Pâturage régénératif : un levier pour restaurer la santé des sols et renforcer la durabilité des écosystèmes (TRADUCTION)
La santé des sols conditionne la productivité agricole et la résilience des écosystèmes, en particulier face aux défis d’une population mondiale croissante. Cette étude analyse l’effet des écorégions, de la saisonnalité et des modes de gestion du pâturage sur la qualité et la productivité des sols. Les résultats montrent que le pâturage régénératif favorise une activité biologique plus intense, une meilleure productivité fourragère et une augmentation du carbone organique, contrastant avec les effets dégradants du pâturage continu.
La santé des sols est essentielle à la santé des écosystèmes et à la productivité agricole, en particulier dans le contexte d’une population mondiale croissante. Les systèmes de pâturage jouent un rôle significatif dans la santé des sols à travers des interactions complexes influencées par le type de sol, le climat, la végétation et les pratiques de gestion. Cette étude examine les relations entre les écorégions, la gestion du pâturage et les saisons sur la santé et la productivité du sol.
Variables mesurées et zones étudiées
Une analyse multifactorielle a été réalisée pour évaluer les paramètres de santé du sol, incluant le carbone total, le carbone organique, l’azote, la respiration du sol, le carbone de la biomasse microbienne, la matière organique, la conductivité électrique, le pH, la température, l’humidité, la densité apparente, ainsi que des indicateurs de productivité herbagère (biomasse de fumier, biomasse fourragère, pourcentage de matière sèche). Ces variables ont été évaluées dans trois écorégions (aride/semi-aride, tempérée et chaude), deux saisons (sèche et humide) et deux systèmes de pâturage contrastés (continu et régénératif).
Deux approches contrastées du pâturage
Le pâturage continu se caractérise par la liberté accordée au bétail de se déplacer sur le pâturage sans rotation régulière, une pratique souvent associée au surpâturage et à la dégradation des sols. En revanche, le pâturage régénératif se caractérise par un taux de charge élevé, des temps d’occupation des parcelles courts, des rotations rapides entre les parcelles, des périodes de repos prolongées pour la récupération des pâturages et une intensité de pâturage élevée pendant l’occupation. Cette approche favorise la récupération des pâturages, améliore la santé des sols et renforce la résilience globale des écosystèmes.
Saisonnalité et gestion, facteurs clés de la santé des sols
Les résultats ont révélé que la saisonnalité, ainsi que la gestion du pâturage, apparaissent comme les facteurs les plus influents sur les paramètres de santé du sol. Les régions tempérée et chaude ont présenté des valeurs de carbone plus élevées que la région aride/semi-aride, tandis que le carbone organique total était le plus élevé dans la région chaude, surpassant à la fois les écorégions tempérées et arides/semi-arides.
Le rôle central de la respiration du sol
De plus, la gestion du pâturage régénératif stimule une activité biologique du sol plus importante que le pâturage continu. Le pâturage régénératif a également été déterminant pour améliorer la productivité fourragère et augmenter la matière organique et l’activité microbienne du sol, améliorant ainsi la santé globale du sol. Parmi les paramètres biologiques, la respiration du sol est apparue comme un déterminant clé de la santé du sol sur l’ensemble des sites étudiés, soulignant son importance dans l’évaluation de la fonctionnalité et de la durabilité des écosystèmes.
Cette recherche fournit des informations précieuses pour promouvoir des pratiques de pâturage responsables, améliorer la productivité des prairies et favoriser la durabilité socio-écosystémique.
Référence : Manuel Alejandro Meléndez-Aldana, Dulce Flores-Rentería, Francisco Javier Padilla Ramírez, Francisco Martín Huerta-Martínez, Eduardo Salcedo-Pérez, Assessing soil health under contrasting livestock grazing management systems and environmental conditions, Agriculture, Ecosystems & Environment, Volume 393, 2025, 109862, ISSN 0167-8809.
À voir aussi
-
Environnement2 octobre 2025
Le continuum sol-plante-animal-homme : une alimentation plus saine grâce aux prairies (TRADUCTION)
Face aux préoccupations croissantes sur l’impact environnemental et sanitaire de la viande bovine, une équipe de chercheurs a comparé les systèmes de finition à l’herbe et aux grains dans le sud des États-Unis. Résultat : les pâturages présentent des sols plus riches en matière organique et minéraux, des plantes chargées en antioxydants, et une viande… -
Environnement2 octobre 2025
Systèmes intégrés cultures–bétail–forêt : un levier pour améliorer la stabilité des sols et le stockage du carbone au Brésil (TRADUCTION)
En comparant sur le long terme différents modes d’usage des terres au Brésil, cette étude met en évidence le rôle clé des systèmes d’intégration cultures–bétail–forêt (SICBF) dans la séquestration du carbone organique du sol (COS) et la formation de macro-agrégats stables. Les résultats montrent que les SICBF, en rotation pâturée ou cultivée, offrent un potentiel… -
Environnement2 octobre 2025
Quels fourrages alpins pour les étés secs de demain ?
À plus de 1 000 m d’altitude dans les Alpes bernoises, Agroscope, l’organisme fédéral suisse de recherche agronomique, teste depuis 2023 divers mélanges fourragers intégrant des espèces résistantes à la sécheresse en simulant les conditions extrêmes prévues pour 2060. Installés sous des tunnels expérimentaux, ces mélanges affrontent une absence de précipitations pendant des semaines, puis…