuterie. Le remplacement partiel ou total des viandes et des produits laitiers par des aliments d’origine végétale (produits à base de soja, viandes végétales et légumineuses) permet de réduire l’apport en acides gras saturés (AGS) respectivement de 9 % et 26 %. Il était de 11 à 12 % dans le scénario de référence. L’apport protéique était réduit de 3 à 8 % respectivement partant d’une base de 43 à 52g/jour dans le scénario de référence. Et la consommation de fibres est de 8 % et 29 % plus élevée par rapport aux apports de base de 12 à 14g/jour. Avec le remplacement partiel, les apports en micronutriments sont similaires, à l’exception d’une réduction de 23 % de l’apport en vitamine B12 (2.7 à 3 µg/jour à la base). Avec le remplacement total de viande et de produits laitier, les consommations moyennes de calcium, zinc et thiamine sont diminuées de 5 à 13 % et l’apport en vitamine B12 est diminué de 49 %, soit en deçà de leurs besoins. L’apport total de Fer est légèrement plus élevé (il passe de 7-8 mg/jour à 8-9 mg/j), mais est de plus faible biodisponibilité ; l’apport réel après absorption intestinale est donc plus faible. Avec le remplacement intégral, la proportion de filles âgées de 4 à 6 ans ayant un apport inférieur recommandations était de 15 % pour la thiamine, de 10 % pour la vitamine B12 et de 6 % pour le zinc. Conclusion : Le remplacement partiel de la viande et des produits laitiers par des aliments d’origine végétale peut sembler bénéfique pour la santé des enfants car il abaisse leurs apports en AGS, augmente la teneur en fibres et maintien les mêmes apports en micronutriments. Toutefois cela est à nuancer car chez les enfants de 4-6 ans les apports en AGS sont en deçà des limites recommandées et n’ont pas besoin d’être diminués d’autant que les apports en calcium sont eux inférieurs aux recommandations et devraient être augmentés. De plus, la différence de biodisponibilité pour le fer ou le zinc par exemple n’est pas prise en considération dans ces différences potentielles de couverture des besoins. Lorsque des remplacements sont totaux, une attention particulière est recommandée pour garantir des apports adéquats en thiamine (vit B1), vitamine B12, fer et zinc en particulier chez les filles. Il faudrait donc dans ce cas recourir à des aliments enrichis en ces micronutriments ou à des compléments alimentaires pour couvrir les besoins nutritionnels des enfants. Source : How may a shift towards a more sustainable food consumption pattern affect nutrient intakes of Dutch children ? Temme EH, Bakker HM, Seves SM, Verkaik-Kloosterman J, Dekkers AL, van Raaij JM, Ocké MC. Public Health Nutr. 2015 Sep;18(13):2468-78.
À voir aussi
-
Composition et apports nutritionnels2 octobre 2025Une analyse des données NHANES III réfute un lien de causalité entre consommation de protéines animales et mortalité (TRADUCTION)
Une nouvelle analyse des données NHANES III portant sur près de 16 000 adultes américains suivis pendant 12 ans remet en question les allégations sur la dangerosité des protéines animales. Contrairement à certaines études antérieures qui associaient la consommation de protéines animales à une augmentation de la mortalité, cette recherche ne trouve aucun lien néfaste… -
Composition et apports nutritionnels2 octobre 2025Une méta-analyse fait le point sur l’impact de la consommation de viande rouge sur le statut en fer (TRADUCTION)
La carence en fer est un problème de santé publique mondial. Face à ce constat, la consommation de viande rouge est souvent citée comme une solution efficace. Pour vérifier cette hypothèse, une revue systématique de la littérature et une méta-analyse ont été menées, évaluant près de 5 000 études. Ces travaux ont examiné l'impact d'une… -
Composition et apports nutritionnels2 octobre 2025La viande de bœuf élevé à l’herbe : un atout pour la santé et la qualité
L’élevage à l’herbe pourrait constituer une réponse naturelle pour optimiser la qualité de la viande rouge. Riche en oméga-3, en vitamine E, en caroténoïdes et en polyphénols, l’herbe, complétée par une gestion attentive du bien-être animal, apparaît comme une stratégie efficace pour limiter la lipoperoxydation des graisses, améliorer la qualité nutritionnelle de la viande et…